Précédemment nous avons signalé l’aspect comique de ces candidatures qui ne relèvent que des bouffonneries du genre politique dont l’arrière cour se fond en esclaffes et rires ininterrompus.
Les mises en scène médiatico-politiques qui servent généralement de spectacle en faisant défiler les ombres et les candidatures, cachent au moins une chose d’essentiel. A savoir les lieux du pouvoir de l’Etat.
Une forte tradition qui est devenue habituelle donne aux forces de sécurité les pleins pouvoirs dont le DRS ancienne Sécurité Militaire qui était la terreur des opposants algériens au régime de Boumediene. L’histoire de ce service de sécurité avec les liquidations physiques des leaders nationalistes de la guerre de libération nationale se confond avec son opacité fonctionnelle et l’ambivalence de son rôle incontournable dans la décision politique.
A ce jour, le dossier reste ouvert et ce malgré quelques révélations dont l’assassinat de Abane Ramdane ou de la trahison du colonel Amirouche, etc. Pour peu ce n’est pas l’histoire des révélations sur la DRS dans son implication des meurtres durant la décennie noire qui font souffrir des milliers de familles algériennes dont nous saluons le courage et respectons leur deuil qui nous intéresse mais son rôle moteur dans le fonctionnement de l’Etat algérien.
La rumeur publique et à juste raison attribue aux hommes de l’ombre, des prérogatives incommensurables eu égard à l’organigramme des institutions de l’Etat. Le poids démesuré qu’ont ces services au sein de l’Etat rend impossible toute nomination politique ou administrative sans leur accord. C’est l’antichambre des ordonnancements à laquelle sont soumis les acteurs algériens. La puissance de ces services, leur droit de regard et la pratique tentaculaire du contrôle des institutions enlèvent toute crédibilité d’un pouvoir civil.
Dans ce cas c’est un compromis paraphé entre les décideurs émanant de cet organe secret et les Politiques. A la suite d’une longue série de désignations, l’arrivée au pouvoir de la présidence de Abdelaziz Bouteflika fait partie des mêmes scénarios décrits précédemment.
Comme on arrive au terme de son troisième mandat et l’urgence de la question, des couteaux s’aiguisent entre différents clans du pouvoir dont l’enjeu est la protection des acquisitions illicites et la défense des positions sociales et économiques octroyées.
Cela rend nerveux plus d’un et les déballages à cœur ouverts orchestrés par les rivaux, rendent encore plus féroces les luttes où trahison et délation vont de concert.
Les implacables dénonciations des méfaits de la DRS par le secrétaire du FLN font partie d’un plan global qui constitue à amoindrir la forte influence des hommes de l’ombre. Ce combat fratricide cache au moins une chose qui traine en longueur, l’essai avorté du président actuel de l’Algérie de placer des hommes à lui au sein des cet organe qui par ailleurs a échoué. Il n’a pas permis de destituer l’organisateur en chef de cet organe étatique afin de le contrôler en totalité.
L’inconvénient d’une telle présentation qui suit la logique des événements que traduisent les mots ressort du factuel et ne nous donne pas une idée exacte des structures politico-administratives qui régentent l’Algérie depuis l’indépendance à ce jour. Dans les articles précédents, nous sommes partis du constat du caractère régentiel du régime politique algérien pour aboutir aux cercles concentriques comme force et puissance des clans dans lequel s’exerce le patriarcalisme.
Les diatribes et autres inconvenances de l’actualité algérienne sont le dédoublement de la voix des hommes qui comptent. Ils réactivent pour le besoin du service leurs affidés pour rendre opérationnel le clan des affiliés dans une guerre sans merci que se livrent les nouvelles alliances et leurs adversités potentielles.
Le mode des allégeances et du recrutement désigne principalement la base sociologique des acteurs politiques dont faute d’accès à une documentation sur le personnel, ne nous pouvons faire pour le moment la cartographie. Et c’est à ce niveau que se structurent les forces dont la voix n’est qu’une déclamation du chant guerrier.
Ailleurs…
Le peuple est absent et les prétentions déclarées sont des ombres du théâtre chinois. Et ils n’ont plus besoin de la bénédiction à partir du moment où ils ne représentent aucune menace pour les deux clans principaux. Comme à l’accoutumée, peut-être un nouveau compromis s’élabore loin des tintamarres et en coulisses afin d’atténuer les adversités. Dans tous les cas, le peuple ne décide de rien et ce …depuis fort longtemps
Addenda:
les prises de position des uns et des autres expriment l’entrechoc des corps institutionnalisés dont lesquels les hommes sont adoubés à des appartenances claniques.
Le clan est le corps achevé qui contrôle l’appareil de l’Etat et qui soumet les sulbatermes (mesure de la fidélité et de la traitrise) et les membres des clans rivaux à d’intenses compétitions. L’entrechoc des clans est le cadre institutionnalisé des luttes pour le pouvoir politique et la mainmise sur une économie oligopole. S’ils se battent les uns contre les autres en ce moment là c’est que l’élection présidentielle a mis en mouvement les liens et noeuds de l’étoffe sociale (composition des entrelacements et des enchevretrements des relations sociales) dont la cartographie et la physique du spaghetti déssinent le mieux les intentions des protagonistes.