Rachid Guedjal
R.G : Paul Éric Blanrue, c’est un grand plaisir pour moi ainsi que pour l’équipe d’Algerienetwork de pouvoir t’interviewer aujourd’hui. Nous nous sommes connus par le biais de facebook à la sortie de ton livre « Sarkozy, Israël et les juifs ». Tu as eu du mal à le faire imposer et nous allons en reparler tout de suite. Une de nos amies communes avait lancée l’idée de prendre une photo d’elle avec un exemplaire de ton livre. C’est comme ça qu’est né ton Album de la Liberté, l’album de ceux qui s’affichaient à visage découvert avec ton livre. J’eus l’honneur d’en faire partie. Mais que dirais tu de nous résumer en présentation ton parcours, ton activité actuelle notamment pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore.
P.E.B. : D’abord, il faut rappeler que cet « album de la liberté » est une première mondiale ! Première aussi, la publicité d’un livre uniquement faite sur facebook, assortie de la création d’un groupe de soutien comprenant des milliers d’internautes réclamant la diffusion d’un ouvrage qu’on ne trouvait pas, à ce moment-là, dans les librairies françaises. Le succès a été tel que le livre a bénéficié de trois éditions corrigées et augmentées en moins d’un an, qu’il s’est vendu à plus de 10 000 exemplaires et qu’il est aujourd’hui diffusé dans toutes les bonnes libraires. Aujourd’hui, de nombreux auteurs dissidents nous imitent et contournent l’absence de publicité médiatique en empruntant un chemin semblable, qui consiste à mettre en liaison directe l’auteur et le lecteur, grande nouveauté qui nous change agréablement des pratiques en cours. Il se passe quelque chose d’important dans le « monde des livres » : la mise en place de réseaux de résistance anti-système. Le camarade Marc-Edouard Nabe a créé de son côté le principe de « l’anti-édition » (la diffusion directe, sans passer par un éditeur, un diffuseur ni un libraire), qui a très bien marché également, puisqu’il a failli avoir le Renaudot. Grâce à notre amie commune, à toi et à des centaines de lecteurs, nous avons été des précurseurs de la libération du livre, qui préfigure celle de la parole qui ne va pas manquer de se produire tant les esprits sont sous pression. Et nous allons continuer !
En ce moment, je travaille sur deux documentaires vidéo, qui seront diffusés sur le net à partir de l’automne prochain. Gratuitement, bien sûr. L’un traitera de l’affaire Vincent Reynouard, cet auteur révisionniste, père de huit enfants, jeté au cachot pour un an au « pays des droits de l’homme ». L’autre est au montage, mais son thème reste secret pour le moment. Concernant l’écriture, après une année de voyages, qui m’a permis de faire le tour du monde et de discuter avec des rebelles anti-impérialistes de nombreux pays, de Cuba à l’Iran en passant par les États-Unis, l’Égypte ou l’Italie, je me suis mis, depuis décembre 2010, à l’écriture de mon prochain livre. Je ne peux pas préciser le thème de cet opus, car ce sera un peu le pendant du second documentaire dont je viens de te parler. Je peux juste te dire que je ne compte pas faire dans le conformisme et que l’un des mes objectifs à terme est de faire sauter la liberticide loi Gayssot, clé de voûte du « politiquement correct » en France. La pétition que j’ai lancée contre cette loi en août 2010 a rencontré un succès international, toutes opinions politiques, philosophiques et religieuses confondues, et a été officiellement soutenue par Noam Chomsky, qui s’est fendu d’un message pour l’occasion, chose rare chez lui, surtout sur ce sujet. Ce n’était qu’une première étape de sensibilisation de l’opinion. Le plus dur est devant nous !
R.G : Justement, nous allons développer ces sujets dans l’entretien présent, mais remontons en arrière de quelques années, juste avant le « Sarkozy, Israël et les juifs ». Tu étais un historien et un auteur qui se contentait de faire tranquillement son travail de chercheur avant le « Sarkozy, Israël et les juifs ». Tu étais d’ailleurs passé à la télévision plusieurs fois dans le cadre d’émissions télévisées sur l’Histoire et notamment la démystification des évènements passés. Le destin tragique de Louis XVII n’en est qu’un exemple, avec le cas du Suaire de Turin. Avant ton dernier livre, tu avais écris un livre qui reprenait toutes les citations sur les juifs de ceux que l’Histoire a considérée à postériori comme des Héros. Tu avais été invité au B’nai Brith après ça. Mais à la parution de « Sarkozy, Israël et les juifs », on t’a tout simplement enlevé du champ médiatique. Comment expliques tu cela?Ça fait quel effet de passer du jour au lendemain à l’anonymat quasi complet? Pire que l’anonymat, le black out…Comme si on t’avait juste gommé du champ médiatique. Ton livre est pourtant intouchable à ce jour car inattaquable. Aucun texte susceptible d’être qualifié d’antisémite, un livre descriptif qui remplit bien sa mission en somme.
P.E.B. : Inattaquable et inattaqué, en effet ! C’est bien ce qui les ennuie. Et c’est pour cela que je ne suis invité nulle part, même pas dans les « radios libres » ! Car, bien qu’étant inattaquable, je dévoile les vrais secrets de la France contemporaine et j’avance, preuves à l’appui, des éléments qui démontrent comment les sionistes sont parvenus au pouvoir en France avec Sarkozy. Et je ne cache rien ! Ceux qui ont tenté, à ma suite, de s’emparer de ce thème interdit ont été contraints, pour être édités et passer dans les médias, de s’aplatir devant les autorités morales et les ligues de vertu. Le pauvre Régis Debray a dû faire postfacer son livre moyennement anti-israélien par un ex ambassadeur d’Israël en France : lamentable ! Stéphane Hessel, qui a connu son petit succès avec un livre totalement nul mais jouant sur l’odeur de soufre d’auteurs tels que moi, se dit maintenant fervent supporter de DSK ! Ce sont des zozos…
Dans notre monde sionisé jusqu’à la moelle, on peut tout dire, tout inventer… sauf la vérité sur le sionisme ! Les mystères de l’Histoire intéressent tout le monde. Seulement voilà, ne va pas gratter le vernis de la légende dorée du sionisme, ni décrire sa logique et son origine, il t’en cuira. Tout cela, je le savais parfaitement, en écrivant « Sarkozy, Israël et les juifs », et je l’ai assumé. La télé, les journaux, la radio… de moins en moins de personnes y croient, surtout dans la jeune génération, laquelle va chaque jour chercher ses infos sur internet avec un instinct souvent très sûr. Ne pas être à la télé devient du dernier chic. Je ne comprends pas que certains cherchent encore à y passer ou se font gloire d’apparaître à côté de tel ou tel animateur célèbre. C’est dépassé ! Compte tenu de ceux qui tiennent les rênes de l’info, « Pas vu à la télé » devient un label de qualité !
R.G : J’avoue, quand on voit le niveau actuel de la télévision en France, on ne peut s’empêcher d’être d’accord avec toi. Développons un peu sur le livre, notamment sur ce qu’il décrit. Ayant lu ton livre(et même relu), on ne peut s’empêcher de remarquer une chose, ce livre est une incroyable description du système sioniste en France. C’est un système bâti sur un ensemble de réseaux s’appuyant mutuellement. Gros réseaux, petits réseaux, réseaux influents, d’autres non. Ce qui est sidérant dans ce système, ce n’est pas sa complexité, mais sa solidité. Les réseaux se superposent, se complètent et sont incroyablement résistants. Ils ne se sont pas faits du jour au lendemain. Ils ont demandé de la préparation. Longue et minutieuse. Peux tu nous reconstituer l’histoire du système de ces réseaux en France. Ou bien chaque réseau a sa propre histoire, indépendante des autres, faisant de ce système une espèce d’araignée multiforme dont les pattes neuves poussent chaque année? Peut être qu’en étudiant un peu son histoire, il est possible de trouver une faille ou bien une faiblesse dans ce système.
P.E.B. : Depuis Napoléon Ier, le judaïsme de France a d’abord vécu sous l’autorité du Consistoire central du judaïsme, qui s’occupait exclusivement de ses affaires cultuelles et religieuses. Puis, après la Seconde Guerre mondiale, s’est développé le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), créé dans la clandestinité, qui s’est superposé au Consistoire. La vocation du CRIF, composé d’une centaine d’associations comme le Fonds social juif unifié qui s’occupe entre autres des écoles juives, est d’unifier la communauté juive, mais surtout de la représenter politiquement, ce que le Consistoire avait toujours refusé jusque là, craignant que les juifs ne soient perçus comme étrangers à la collectivité nationale (le fameux problème de la « double allégeance »). Avec la création d’Israël, en 1948, le CRIF est tranquillement devenu le relai officiel du sionisme, considérant que chaque juif français avait en quelque sorte deux patries, celle où il réside, la France, et celle de son coeur, Israël. Avec d’autres institutions suivant la même stratégie, comme aux États-Unis l’American Jewish Committee, le CRIF a joué un rôle néfaste, car il a contribué à assimiler judaïsme et sionisme.
Or, je le rappelle, le judaïsme est une religion millénaire tandis que le sionisme est une idéologie colonialiste et raciste datant d’un peu plus d’un siècle, et à laquelle, à l’origine, étaient opposés la plupart des rabbins. N’empêche, toute personne critiquant le CRIF et le sionisme est aujourd’hui suspectée d’antisémitisme ! Dans les années 1980 a été mis en place le fameux dîner annuel du CRIF, qui est la vitrine du sionisme en France et auquel participent vedettes du show-biz, personnalités politiques et membres du gouvernement qui s’y font tancer comme de petits enfants par leur professeur s’ils n’ont pas été à la hauteur dans la promotion du sionisme. Même un sioniste patenté comme Alain Finkielkraut est gêné de cette débauche et décrit ce dîner comme « une espèce de tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire ». Le pire, c’est bien sûr que Nicolas Sarkozy a été le premier président de la République à y participer. À deux reprises, il en a même été le président d’honneur ! C’est un véritable scandale, puisque la République estime que tous les citoyens sont égaux et qu’elle ne reconnaît aucune communauté particulière.
La présence de Sarkozy à ce dîner s’explique simplement : pour accéder au pouvoir, il a donné des gages aux associations sionistes françaises et internationales sur lesquelles il s’est appuyé en retour. Jusqu’à ce que Sarkozy se soit installé dans le siège du général de Gaulle, dont il a contrefait les idéaux jusqu’à faire retourner la France dans le commandement milliaire intégré de l’OTAN que nous avions quitté en 1966, le sionisme avait en France la mainmise sur le pouvoir économique et culturel. Depuis, le sionisme est passé aux commandes politiques ! Par paradoxe, la faiblesse du sionisme réside aujourd’hui dans sa force. Jusqu’à présent, il n’était guère visible par le grand public, ce qui lui permettait de jouer au malin et de prétendre que ses opposants étaient des paranoïaques voyant des sionistes à tous les étages. Dorénavant, les choses deviennent plus claires : le sionisme apparaît au premier plan et avoue, par là-même, le rôle majeur qu’il joue. Mais, de fait, il devient vulnérable.
R.G : Ne pas confondre judaïsme et sionisme, là est la clé de la solution pour garder la tête froide et réfléchir calmement. C’est clair. Ce qui est répugnant, c’est surtout de voir les gens du CRIF(entre autres) confondre antisionistes et antijuifs. Ils jouent la carte de la survie de leur système sur cet amalgame. On ne parlera pas donc d’antisémitisme étant donné que ce terme regroupe également les arabes eux même sémites.
Tu le décris bien dans ton livre, c’est à cause de la décision de Sarkozy d’envoyer une frégate militaire à Gaza pour aider les israéliens à maintenir leur emprise sur Gaza que tu as écris ton livre. Quelque chose a définitivement provoqué une cassure entre l’opinion politique généralement pro israélienne et l’opinion publique pro palestinienne. Penses tu que c’est justement l’attaque militaire d’Israël sur la population civile de Gaza? Ou bien était ce latent du fait des insuccès consécutifs des négociations dites pour la paix au Moyen Orient?
P.E.B : C’était latent depuis environ 10 ans. La seconde Intifada a été le début de la fracture entre l’opinion et Israël, qui n’a cessé de s’élargir avec les années. L’assassinat des enfants palestiniens au phosphore blanc puis des membres de la flottille humanitaire Free Gaza par l’armée israélienne en a été le révélateur. À quoi il faut ajouter l’immense scepticisme qui s’est emparé de la population à la suite du 9/11 et de la guerre en Irak. On sait, en effet, que les États-Unis et Israël marchent main dans la main et ont la même conception de la guerre et le même savoir-faire dans la manipulation des foules. Mais on revient de loin ! Dans les années 1970 et 80, les Palestiniens étaient perçus dans le grand public comme des terroristes et des preneurs d’otages, et non comme des résistants à qui on avait volé la terre. Je viens de participer à un colloque à Téhéran, où j’ai rappelé la rôle joué par Hollywood dans le formatage de l’opinion sur cette question. Regarde les films produits par Golan-Globus à cette époque. C’est inouï tellement c’est bête !
La morale binaire au service de l’impérialisme le plus décontracté dans son imposture… Aujourd’hui Hollywood tente de poursuivre sur ce terrain, avec des blockbusters qui perpétuent le mythe de la gentille Amérique alliée aux gentils Israéliens, mais on sent que la situation évolue. Dans les séries télé, les scénaristes sont contraints de coller à la mentalité populaire et hésitent de moins en moins à mettre en évidence les mensonges du gouvernement US. Évidemment, le tabou absolu reste le sionisme, jamais critiqué dans aucun film produit à Hollywood. C’est comme s’il n’existait pas ! Même la plupart des « truthers » du 11-Septembre, soi-disant sans a priori, ont peur de s’emparer de ce sujet. Espérons que le cinéma non-aligné va bientôt démasquer cet immense « hoax », comme le font déjà internet, les livres hors-circuit, les réseaux libres qui se développent partout en portant une parole de vérité contre la propagande qui nous submerge…
R.G : Par le passé, la France avait aidé les Israéliens à développer leur arsenal atomique. Puis le Général de Gaulle s’était détourné d’Israël après 1967. Il avait qualifié son peuple « d’arrogant et dominateur(entre autres) ». Quel rôle pourrait jouer selon toi la France actuellement dans la région si jamais elle se décidait à avoir une diplomatie sérieuse?Par sérieuse, j’entends surtout faire appliquer les principes dont elle se targue d’avoir, les droits de l’homme entre autres. Y a t il un espoir selon toi que la France redevienne une puissance crédible sur le plan international?Si oui, comment faire pour y arriver?
P.E.B : Le problème entre la France et Israël date d’avant 1967. En 1960, déjà, Charles de Gaulle demande à Ben Gourion (qu’il respecte) de rendre public le projet nucléaire de Dimona, ce que celui-ci refuse. Par ailleurs, dans sa célèbre conférence, le Général fait part de ses doutes concernant le projet sioniste en lui-même lorsqu’il déclare : « L’établissement, entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque là, l’établissement d’un foyer sioniste en Palestine et puis, après la deuxième guerre mondiale, l’établissement d’un Etat d’Israël, soulevaient, à l’époque, un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables frictions et conflits… ». Il est certain que la Guerre des Six jours va créer une scission entre la France et l’État juif, ce qui ne sera pas pardonné à de Gaulle par l’intelligentsia sioniste, le philosophe Raymond Aron en tête, qui va perdre ses nerfs et accuser l’ancien chef de la France libre de contribuer à faire renaître l’antisémitisme en France, grossière contre-vérité et pure démagogie. Deux ans plus tard, de Gaulle devait quitter le pouvoir !
Pour moi, la France doit jouer vis-à-vis d’Israël la même politique que les nations libres ont joué vis-à-vis de l’Afrique du sud au temps de l’apartheid. Elle doit soutenir par tous les moyens, en fonction des circonstances, les opprimés contre les oppresseurs. Autrement dit commencer par ne pas faire comme Mme Alliot-Marie, qui ose adresser une circulaire aux parquets généraux en leur demandant de signaler les militants qui appellent au boycott des produits israéliens, qualifiés par elle d’ « actes de provocation à la discrimination » ! La France doit au contraire demander des comptes à Israël sur ses crimes, soutenir officiellement des initiatives comme le tribunal Russell et ne pas hésiter à rompre toute relation économique et diplomatique avec un État qui ne respecte pas les résolutions de l’ONU ni le droit des gens. Dans l’idéal, la France doit faire revivre le mouvement des non-alignés – même s’il y a du chemin à faire pour y arriver ! Le départ de l’OTAN en est un préalable nécessaire, sans aucun doute. Cesser de courir au dîner du CRIF, abroger la loi Gayssot, stopper les ventes d’armes à Israël…
beaucoup de choses doivent être réalisées pour qu’on reparte d’un bon pied ! S’il faut résumer, il convient que la France mène au niveau national et international une politique diamétralement opposée à celle de Sarkozy. Le groupe de diplomates « Marly » a signé dans le quotidien « Le Monde » une excellente mise point, qui signale que depuis Sarkozy, « la voix de la France a disparu dans le monde ». C’est exactement ce que je disais il y a deux ans dans « Sarkozy, Israël et les juifs », ouvrage écrit pour qu’on s’interroge sur la nouvelle diplomatie française et ses conséquences. Ceux qui pensaient que cette question était secondaire et qu’il fallait se concentrer sur les problèmes hexagonaux s’aperçoivent aujourd’hui que j’avais raison. Pour se ranger aux côtés des américano-sionistes qui l’ont propulsé au sommet, Sarkozy n’a fait que soutenir des dictateurs à la solde de ses employeurs, comme Ben Ali, Moubarak ou Kadhafi, et a entraîné la France sur une voie de garage.
En ce moment, il reçoit une grande claque de réalité dans la figure. Reste à espérer que les Français s’en souviennent, car, avec son indépassable culot, Sarkozy est capable de prétendre être le meilleur soutien des peuples en voie de libération. L’autre problème, c’est qu’il n’y a personne de l’autre côté pour lui donner la réplique qu’il mérite. Son actuel concurrent, du moins celui que les sondages lui affectent, Dominique Strauss-Kahn, est un autre sioniste pur jus. Rappelons sa fameuse phrase datant de 1991, dans la revue communautaire « Passages » : « Dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, au travers de l’ensemble de mes actions, j’essaie de faire en sorte que ma modeste pierre soit apportée à la construction de la terre d’Israël. » L’espoir d’un changement radical, au moment où je parle, est mince. Mais la situation objective en France n’est pas mauvaise : nous sommes assis sur un baril de poudre. Par ailleurs, Israël est sur la pente descendante. N’oublions pas que cet État a perdu toutes ses batailles depuis l’an 2000. Enfin, le peuple arabe nous démontre que tout est possible et que l’improbable peut se produire à chaque instant !
R.G : Est ce que les partis pro palestiniens (comme le CAPJPO, génération Palestine entre autres) ont une chance de contrer le système de réseaux sionistes en France. Aurais tu quelques conseils pour eux, ou bien des indications, ou que sais je encore? Selon moi, le CRIF n’est pas le plus dangereux pour la France car l’association parlementaire France – Israël participe directement au pouvoir et au dispositif législatif français(on notera la présence peu surprenante de Marine le Pen dans cette association, bien entendu, avec d’autres personnalités politiques). Comment pourrait on contrer un groupe uni à l’Assemblée Nationale et au Sénat lorsqu’il n’y a que des militants dehors?
P.E.B : Les groupes pro-palestiniens font en général du bon travail, mais ils en restent trop souvent à la dénonciation du sionisme comme politique meurtrière d’Israël vis-à-vis des Palestiniens. Or le fond du problème, c’est le sionisme comme système international, avec ses ramifications et ses intérêts propres. Informer sur les crimes israéliens à Gaza est nécessaire, mais insuffisant. Il s’agit de montrer la puissance du lobby sioniste dans son propre pays, de mettre en évidence les mensonges qu’il diffuse chaque jour sur Israël et sur le reste – et de lutter contre son emprise. Il s’agit encore de montrer que le système sioniste produit son idéologie, génère ses fantasmes qu’il propage dans l’opinion, sans que celle-ci s’en rende forcément compte.
C’est à un immense travail de décryptage qu’il faut s’atteler. L’association parlementaire dont tu parles est un problème, mais c’est aux Français de faire pression sur leurs députés pour qu’ils la quittent. Même chose pour l’ADELMAD, association des élus amis d’Israël, présidée par l’ami de Ben Ali, M. Éric Raoult, de l’UMP. À part mes lecteurs et les membres de cette association, personne n’en connaît l’existence en France ! Elle envoie pourtant chaque années des élus en Israël et vise à développer le commerce avec l’État juif. Concernant Marine Le Pen, je connais un peu le sujet, puisque j’ai été le premier, dans mon livre, à souligner sa vision d’Israël.
Elle-même a avoué en janvier dernier, avant les élections internes du Front national, dans le journal israélien Haartez, que son parti était « sioniste ». Pour se rendre compte de ce que ses paroles signifient, il faut savoir que Sarkozy ne s’est jamais proclamé sioniste ! Je constate hélas que certains antisionistes choisissent de se ranger à ses côtés, pensant qu’elle est la « moins mauvaise » des candidats parce qu’elle fait mine de ruer dans les brancards. On a déjà entendu cela en 2007 avec Sarkozy… Tant que l’on a pas compris que le sionisme est un système et que la solution pour en sortir est de le contester frontalement, dans tous ses aspects, on reste dans une impasse et on fait de l’agitation inutile.
R.G : Ma dernière question qui portera sur ton livre avant de passer plus précisément sur la loi Gayssot, sur la pétition que tu as initié contre cette loi et le cas Vincent Reynouard entre autres. Une phrase m’a marqué dans ton livre. C’est celle ci :« Dieudonné est un cas. La combinaison du talent, du registre comique et d’une ténacité de militant,…, rappelle les époques où le théâtre était la grande tribune de l’opposition populaire à des régimes tyranniques. » La France en est elle arrivée au point de devenir un simple régime tyrannique à la solde d’intérêts qui ne sont pas les siens? Même si son cas n’est pas une finalité, son audace a de quoi déjà montrer la voie aux futures générations. « De l’audace, encore et toujours, c’est ce qui caractérise les plus grands des autres. » Penses tu que Dieudonné fera des émules à la fois dans son combat contre le sionisme politique et dans son domaine artistique ?
P.E.B : Note déjà que, hasard ou signe, le théâtre de Dieudonné se trouve dans le quartier de la Bastille, symbole de la Révolution française, et plus particulièrement dans le faubourg Saint-Antoine, d’où est parti en juin 1792 le mouvement qui a conduit le peuple à marcher sur les Tuileries, contraignant le roi à coiffer le bonnet phrygien. C’est un lieu chargé d’histoire et propice à la contestation, même si les bobos l’envahissent aujourd’hui. Si le fils Bedos, Nicolas, a fait sa petite provoc’ contre des films épouvantablement nuls comme « La Rafle », c’est parce que Dieudonné lui a ouvert la voie. On entend de plus en plus d’acteurs, comme Alexandre Astier de la série ultra-populaire Kaamelott, par exemple, dire que Dieudonné est le meilleur de sa génération. À la première de son dernier spectacle, « Mahmoud », on a vu Joeystarr. Il faut voir la réalité des coulisses : le tout-Paris défile à ses spectacles !
On sent que les Guignols et les farceurs de Groland sont gênés aux entournures. Ce n’est pas pour rien que Bruno Gaccio a écrit un livre avec lui. Il est donc très possible que Dieudonné fasse des émules. Pourquoi ? D’abord, parce que le public le demande : Dieudonné remplit dix fois plus les salles que son ex compère Élie ! Et puis les artistes vont peut-être se rendre compte, à un moment donné, que ce n’est pas en galvaudant son talent et en le vendant au profit du système, que l’on est bon ! C’est la réalité, la terrible réalité qu’il faut creuser pour en faire jaillir des pépites d’or, même si on en sue et que les « belles âmes » se raidissent sur ton passage ! Les sketches à deux ronds des « humoristes » sionistes comme Anne Roumanoff, Arthur ou Gad Elmaleh ont fait long feu. Imiter sa coiffeuse, raconter ses vacances au ski ou crétiniser son public à la façon des chansonniers qui recyclent à n’en plus finir les blagues de Thierry Le Luron, ça va cinq minutes ! Tout cela se sait ou finira par se savoir. Les années qui viennent risquent d’être passionnantes.
Rachid Guedjal Algerienetwork
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