Sellal, l’OMC et la chose publique

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Argument massue de notre premier ministre, Abdelmalek Sellal : « Si aujourd’hui la plus grande majorité (sic!) des pays ont adhéré à l’OMC, pourquoi est-ce que l’Algérie ne fasse (resic !) pas partie de cette organisation ? ». Il s’est exprimé lors de l’ouverture de la conférence nationale sur le commerce extérieur, organisée les 30 et 31 mars par le ministère du Commerce.
L’Algérie en est à son 13ème round des négociations multilatérales pour son « accession » à l’Organisation mondiale du commerce qui est présenté comme « incontournable ». L’argument ne prend pas en compte que la tendance, partie d’Amérique latine, est plutôt à la confrontation avec le diktat représenté par l’OMC.
Paradoxalement, semblant même être en porte-à- faux avec sa volonté de se conformer aux règles néolibérales, M. Sellal pointe du doigt l’anarchie qui domine le secteur des importations. Il veut les « rationaliser vaille que vaille » quand, presque en écho, son ministre du commerce se pose la question de savoir si le gouvernement dispose « aujourd’hui d’une structure d’évaluation du commerce extérieur suffisamment compétente et de capacités d’analyse à tous les niveaux dans ce domaine ».
A entendre ce type de discours on pourrait croire à une prise de conscience salutaire, à l’égard de l’impasse économique qui prévaut, tout en s’interrogeant sur la nature des mesures qui pourraient concilier la soumission à l’OMC et la « rationalisation » du commerce extérieur.
Une réponse est, tout de même, donnée. Les importateurs, sous la pompeuse dénomination d’ « investisseurs », se voient demander « d’utiliser leurs fonds propres », et les banques devraient « privilégier les crédits à l’investissement productif ». Les banques qui disposent de 2 324 milliards de dinars de liquidités (25 milliards de dollars) et qui devront accepter d’être tiraillées entre le principe libéral de rentabilisation de leurs capitaux et le souci gouvernemental de moduler l’octroi des crédits, en fonction de leur destination.
D’autant qu’il ne s’agit pas de remettre en cause les accords signés avec les organismes internationaux, qui seront, de ce fait, maintenus et respectés. Comprenne qui pourra, sauf qu’il faut se rendre à l’évidence que les fondements de la politique suicidaire, qui sévit depuis « l’ouverture économique », ne font pas l’objet de la moindre halte sur leur pertinence. Si ce n’est les sempiternels vœux pieux contenus dans de pathétiques appels à orienter les capitaux privés vers la production.
A ce propos, M. Sellal dit, à qui veut l’entendre, que « la pérennité d’une économie passe impérativement par la production, l’œuvre des hommes ». Ce qui peut relever aisément de la tautologie et faire s’étonner qu’il soit nécessaire de le préciser, mais on y perçoit toute l’ampleur de l’impuissance d’un pouvoir coincé entre l’implacable réalité des lois d’un marché, sans états d’âme, et son obligation de donner bonne figure à sa gestion de la chose publique.

Ahmed Halfaoui 

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