S’il y a un changement qu’appellent de leurs vœux les masses populaires c’est celui de voir les richesses du pays servir au développement économique et social du pays. Aucune émeute, aucune manifestation, aucune grève, aucune opinion qui domine, ne parle de « démocratie », toutes portent cette revendication que l’Algérie a besoin d’un Etat qui s’occupe d’abord et avant tout de ses citoyens. Les mots ne sont pas ronflants, ils ne caracolent pas dans les sphères de l’intellectualité, ni dans les limbes de la politique politicienne.
Après toutes les réformes dévastatrices de l’économie nationale qui ont été menées, il est loisible de comprendre qu’elles n’ont en rien, ou très peu, servi au peuple au sens large. En ce sens, s’explique le peu d’entrain que suscitent les discours de cette « opposition » visible qui, sous une mine compassée, affiche la revendication de « changer le régime » dans l’absolu des mots. Au mieux, quand elle est interpellée, elle daigne répondre que l’essentiel est de « rompre avec l’immobilisme ». Pour les initiés, il est aisé de comprendre qu’il s’agit de pratiquer une ouverture des portes du pouvoir que les élections n’ont pas permise. Et qu’elles ne permettront pas, quelles que soient les conditions de transparence des scrutins.
Il suffit d’observer les capacités réelles de mobilisation des « changeurs » pour s’en rendre compte. La voie royale, même ignominieuse, a été trouvée. L’Armée, comme en 1992, va offrir les rênes du pays à un nouveau « gouvernement de transition », dans lequel ils pourront grenouiller un certain temps. Ce qui est extraordinaire, c’est que le fait que d’ex premiers ministres soient de la partie ne dérange pas. Le fait, aussi, que l’essentiel des « opposants » ont fait alliance avec le président en exercice. Le prix à payer, peut-être, pour rassurer les militaires d’accomplir le coup d’Etat et de leur donner le sentiment de mettre l’Algérie entre de « bonnes mains ». Etant donné qu’ils seraient très peu enclins à le faire au profit de ces coquilles vides, trop peu populaires de surcroît.
Ainsi se déroule le spectacle d’une classe politique à court d’arguments, sauf celui de faire dans un nihilisme confortable. Pour ce qui est des motivations réelles, elles pourraient relever du secret de polichinelle. La niaiserie ne peut aller jusqu’à croire qu’elles visent à répondre aux attentes populaires.
Sur ce plan, aucune formation, ni aucune individualité, qui veut « changer le régime», ne cache son adhésion au néolibélarisme le plus virulent.Seul programme disponible en pack livré et garanti, de surcroît, du soutien du Fonds monétaire international et des puissances occidentales.
Dans le domaine, les « changeurs » feront mieux que le pouvoir actuel qui est soit trop incompétent, en la matière, soit incapable de mener des « réformes courageuses ». Nous ou le chaos, disent les « changeurs » dans leur coordination hétéroclite. Ils disent, en fait et en filigrane, que les masses populaires peuvent à un moment ou à un autre faire irruption sur la scène de façon autonome ou, pire, sous un drapeau hostile au système en vigueur. Faire peur pour être admis, n’est-ce pas là les véritables raisons d’une telle agitation ?