À un moment où l’accélération de l’Histoire donne le tournis aux esprits les plus clairvoyants, il importe aux citoyens du monde, et plus particulièrement dans le monde musulman aujourd’hui aux prises avec des convulsions multiformes sans précédent, de s’aider de repères et de clés pour tenter de déchiffrer une réalité internationale de plus en plus confuse et complexe.
Dans cet essai, qui constitue en fait le prolongement d’une réflexion engagée dans un précédent ouvrage, le chercheur algérien en Relations internationales, Amir Nour, postule que :
– La fin de la guerre froide a eu pour effet de rendre plus évidentes deux réalités internationales majeures: la consécration de la position des États-Unis d’Amérique comme puissance mondiale dominante en raison de leur poids militaire, politique, économique et technologique; et le déplacement du centre de gravité économique et commercial mondial du Vieux Continent vers la région du Pacifique sous l’effet, notamment, du développement prodigieux réalisé par le dragon chinois. En dépit de leur déclin relatif causé par la crise économique et financière des années 2007/2008, les États-Unis, étant précisément une nation à la fois atlantique et pacifique, continueront de jouer un rôle de premier ordre durant le XXIe siècle.
– Les vicissitudes du “Printemps arabe”, les manœuvres politico-militaires en Mer de Chine orientale et méridionale et les développements de la crise ukrainienne, loin de constituer des épiphénomènes d’une actualité mouvementée, sont en fait les manifestations les plus parlantes d’un bouleversement géostratégique, dans un monde globalisé entrant dans une phase de recomposition accélérée. Cette recomposition, qui prend petit à petit la forme d’un monde multipolaire, n’est pas du goût des tenants de la perpétuation de la domination occidentale du monde, plus que jamais symbolisée par la puissance du leader américain.
– L’histoire du XXIe siècle, en particulier durant sa première moitié, semble devoir tourner autour de deux luttes contradictoires. La première consistera en des velléités de constitution par des puissances secondaires de coalitions pour essayer de contenir l’hégémonisme des Etats-Unis. La seconde se traduira par des actions préventives de la part de ce pays visant à empêcher la formation de telles coalitions pouvant mettre en danger ses intérêts stratégiques dans le monde.
– Quels qu’en fussent les véritables commanditaires et leurs mobiles réels, les attaques du 11 septembre 2001 ont fourni l’occasion idéale aux Etats-Unis et, accessoirement, à leurs alliés de mettre en œuvre leur stratégie de domination dans le monde musulman. Celui-ci, malgré son asthénie actuelle, est considéré comme un adversaire potentiel qu’il convient de diviser et d’affaiblir continuellement, tout en exploitant ses importantes ressources naturelles, notamment énergétiques. Depuis les invasions de l’Afghanistan en 2001 et de l’Irak en 2003, un nouveau “Sykes-Picot” semble se mettre en place dans la région. Mais alors que les accords franco-britanniques de 1916 visaient à «faciliter la création d’un Etat ou d’une Confédération d’Etats arabes», le processus en cours a pour objectif de démanteler les Etats existants, notamment en y suscitant ou approfondissant les clivages ethno-religieux. Cette nouvelle stratégie de “désintégration massive” permettrait aux Etats-Unis, leader actuel du monde occidental, de réaliser un triple objectif : garantir la préservation de leurs propres intérêts stratégiques dans la région ; renforcer la position de leur allié israélien et assurer par là même la prolongation de sa survie en tant qu’Etat juif ; réorienter l’essentiel de leurs efforts et de leurs moyens vers la région du monde la plus importante : l’Asie-Pacifique.
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