Évolution de l’Armée Algérienne !

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Laurence Aïda Ammour[1]

1. ORGANISATION DES FORCES

Au Maghreb, l’Algérie est la première puissance militaire en termes de forces, d’équipements et de capacités. Les effectifs des forces armées sont les suivants :
– Armée de terre (Armée nationale populaire, ANP) : de loin le corps le plus important avec 147 000 hommes[2], dont 80 000 conscrits effectuant un service militaire de 18 mois (6 mois d’entraînement de base et 12 mois dans des projets civils), mais sans expertise militaire[3]. L’ANP compte également 150 000 réservistes de moins de 50 ans.
– Forces aériennes : 14 000 hommes et 15 bases aériennes
– Marine : 6 000 hommes
– Forces paramilitaires : 1 200 gardes républicains, 20 000 gendarmes, 16 000 membres des forces de sécurité nationale. Le nombre des forces auxiliaires (Brigades de légitime défense et gardes communaux), créées durant la guerre civile, est estimé à environ 150 000 civils.
– Front Polisario : entre 6 000 et 15 000 hommes[4].

Carte des régions militaires avant la révision de la structure territoriale de défense
(1- Blida; 2- Oran; 3- Béchar; 4- Ouargla; 5- Constantine; 6- Tamanrasset)

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_nationale_populaire_(Algérie)

2. DOCTRINE DE DÉFENSE

Après la prise d’otages sur le site gazier de Tiguentourine (In Amenas), les autorités militaires algériennes avaient déclaré avoir pris les décisions adaptées à la situation et en conformité avec la fermeté que l’Algérie prône envers les terroristes, une position qui remonte aux années 90.

Cette conclusion faisait suite à une déclaration controversée du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, à l’Associated Press en janvier 2013 : « Les forces de sécurité algériennes ont commis des erreurs dans la prise d’otages du site d’In Amenas. (…) l’Algérie évalue actuellement ses erreurs (…). Il sera probablement nécessaire et pour l’Algérie et pour les compagnies opérant en Algérie, de réviser les accords de sécurité en vue de les renforcer et de les ajuster[5] ». De son côté, le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, confirmait que les autorités algériennes « conduiraient une révision des dispositifs de sécurité dans les installations énergétiques» et que « l’Algérie a les moyens nécessaires de les sécuriser[6]».

Les liens étroits de l’Algérie avec les conseillers européens et américains, ainsi que les exercices conjoints avec l’OTAN depuis les années 2000, ont quelque peu ébranlé la conception soviétique de l’action militaire en vigueur, qui est la base de la formation de nombreux hauts gradés, d’autant que le contre-terrorisme est devenu l’une des missions les plus importantes des forces armées.
Pour autant, la doctrine stratégique d’Alger reste un élément central de sa posture militaire : elle interdit à l’Armée nationale populaire (ANP) de prendre part à toute action militaire en dehors du territoire national. Alger a toujours invoqué ce principe pour justifier que ses forces armées ne soient jamais intervenues au Mali afin d’éradiquer AQMI, même lorsqu’elle y était fortement invitée par ses voisins sahéliens, le Niger notamment.
Coopération internationale

En termes de coopération régionale et internationale, l’Algérie reste très active, et est engagée dans de nombreuses initiatives dans le domaine du contre-terrorisme, ainsi que dans l’aide à ses voisins sahéliens.

– Le principe de non-intervention n’a, par exemple, pas empêché les forces spéciales algériennes de fournir une aide logistique et un entraînement aux militaires maliens dans la région de Kidal, en décembre 2011, juste avant que le conflit n’éclate dans l’Azawad, et que les instructeurs algériens ne se retirent. L’Algérie a également régulièrement entraîné des éléments de l’armée et de la police maliennes sur plusieurs bases de la région de Tamanrasset[7].

– Le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC) regroupant l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, établi à Tamanrasset le 21 avril 2010, souffre malheureusement d’un manque de consensus interne. Certains pays désapprouvent l’absence du Maroc, de la Libye et du Tchad. La question du Sahara occidental et la fermeture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc depuis 1994, qui restent au coeur des relations entre Alger et Rabat, continuent de gréver la coopération de sécurité en Afrique du Nord et au Sahara-Sahel.

– L’Algérie est aussi partie prenante de la Brigade nord-africaine d’intervention rapide, l’une des cinq brigades régionales de l’Union africaine pour les opérations de stabilisation et de maintien de la paix sur le continent africain.

– En 2000, l’Algérie a adhéré au Dialogue méditerranéen de l’OTAN et participe, en tant que telle, à plusieurs exercices conjoints. En 2006, elle a été le premier pays de la région participant à l’opération Active Endeavour. Cependant, depuis l’intervention de l’OTAN en Libye, lancée sans consultation préalable de l’Algérie, les relations se sont refroidies.

– L’Algérie fait également partie de l’initiative américaine dite Transsaharan Counter-Terrorism Initiative, mais sans participer aux entraînements annuels Fintlock de l’AFRICOM.

– Elle est aussi l’un des membres fondateurs du Forum de Contre-Terrorisme Global (Global Counter-Terrorism Forum) lancé à New York en septembre 2011. En février 2013, la ville d’Oran a accueilli plus de 100 experts du contre-terrorisme venus de 30 pays, une réunion internationale ayant pour objectif de définir des stratégies et des programmes spécifiques de lutte contre l’expansion des groupes d’Al-Qaïda et autres mouvements extrémistes violents opérant au Sahel.
La coopération la plus active avec les Etats-Unis concerne le domaine maritime.

– En 2012, avec sept autres pays d’Afrique du Nord, l’Algérie a participé au huitième exercice maritime Phoenix Express, destiné à améliorer la coopération entre pays et à accroître la sûreté et la sécurité en Méditerranée. L’exercice qui comprend formation et partage d’informations, inclue des activités pratiques telles que : recherches et secours, embarquement, communication, et gestion de l’information. Les séminaires portent sur la sécurité à bord, le contrôle des dommages, la lutte contre les incendies, le matelotage, la navigation, les opérations menées sur de petits vaisseaux, et le leadership.

– En mai 2012, les forces navales algériennes ont enfin participé à l’opération multinationale d’interdiction maritime – l’un des volets de Phoenix Express 2012 – qui s’est déroulée au centre de l’OTAN de la baie de Souda (Crète), ciblée sur la contre-piraterie et la sécurisation des mers.

3. EVOLUTIONS RECENTES DES FORCES ARMEES

Durant la «décennie noire», le gouvernement s’est appuyé essentiellement sur les forces paramilitaires et de sécurité, au détriment de l’armée régulière. « En juillet 1992, le général-major Khaled Nezzar, ministre de la Défense, charge le général Mohamed Lamari de mettre en place une nouvelle structure de lutte contre le terrorisme: le Centre de conduite et de coordination des actions de lutte anti-subversive (CCC/ALAS, ou, en abrégé, CLAS), qui deviendra opérationnel en septembre 1992. Son état-major s’installera au siège du commandement des forces terrestres, à Aïn-Naâdja.

Cette structure réunira les unités spéciales de l’ANP et des éléments du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), les services spéciaux algériens. Lors de sa création, le CLAS regroupait trois régiments parachutistes (les 4e, 12e et 18e RPC), un bataillon de police militaire (le 90e BPM) et un régiment de reconnaissance (le 25e RR). Au total, guère plus de 5 000 hommes. Mais ses effectifs vont progressivement augmenter, notamment par l’intégration, partir de 1995, de quatre nouvelles unités spéciales: les 1er et 5e RPC et les 85e et 93e BPM.

Parallèlement, des éléments du Groupement d’intervention rapide (GIR) de la gendarmerie et de la Direction centrale de la sûreté aux Armées (DCSA) participeront également aux opérations du CLAS. Aujourd’hui, ce commandement compterait près de 12 000 hommes, disposant d’un excellent armement et d’un équipement moderne. En mars 1993, l’organisation territoriale du CLAS est restructurée, avec la création de «secteurs opérationnels» couvrant plusieurs wilayas. Chacun d’entre eux chapeautait localement: la police (Sûreté), la gendarmerie, des unités de l’armée de terre et parfois des milices. Tous les organes de sécurité devaient se plier aux ordres du CLAS, lequel travaillait étroitement avec ceux du DRS[8]».
Réforme du service militaire

En mars 2011, le président A. Bouteflika annonçait la réforme du service militaire. Dès lors, les hommes âgés de plus de 30 ans étaient exemptés de cette obligation et pouvaient aisément se faire régulariser[9]. Cette mesure est intervenue un mois après la levée de l’état d’urgence, instauré 19 ans plus tôt, et était fortement réclamée par la société civile et certains partis d’opposition. Elle s’inscrit aussi dans le contexte de réformes politiques et sociales lancées pour contenir tout risque de contagion des soulèvements arabes en Algérie. Avantagées par la confortable assise financière du pays, les autorités algériennes avaient alors pris des mesures d’urgence s’apparentant à une forme de corruption sociale, dans la mesure où elles ne se sont pas accompagnées des réformes structurelles nécessaires[10].
Réévaluation des soldes

En juin 2012, le gouvernement avait décrété une augmentation de 40% de la solde des personnels militaires, avec effet rétroactif sur trois ans. En novembre de la même année, le ministre en charge des Relations avec le Parlement annonçait une réévaluation des retraites des militaires, cherchant par là à désamorcer le mécontentement qui régnait au sein des forces armées après l’augmentation accordée aux policiers et aux douaniers un an plus tôt.
Réorganisation territoriale

En juillet 2012, dans le contexte de l’après printemps arabe, une révision de l’organisation de la défense territoriale, a été décidée.

Elle consiste en la création de deux nouvelles régions militaires:
– l’une associée à la 4e région (Ouargla), qui abrite les champs pétrolifères de Hassi Messaoud, et où une caserne de gendarmerie avait été ciblée par un attentat-suicide en juin 2012 ;

– l’autre associée à la vaste 6e région sous-équipée (Tamanrasset) qui abrite le Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), où une attaque contre une caserne de gendarmerie avait été perpétrée en mars 2012.
Leurs missions principales comportent le contrôle des frontières grâce à un système de surveillance électronique qui est en discussion commerciale avec plusieurs partenaires internationaux, et la sécurisation des champs gaziers et pétroliers sous Commandements autonomes.Tirant les leçons de l’attaque d’In Amenas, en juillet 2013 les autorités militaires ont décidé la création d’une 7e région militaires dont le quartier général sera établi dans la ville de Illizi, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne, afin de mettre en place un maillage plus fin du territoire saharien, et prévoyant:

– le déploiement d’un plus grand nombre de forces le long des frontières ouest et sud, où 30 000 hommes sont déjà positionnés;

– la construction de nouvelles installations et bases pour les forces sécurité, à proximité des champs pétroliers et gaziers de Hassi Messaoud (province de Ouargla), Tin Fouyé Tabankort de In Amenas (province d’Illizi), et Adrar.
Sécurisation des frontières

Depuis le printemps 2013, la région frontalière algéro-tunisienne du Djebel ech Chaambi est en proie aux attaques de groupes terroristes tunisiens qui menacent la sécurité des deux pays. Aussi, les autorités algériennes et tunisiennes ont décidé de joindre leurs efforts pour neutraliser ces groupes, en établissant un plan opérationnel coordonné de sécurité qui prévoit la création d’un comité de coopération militaire pour le partage de renseignements, tant sur les groupes armés que sur les réseaux criminels.

Depuis mai 2013, 80 points de contrôle ont été installés sur les 956 kilomètres de frontières communes, 20 zones militaires fermées ont été créées, et 60 000 hommes déployés depuis mai 2013. La coopération entre les deux pays est appelée à se renforcer du fait de l’aggravation de la situation dans cette région, en particulier après la mort de huit soldats tunisiens le 31 juillet 2013.

Dès 2011, l’Algérie avait défensivement positionné 7 000 gendarmes des GGF (Gendarmerie garde-frontières) sur la frontière avec la Libye, et 20 000 hommes dans les 4e et 6e régions militaires (respectivement Ouargla et Tamanrasset).
En 2012, sur les frontières libyenne, malienne et nigérienne, 30 nouvelles bases de Gendarmerie avaient été installées, ainsi qu’une base aérienne dont la fonction était de permettre une couverture plus efficace des zones désertiques transfrontalières. En outre, 3 000 hommes avaient été dépêchés sur les bases aériennes déjà existantes pour servir de forces d’intervention transportables via hélicoptère et/ou aéronefs militaires[11].

L’Algérie a également mis en place une salle d’opération pour coordonner les actions entre officiers algériens et leurs homologues étrangers du renseignement. Par ailleurs, en accord avec ses voisins sahéliens, l’Algérie avait décidé de soutenir et d’armer des milices arabes nomades opérant dans le nord du Mali et du Niger.

Enfin, le pays souhaite se doter d’un système de surveillance électronique, équipé de radars et de systèmes d’alarme capables de détecter les tentatives d’infiltration du territoire par les véhicules ou les personnes. Ce dispositif de surveillance devrait être accompagné d’une surveillance aérienne intensive en appui, et les patrouilles au sol devraient être épaulées par les troupes spéciales du contre-terrorisme déjà présentes dans les zones concernées.
Multiplication des exercices et des entraînements bilatéraux

La multiplication des exercices d’entraînement et des sessions de formation dans le domaine du contre-terrorisme vies à fournir les compétences indispensables aux opérations conjointes et à l’intéropérabilité et à renforcer les capacités professionnelles des forces dans la lutte contre-insurrectionnelle.

L’assistance bilatérale américaine dans ce domaine est d’ores et déjà conséquente, en particulier à travers deux programmes dont les contenus et les montants pour 2013 sont les suivants:
– Non proliferation, Antiterrorism, Demining, and Related Programs (NADR) : 1 800 000 dollars ;
 International Military Education and Training (IMET): 1 150 000 dollars.
En outre, depuis la fin des années 2000, environ 400 instructeurs américains se chargent de l’entraînement des troupes d’élite algériennes dans la région de Tamanrasset[12].
Image des armées dans le pays

De manière générale, l’armée conserve une bonne image, malgré les difficultés croissantes de recrutement, en particulier après la guerre civile durant laquelle beaucoup de soldats et de civils ont perdu la vie. Dans un contexte où le chômage des jeunes est particulièrement élevé (le taux global est de 10,2%, alors qu’il atteint 24,3% pour les 15-24 ans), les jeunes sans formation voient l’engagement dans l’armée comme une opportunité professionnelle avantageuse qui offre certains privilèges: un emploi stable mais aussi un logement garanti, même si les salaires ne sont pas parmi les plus élevés.

4. BUDGET DE DEFENSE

Au Maghreb, l’Algérie est leader sur le plan de l’effort de défense, avec 54% du total des dépenses militaires régionales[13]. En 2012, Alger a accru celles-ci de 5,2%, et leur progression atteint 189% pour la période 2003-2012[14].

Tableau 1: Dépenses militaires de l’Algérie, 2003-2012

Années

En dollars courants (millions)
En dollars constants (millions)
[2011 année de base]

 

Années

 

En dollars courants (millions)

En dollars constants (millions)

[2011 année de base]

 

Pourcentage du PIB

2003

2 206

3 152

3,3

2004

2 802

3 585

3,3

2005

2 925

3 753

2,8

2006

3 094

3 847

2,6

2007

3 946

4 514

2,9

2008

5 172

5 259

3

2009

5 281

5 712

3,8

2010

5 671

6 045

3,5

2011

8 652

8 652

4,4

2012

9 325

9 104

4,5

Source : SIPRI portal.sipri.org/pyblications/pages/expenditures/country-search

Source : SIPRI portal.sipri.org/pyblications/pages/expenditures/country-search

La comparaison de quelques postes budgétaires, montre que, sur les quatre dernières années, la part allouée au budget de Défense en Algérie est non seulement en hausse constante mais reste la plus élevée.

Tableau 2: Evolution de la part allouée au poste Défense
par rapport à d’autres postes budgétaires, 2010-2013 (%)

Postes budgétaires

Année fiscale 2010

Année fiscale 2011

Année fiscale 2012

Année fiscale 2013

Défense

14,8

15,04

15,69

19,04

Intérieur

13,6

12,21

13,5

13,06

Affaires étrangères

1

0,8

0,6

0,7

Education

13,7

16,5

11,81

14,49

Santé

6,8

6,63

8,71

7,07

Enseignement supérieur

6,11

6,19

6,01

6,1

L’accroissement significatif des dépenses de défense et du volume des acquisitions de matériel militaire (en particulier depuis 2011, année des soulèvements arabes), vise essentiellement la modernisation et la professionnalisation des forces armées, à travers le remplacement des équipements russes devenus obsolètes, et la mise en œuvre de programmes ciblés de formation et d’entraînement des forces.

Cette hausse tient à la fois à des causes structurelles et conjoncturelles :
– le rôle central des militaires dans les processus de prise de décision en matière de politique intérieure et de diplomatie ;

– la paix froide avec le Maroc, qui a impulsée une course aux armements sans fin, avec pour corollaire, une réactivité des commandes en fonction de l’évolution des capacités du voisin ;

– le conflit malien et l’instabilité persistante en Libye et en Tunisie, qui ont mis en alerte le gouvernement sur un possible effet de contagion des troubles en Algérie ;

– la survivance de foyers actifs du terrorisme dans les zones montagneuses de Kabylie,- et le long des frontières ouest (Libye) et sud (Mali), qui ont conduit les militaires algériens à se recentrer sur les équipements et les systèmes de défenses destinés à la lutte contre-terroriste;

– l’attaque contre le site gazier de In Amenas en janvier 2013, qui a convaincu les autorités de la nécessité de renforcer la sécurisation du territoire national.

Budget de défense 2013

Pour l’année fiscale 2013, suite à la requête expresse du ministère de la Défense, la loi de finance 2012 octroie un montant total de 10,3 milliards de dollars au secteur de défense, en vue de la modernisation et de la mise à niveau des équipements[15]. Ce montant représente un accroissement de 14,2% par rapport à l’année précédente et vise l’achat de nouveaux équipements pour l’armée, l’aviation et la marine.

L’augmentation des soldes et la prise en charge par le ministère de la Défense de corps supplémentaires et de nouvelles missions, auparavant confiés à d’autres entités, expliquent le montant alloué à la défense:

– un décret de juin 2011 stipule que toutes les forces chargées du contre-terrorisme passent sous tutelle du ministère de la Défense, y compris les unités auxiliaires (brigades d’auto-défense et gardes communaux) jusqu’alors de la compétence du ministère de l’Intérieur;

– par décision ministérielle de juillet 2013, la lutte contre le trafic de drogue devient priorité nationale et passe sous le contrôle exclusif la direction du ministère de la Défense, qui devra agir en coordination avec les corps traditionnellement chargés de cette mission, à savoir les brigades spécialisées de la Gendarmerie nationale (1 300 hommes), 28 Divisions de recherche, et les patrouilles des douanes et des frontières (2 000 hommes), en particulier sur la frontière avec le Maroc[16].

5. INDUSTRIE DE DEFENSE ET ACHATS D’ARMEMENTS

En Afrique, l’Algérie a supplanté l’Afrique du Sud – avec 43% des importations contre 18% – comme principal acheteur d’armements, offrant aux fournisseurs étrangers le plus grand et le plus dynamique marché de défense du continent[17]. Au niveau mondial, l’Algérie est passée du 24e rang, en 2011, au 7e rang, en 2013, des importateurs d’armements conventionnels[18]. Ainsi, le volume des livraisons d’armement vers l’Algérie a connu un accroissement de 277% entre 2003 et 2007[19].

Situation de l’industrie d’armement nationale

Aujourd’hui, l’industrie de défense algérienne est encore de faible taille et reste non concurrentielle. En 2012, elle est évaluée à 9,4 milliards de dollars. Son taux de croissance annuel moyen (TCAM), estimé à 6,2% pour la période 2013-2018, devrait atteindre 13,6 milliards de dollars d’ici 2017[20].

Jusqu’à présent, l’industrie de défense algérienne se limitait à des licences portant sur des matériels légers russes et chinois (fusils d’assaut et lance-roquettes). Désormais, l’Algérie cible les pays ayant une croissance industrielle et militaire forte capables d’induire la création d’emplois stimulant l’économie de défense locale, et les transferts de technologie aptes à rendre ce secteur plus compétitif sur les marchés internationaux.

En conséquence, la collaboration de l’industrie de défense algérienne avec plusieurs pays connaît une impulsion sans précédent. L’Algérie s’est en effet engagée dans des partenariats industriels, commerciaux, et technologiques toujours plus diversifiés.
Plusieurs accords de compensation et contrats ont été signés entre des entreprises de défense étatiques algériennes et des sociétés internationales:
– en mars 2011, une joint venture avec Aabar Investments Fund (Emirats arabes unis) et les allemands Daimler, Deutsch AG et MTU Friedrischshafen, pour la mise en service de trois usines de véhicules industriels destinés aux unités de l’ANP de Rouiba ;

– en novembre 2011, une joint-venture avec le serbe Yugoimport pour la construction de trois usines de production d’armes individuelles et de munitions, pour un montant total de 400 millions de dollars ;

– en juillet 2012, une joint-venture entre la société du ministère de la défense Groupement pour la promotion de l’industrie mécanique (EPIC-GPIM) et le Groupe Tawazun (Emirats arabes unis) pour la création d’une société mixte (Nimr-Algérie SPA) à Khenchela, fabriquant des véhicules blindés et des fusils automatiques;

– en septembre 2012, une joint-venture entre la société nationale algérienne de véhicules industriels (SNVI) et Mercedes-Benz pour des véhicules de transport qui devraient sortir des usines de Rouiba et Tiaret en 2014 ;

– alors que le véhicule WZ-551 chinois est déjà en service au sein des forces armées algériennes, une joint-venture avec Norinco pour l’assemblage de chars anti-mines dans l’usine de Khemis-Miliana est imminente.
Politique d’achat d’armements

Toujours confrontées à la menace d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et des autres groupes de l’extrémisme violents, les forces armées algériennes ont du repenser leur politique d’acquisition d’armements selon quatre axes.

– Le partenariat stratégique avec la Russie. Malgré le nombre croissant d’entreprise étrangères engagées dans l’industrie de défense algérienne, la Russie reste toutefois le partenaire principal de l’Algérie. En effet, l’Algérie est le 8e acheteur mondial d’armement russe et représente pour la Russie 13% de ses ventes d’armes[21].
Parmi les récents accords entre les deux pays, citons:

– la vente de 44 avions de chasse Su-30MKA, de 2 sous-marins Project-636, 3 S-300PMU-2 (SA-20B) systèmes de missiles surface-air de longue portée (SAM), de cent 85 chars T-90S, ainsi que des systèmes de défense aérienne de type S-300 PMU2;

– en 2011, un contrat avec United Shipbuilding Corporation et Rosoboronexport a été passé pour la livraison de 2 corvettes de classe Tiger;

– en 2012, 36 avions de chasse Strike Yak 130 ont été commandés mais non encore livrés[22].

– La diversification des fournisseurs. La Russie a certes traditionnellement dominé l’acquisition d’équipements conventionnels, mais l’ouverture du marché algérien à d’autres fournisseurs est appelée à se poursuivre, soit à travers des partenariats, soit à travers des joint-ventures avec les entreprises d’Etat algériennes.
En termes d’acquisitions directes, depuis quelques années, l’Algérie a également diversifié les sources de matériel militaire et entamé la mise à niveau de ses forces armées par l’achat de nouveaux systèmes d’armes :

– avec les Etats-Unis : véhicules tout terrain, un système de surveillance radar des frontières de chez Northrop Grumman, 8 avions de transport Lockheed C-130, et un système de contrôle aérien de communication de chez Harris. Les services de renseignements américains envisagent également de fournir à l’Algérie un satellite d’observation militaire de chez Exelis (ITT Corporation), pour contrôler les activités des groupes terroristes au Sahel[23];

– avec l’Allemagne: deux frégates ThyssenKrupp Marine Systems, six hélicoptères anti-sous-marins Agusta Westland (mars 2012) et 54 véhicules militaires Fuchs. Le contrat comprend la formation des officiers algériens par la marine allemande (2013-2017), ainsi que la fourniture d’équipements électroniques aux gardes-côtes.

– avec l’Italie: en 2011, l’Algérie a passé commande d’une plateforme navale de débarquement à Horizon Naval Systemi Navali (une joint-venture entre Fincantieri et Selex Sistemi Integrati) pour le transport des troupes et des véhicules, équipée d’une péniche de débarquement avec bassin et pont d’atterrissage pour les hélicoptères. Dans le domaine du soutien civil, l’acquisition de remorqueurs de sauvetage en haute mer va permettre pour la première fois à un pays africain d’épauler les opérateurs économiques et commerciaux en Méditerranée occidentale. La modernisation de la flotte vise à renforcer la surveillance de l’espace maritime algérien (en particulier les migrations illégales), la protection des côtes (1 600 km), et à concurrencer le développement de la marine marocaine.

– avec la Suède : en vue du remplacement de 34 Mig-29, le ministère de la Défense est en pourparlers avec le fabriquant d’avions de combat Gripen. C’est Saab Bofors Dynamics qui a par ailleurs équipé les 2 frégates allemandes de missiles anti-navires ;

– avec l’Espagne: la rénovation et l’armement de 2 vieilles frégates par Navantia est en cours;

– avec la Chine: acquisition de 3 frégates F-22A.

– La mise en place d’une politique d’accords de compensation (Offset Agreements) en matière de défense, capable d’attirer des compagnies internationales afin d’augmenter les capacités intérieures de fabrication de matériels d’armement. Dans cette perspective, le pays a entamé des pourparlers avec le Directorat du Conseil de coopération du Golfe avec lequel il souhaite établir des programmes de compensation formalisés.

Cependant, les politiques de compensation, en particulier en matière de défense, sont réputées présenter un risque élevé de corruption politique dans les pays où elle est déjà monnaie courante, et où l’industrie de défense se caractérise par l’absence de transparence des appels d’offre. Bien que la loi de prévention de la corruption de 2006 appelle à évaluer les dépenses engagées dans les accords de compensation, aucun élément ne permet de certifier que celles-ci sont effectivement contrôlées.

Compte-tenu du montant particulièrement élevé des transferts financiers en jeu dans les accords de compensation, la confidentialité et l’opacité qui entourent l’allocation et les dépenses des budgets de défense exacerbent fortement les risques de corruption. L’influence notable des hauts gradés de la défense et du secteur de la sécurité empêche tout examen des transactions. De même, la mainmise des militaires sur de nombreuses entreprises commerciales privées, bloque toute possibilité de vérification et de transparence.

L’Organisme national de prévention et de lutte contre la corruption, et l’inspection générale des finances sont tous deux trop faibles pour assumer cette responsabilité. Aucune institution anti-corruption n’est en mesure de cibler spécifiquement le secteur de la défense, et l’institution suprême d’audit national n’a que des attributions limitées pour pouvoir prétendre à un audit des institutions de défense.

– La priorité aux transferts de technologie, pour l’acquisition d’équipements plus adaptés aux nouvelles missions des forces de sécurité, comme par exemple les systèmes de surveillance électronique des frontières. L’Algérie est ainsi appelée à acquérir des systèmes C4ISR, de nouveaux drones d’attaque UAV (Unmanned Aerial Vehicles[24]), de l’équipement de surveillance au sol, des sous-marins, des navires amphibies, des infrastructures d’arsenaux navals, des avions de chasse et les systèmes associés, des véhicules blindés et des hélicoptères de combat[25].

Fin 2012, l’Algérie a déjà lancé un appel d’offre pour l’acquisition, le développement et la mise en activité d’un système de surveillance sophistiqué de ses frontières. Cette acquisition qui avait déjà été planifiée en 2006 pour améliorer la surveillance des routes transsahariennes puis abandonnée, est aujourd’hui devenue une priorité du gouvernement algérien après la prise de contrôle du Nord-Mali par les groupes islamistes, et l’insurrection armée et l’instabilité politique en Libye.

Le ministre de la Défense a récemment reçu les représentants de plusieurs sociétés étrangères spécialisées dans les systèmes de surveillance et de contrôle, dans la perspective de conclure un contrat qui pourrait se monter à 1,5 milliards de dollars. En novembre 2012, des unités de l’ANP avaient préventivement entamé la construction d’une clôture électrique de 50 kilomètres à proximité de la ville de Bordj Badji Mokhtar, non loin de la frontière avec le Mali[26].

Après la crise malienne et la prise d’otages de In Amenas, l’ambassadeur américain à Alger et ses homologues du contre-terrorisme avaient proposé à l’Algérie de partager les renseignements obtenus grâce à leurs drones pour aider les autorités algériennes à capturer les combattants armés dans les zones transfrontalières, et faciliter la sécurisation des frontières, à condition d’ouvrir leur espace aérien aux vols américains le long de la frontière avec le Mali. Durant le siège du site gazier de Tiguentourine (In Amenas), l’Algérie avait autorisé le survol du site par les drones Predator américains, mais insisté pour que ceux-ci rentrent sur leur base (Niger) une fois l’assaut terminé[27].

*

La guerre civile (1992-2000) a absorbé énormément de ressources au point que la modernisation des forces armées algériennes s’en est trouvée ralentie, voir freinée. C’est pourquoi, la supériorité militaire de l’Algérie par rapport à ses voisins n’est pas forcément synonyme de qualité des matériels et des compétences. Des améliorations et des mises à niveau sont encore à entreprendre en matière d’entraînement et de préparation à la guerre asymétrique (contre les groupes terroristes et criminels), ainsi que dans les domaines logistique et de soutien des forces.

Aujourd’hui, l’Algérie est consciente que la persistance de l’instabilité régionale et la nature changeante de la menace exigent de porter son effort sur l’entraînement des forces (entre autres les unités auxiliaires civiles), de mettre à niveau ses forces conventionnelles et de mettre en adéquation leur capacités opérationnelles avec l’usage d’équipements sophistiqués et la conduite des futures missions. Désormais, renforcer la flexibilité, la mobilité et le déploiement rapide lors des opérations de contre-terrorisme, est devenu la principale priorité de la doctrine de défense de l’Algérie. Les autorités ont donc été amenées à faire preuve d’un plus grand pragmatisme dans leur stratégie d’acquisition d’armements, en diversifiant les fournisseurs, et en ciblant des matériels et des systèmes technologiques de pointe.

[1] Chercheure associée au Center for International Affairs de Barcelone (CIDOB) et consultante en sécurité internationale et défense pour les régions du Maghreb, du Sahel et d’Afrique de l’Ouest.

[2] Voir Saïd Haddad, Des armées maghrébines appelées à se renforcer, Observatoire des Mutations Politiques dans le Monde Arabe, Institut de Relations Internationales et stratégiques, février 2013. Voir aussi Defence & Security Opportunities: Algeria, UKTI DSO Priority Market Briefs, Londres, 2011.

[3] La durée du service militaire est passée de 24 à 18 mois en 2002.

[4] Si le Polisario figure dans cet invetnaire, c’est parce qu’il fait partie des forces équipées et financées par l’Algérie. Malheureusement il est difficile d’en savoir plus sur les montants exacts alloués au Polisario, sujet pour le moins confidentiel. Voir « Algérie: Voyage au cœur de l’armée », Jeune Afrique, 2 février 2012.

[5] « Prise d’otages d’In Amenas : les aveux étonnants de Mourad Medelci », TSA, 26 janvier 2013

[6] Fidet Mansour, « Terrorists target Algeria gas pipeline », Magharebia, 29 janvier 2013

[7] Laurence Aïda Ammour, « Understanding the Algerian Regional Diplomacy Machinery : The Case of Mali Crisis », Europe’s World, 6 December 2012 : http://www.europesworld.org/NewEnglish/Home_old/CommunityPosts/tabid/809/PostID/3339/UNDERSTANDINGTHEALGERIANREGIONALDIPLOMACYM
ACHINERYTHECASEOFMALICRISIS.aspx

[8] Département du Renseignement et de la Sécurité (services de renseignement). Voir, Eric Denécé, Forces Spéciales et Groupes d’Intervention Antiterroristes algériens, Bulletin de documentation no. 5, Centre Français de recherche sur le renseignement, CF2R, 18 janvier 2013: http://www.cf2r.org/fr/bulletin-de-documentation/forces-speciales-et-groupes-intervention-antiterroristes-algeriens.php

[9] En particulier ceux qui résident à l’étranger et sont censés accomplir leur service militaire. Dans ce cas, une carte spéciale leur est délivrée, attestant leur résidence à l’étranger, lorsqu’ils ont dépassé l’âge requis. Avant la réforme, de nombreux jeunes vivant hors d’Algérie, refusaient de rentrer au pays par crainte de se voir enrôlés de force pendant 18 mois à leur arrivée sur le territoire national.

[10] Parmi les mesures les plus populaires prises par le gouvernement, il y a l’augmentation de 100% des salaires des fonctionnaires avec effet rétroactif depuis 2008, les prêts bancaires avantageux destinés aux jeunes désireux de créer leur propre entreprise (sans suivi), et la distribution de milliers de logements sociaux qui continue d’occasionner des émeutes de la part de ceux qui n’ont pas bénéficié de cette manne. La révision de la Constitution et des institutions promise alors, n’a jamais été mise en œuvre.

[11] The Global Intelligence Files – e-mails from the Texas headquartered « global intelligence » company Stratfor,  » Exceptional security measures for the protection of oil companies », 18 octobre 2012.

[12] Eric Denécé, Forces Spéciales et Groupes d’Intervention Antiterroristes algériens, Bulletin de documentation no. 5, Centre Français de recherche 
sur le renseignement, CF2R, 18 janvier 2013 (http://www.cf2r.org/fr/bulletin-de-documentation/forces-speciales-et-groupes-intervention-antiterroristes-algeriens.php )

[13] « L’Algérie: un potentiel sous-exploité pour la coopération en matière de sécurité dans la région du Sahel », Note thématique, DG EXPO/B/PolDep/Note/2013_71, PE 491.510, Direction Générale des Politiques Externes, Département thématique, European Parliament, Brussels, juin 2013

[14] SIPRI Fact Sheet, avril 2013

[15] Loi de Finance 2013, p. 27 : http://www.mf.gov.dz/article_pdf/upl-37bf45efdf8412a00de028b8d7e5427c.pdf

[16] Déclaration du ministre de l’Intérieur Daho Ould Kablia: « Trafic de drogue: l’Algérie mène une guerre contre une nouvelle forme de terrorisme », Algérie Presse Service, 24 juillet 2013. Durant le premier trimestre 2013, 78 tonnes de résine de cannabis marocaine ont été saisies en Algérie, contre 71 tonnes pour l’année 2012.

[17] SIPRI Yearbook 2010. Il faut noter que l’Afrique du Sud a vendu de l’armement conventionnel à l’Algérie en 2008, pour un montant de 20,12 millions de dollars, et en 2009 pour un montant de 55,59 millions de dollars. Voir: Exportations et transferts d’armes de l’Afrique sub-saharienne vers l’Afrique sub-saharienne, Réseau Afrique Europe Foi et Justice – AEFJN, décembre 2010.

[18] Sabrina Lesparre etLuc Mampaey, Dépenses militaires, production et transferts d’armes. Compendium 2013, Groupe de Recherche et d’Information sur la Paix et la Sécurité (GRIP), 2013/4, Bruxelles, p. 34.

[19] Paul Holtom, Mark Bromley, Pieter D. Wezeman et Siemon t. Wezeman, Trends in International Arms Transfers, SIPRI Fact Sheet, mars 2012.

[20] Future of the Algerian Defense Industry – Market Attractiveness, Competitive Landscape and Forecasts to 2017

[21] Voir: http://www.globalsecurity.org/military/world/algeria/air-force-modernization.htm

[22] Voir « 36 Strike Yak 130 en Algérie », Secret-difa, 13 avril 2013: http://secret-difa3.blogspot.fr/2013/04/36-strike-yak-130-prochainement-en.html (blog spécialisé dans la défense en Afrique du Nord).

[23] Laurence Aïda Ammour, « Algeria’s Role in the Sahelian Security Crisis », in Stability: International Journal of Security & Development 2(2): 28, pp. 1-11, juin 2013. Michael R. Gordon et Eric Schmitt, « U.S. Officials Propose Sharing Drone Surveillance with Algerians », The New York Times, 26 février 2013. «Algeria: Surveillance satellite to monitor terrorist activities», in Geospatial World, mars 2013, p. 18: http://issuu.com/geospatialworld/docs/geospatial-world-march-2013-standard

[24] Mapping Drone Proliferation: UAVs in 76 Countries (included Algeria, Gobalresearch, 18 September 2012. Ce document fait référence à un rapport qui fournit une liste des pays qui, à la date du mois de décembre 2011, ont acquis des UAV (page 10). Voir, « Nonproliferation. Agencies Could Improve Information Sharing and End-Use Monitoring on Unmanned Aerial Vehicle Exports », Report to the Ranking Member, Subcommittee on National Security, Homeland Defense and Foreign Operations, Committee on Oversight and Government Reform, House of Representatives, by the US Government Accountability Office, juillet 2012.

[25] Future of the Algerian Defense Industry – Market Attractiveness, Competitive Landscape and Forecasts to 2017

[26] Oskar Nkala, «Algeria seeks new border security systems as war clouds gather over Mali », 22 novembre 2012: www.defenceweb.co.za

[27] Gordon & Schmitt, « U.S. Officials Propose Sharing Drone Surveillance Data With Algerians », The New York Times, 26 février 2013.

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