1ier Novembre : Quel tempo pour « Algérie, mon amour » ?

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« Le vrai patriote s’inquiète, non du poste qu’il doit occuper dans  la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations. » Jules-Paul Tardivel (1851-1905), Ecrivain et journaliste canadien. Extrait de Pour la patrie.
Les  senteurs de terre humide que les premières pluies de cette fin de mois  d’octobre nous annoncent que l’automne est bien installé. Elles  réveillent en nous le souvenir du glorieux novembre 1954 et de ces  hommes qui ont eu la détermination de se lever pour occuper  l’avant-garde du peuple Algérien. Ils ont accepté, au péril de leurs  vies, de combattre pour que la liberté rayonne sur leur pays et que leur  peuple recouvre la maîtrise de son avenir. L’authenticité de leur  engagement total pour briser les chaînes de l’oppression et se défaire  du joug de l’asservissement leur a assuré la victoire.
Evidemment, le moment était venu, comme le résume si bien Mouloud  Feraoun dans son journal, où les français persistaient à refuser de  comprendre et que les algériens n’avaient plus envie d’expliquer. Mais  il faut beaucoup d’amour pour son peuple et sa patrie pour ne pas  tergiverser devant l’histoire et accepter son propre destin en faisant  le choix irrémédiable de vouloir vivre librement ou mourir dignement. «  Mout waqaf, ya Ali », réplique éblouissante et émouvante du film adapté  du livre Mouloud Mameri, « L’opium et le bâton ». Saluer la mort, la  tête haute, avant que les balles assassinent ne contraignent à lui faire  la révérence, en tombant tête la première.
Dès l’indépendance,  le goût de la liberté et la démocratie tant désirées s’est drastiquement  édulcoré. Un régime pas toujours visible avec un parti unique et  plusieurs constitutions se sont ligués pour marginaliser les forces  vives du pays, se ménageant ainsi un confort pour exercer un pouvoir.  L’autoritarisme qui en découle s’est toujours prévalu d’une légitimité  révolutionnaire. « Nous avons libéré le pays », faisaient prévaloir ceux  dont les pieds n’ont jamais foulé le maquis, et qui n’y ont jamais  connu la faim et la peur.
Le temps a fait son œuvre, il devient  difficile à des hiérarques qui n’ont aucun mérite de part leur âge, de  recourir à un tel argumentaire devant une jeunesse qui n’a pas connu la  colonisation ; comme il est aberrant d’haranguer les contingents de  jeunes chômeurs, diplômés ou pas, avec un discours alambiqué et parfois  douteux pour les culpabiliser de n’être pas suffisamment reconnaissant à  un système qui leur a assuré le pain quotidien et donné de  l’instruction.
Il a fallu attendre octobre 1988, pour qu’enfin  l’intifadha de la jeunesse algérienne vienne sonner le glas du  parti-Etat que fut le FLN. La tentation de faire remplacer le parti  unique par la pensée unique a depuis constitué un ressort puissant de  l’exercice du pouvoir par un régime décidemment allergique à la moindre  contrariété. Le culte de la personnalité a occulté les débats  incontournables et a atteint incontestablement son apogée avec Abdelaziz  Bouteflika.
Depuis donc la fin de l’ère Chadli Bendjedid, de  conciliabules internes dans les fantomatiques cercles du pouvoir aux  promesses faites aux anciennes masses, le devenir du FLN n’a cessé de  revenir sur le tapis sans y resté pour de vrai. Ouverture aux  sensibilités politiques, modernisation et redressement du parti ont été  des sujets récurrents.
La demande pressante de la société et de la  classe politique faite au FLN de restituer à l’histoire son sigle  glorieux, génère toujours des discussions aussi enflammées qu’éphémères  Est-il temps de remiser ces trois lettres, évocatrices du grand combat  libérateur du peuple algérien au musée ? Ce qui aura pour corollaire la  nécessité pour les militants du parti éponyme de se ressourcer en se  trouvant une autre légitimité que la révolution. D’autant que cinquante  années après l’indépendance du pays, le peuple est plus disposé pour  conjuguer la révolution au futur plutôt qu’au passé.
La famille  révolutionnaire, concept vague, forgé pour fédérer les anciennes  organisations satellites du parti FLN. Sans fondements idéologiques, si  se n’est une phraséologie de type nationaliste à des fins dissuasives  vis-à-vis de ceux qui auraient quelques velléités à leur faire lâcher  prise des basques de la république. Les algériens, autour d’un petit  noir dans ces agoras de fortune que sont nos cafés, pensent tout haut  que seule la consistante de la rente fait courir cette famille qui,  miracle algérien, ne cesse de s’élargir comme pour mieux porter le  régime obsolète. Elle surprendrait son monde mais ferait œuvre utile de  faire son deuil sur cette rétribution pour son exhibitionnisme  nationaliste attaché à l’histoire de tous.
Présentement, le  clivage socio-politique passe ces deux entités, la nébuleuse  révolutionnaire, donc, qui serait dépositaire du feu sacré pour l’amour  du pays et la majorité silencieuse. Le casting de ses ayants droits,  validé par les pouvoirs successifs, n’est en rien basé sur les mérites  mais sur le clientélisme et la lutte des clans selon le concept de  Mouloud Hamrouche. Les beaux rôles sont le plus souvent indument  distribués aux plus serviles. Toute tentative de vouloir mettre une  limite aux appétits des anciens ceci et des nouveaux cela est un  sacrilège qui peut valoir excommunication. Reste le peuple, il aimerait  le pays par défaut et sur lequel quelques bien-pensants sont autorisés à  jeter l’anathème pour le moindre écart. Ghachi !
Mohamed Boudiaf  a failli porter l’estocade à cet encombrant mais au combien utile FLN,  en créant son propre parti dans des conditions pas très loyale, il faut  peut-être le reconnaitre, le RPN mort-né, tué dans l’œuf avec  l’assassinat à Annaba, le 29 juin 1992, de son leader. Le RND, en est  probablement la réincarnation de l’idée au profit du système. Les  algériens veulent le multipartisme, créons-leur un clone du FLN, s’est  sans doute dit le « système » ; pas dupes, les algériens ont baptisé le  nouveau parti de la désormais sacro-sainte coalition présidentielle, «  le bébé moustachu ».
Pour sa mue et sa rénovation, le FLN a sans doute  raté le coche avec le brave Abdelhamid Mehri. Les partisans du  conservatisme le plus désuet, qui ne pouvaient se défaire de cette  seconde nature d’apparatchiks du pouvoir qui leur sert de seconde peau,  lui ont concocté -de leur propre aveu publique – «  un coup d’état  scientifique ». Depuis ils persistent, selon la formule de Abdelhamid  Mehri, à ruser avec l’impasse dans laquelle, le pays s’est engouffré  sous leur houlette.
L’Algérie avant tout ! Oui, mais !
J’ai  eu une discussion amicale avec un bien sympathique animateur  enthousiaste d’un groupe facebook « Touche pas à mon pays ou je t’éclate  la tronche ». Je lui ai fais part de ma gène pour ce titre-slogan  » …Ou  je t’éclate la tronche ! « . Il est, à l’évidence, porteur d’une certaine  fougue juvénile, débordante de générosité mais plus prompte à mettre un  gnon à son contradicteur qu’à affuter les bons arguments pour défendre  une idée. Cette violence, que beaucoup couvent en toute bonne foi,  n’incite guère à réfléchir sur les bonnes graines à semer  dans le  sillon que l’on trace pour mener le pays en gardant le cap sur un avenir  clairement défini.
Déjà, en son temps,- je l’avais soutenu dans un  article sur El-Watan- le slogan de Mohamed Boudiaf, pour qui j’ai  considération et respect à l’instar de tous les algériens, « l’Algérie  avant tout » n’était pas adéquat. Celui qui le clame se désigne comme  tuteur universel exclusif  et seul habilité à définir ce qui convient ou  pas au pays. On peut avoir beaucoup d’ambitions pour le pays mais pas  autant de prétentions.
C’est en soi, une entorse à la démocratie  qui voudrait que l’on accepte pleinement l’expression libre des opinions  d’autrui, sans représailles ni épée de Damoclès suspendu au dessus de  la tête des personnes qui n’observeraient pas les restrictions établies  en filigrane du politiquement correct algérien.
La liberté est faite  pour en abuser, dit le poète. Hocine Aït Ahmed, le charismatique  président du FFS, traité d’une manière très irrévérencieuse de « touriste  politique » par son détracteur et rival  Saïd Saâdi, le leader du RCD,   lui décocha un smash imparable en lui rétorquant que  » la seule manière  d’être patriote est d’être démocrate ». Malheureusement cette formule,  très juste par son contenu et pertinente par la pédagogie qu’elle  véhicule, n’a pas fait florès dans le pays.
« L’Algérie avant  tout », devise, longtemps arborée par le quotidien El Moudjahid, reflète  certes la générosité des algériens envers leur pays mais son caractère  péremptoire lui confère une certaine dangerosité. En effet, Elle exclue  plus qu’elle ne mobilise. Les conditions dramatiques, liées à  l’interruption du processus électoral de décembre 1991, qui ont induit  l’émergence de ce slogan et les exécrables ostracismes qu’il a généré  lui ont enlevé tout attribut républicain.
Et si on se remémore le  « Deutschland uber alles » (L’allemagne avant tout) qui colle à la peau  d’un Erwin Rommel, on peut y déceler des effluves fascisantes. Ce cri  choisi pour insuffler un élan salvateur à la nation est susceptible  d’une telle contre-performance qui menace d’effondrement l’unité  nationale. Inutile de revenir sur les extrémités et horreurs de  l’histoire qui se sont réalisées sous la bannière d’une telle réclame.
Le cœur, écrin et citadelle inexpugnable pour une Algérie éternelle
Que  ceux qui s’offusquent au quart de tour ne dégainent pas ! J’ai  naturellement conscience que Mohamed Boudiaf avait incarné l’espoir  d’une Algérie retrouvant ses marques pour un nouvel essor. Je ne fais  donc aucun amalgame entre le rêve suscité par le président désigné à la  tête du Haut Comité d’Etat puis trahi et les dérives de quelques  nazillons en particulier, fussent-ils généraux. Cependant la sincérité  de l’homme ne justifie pas une telle maladresse.
Je préfère donc  »  L’Algérie au cœur pour un nouveau cap: l’avenir ». On peut trouver mieux  pour dire partongeons équitablement le bonheur d’être algérien. C’est  là, je le crois, la meilleure manière de protéger son pays en le  plaçons  dans une forteresse inexpugnable, le cœur de chaque citoyen.  C’est le seul écrin digne de la grandeur de l’idée que l’on doit se  faire de la destinée d’un pays comme le notre.

Aimer l’Algérie ou les Algériens ? That is the question !
On  appartient un peu à son pays comme on appartient à sa mère, a-t-on dit !  Le patriotisme est un sentiment fort honorable tant qu’il ne devient  pas prétexte à la haine et à l’exclusion de l’autre. L’Algérie physique  est le conceptacle de ce que je suis avec ma culture et ma civilisation.  Ce qui m’importe c’est d’y cultiver la fraternité avec mes compatriotes  autour d’ambitions communes pour en faire une destinée. S’il s’agit  d’aimer ses maquis et ses déserts, soit ! Mais pas pour eux-même !  Auquel cas je préférerais être ailleurs pour tous vous dire ! Ou ça ?  Chez Milka, par exemple !

 

Histoire de sauveurs !
La  toile fourmille de bonnes volontés animées des plus nobles bonnes  intentions envers leur pays qu’ils désirent, tous, voir prendre la  posture convenable pour cesser d’évoluer à reculons  et pour assumer  pleinement son histoire et sa géographie ! La seule appréhension que  l’on peut ressentir en prenant ces bains de foule sur le net est induite  par l’excès d’ardeur et l’impatience qui fait bouillonner la jeunesse  algérienne ! Chacun veut sauver l’Algérie! De quoi, comment et pour  quelle qibla ? Certains démocrates typiquement de chez nous ne jugent  pas utiles de produire les réponses à ces questions pour avancer.
Qu’il  n’y ait jamais de bon vent pour celui qui ne connait pas sa destination  ne suffit pas à les désarçonner. Il faut sauver l’Algérie ! Au galop,  dans le mur ! On se surprend, Alors, à espérer que ces forces mettent un  bémol à leurs ardeurs. Y’a-t-il un plus grand gâchis que de voir cette  profusion d’énergies se neutraliser avant même de se mettre en chemin.  J’ai appris à me méfier des sauveurs. En prélude à l’intervention de  l’armée pour annuler le premier tour des législatives et la destitution  du président en exercice, nous avions vu l’émergence du Comite Nationale  de Sauvegarde de l’Algérie (CNSA). Surgi sur la scène politique  bizarrement, certains de ces malheureux sauveurs furent mystérieusement  assassinés.
Les sauveurs du CNSA furent là pour s’opposer à d’autres  sauveurs, ceux du Front Islamique du Salut. Ils ont cautionné ce qui fut  appelé pudiquement l’interruption du processus électoral par l’armée du  11 janvier 1992. Est-ce inutile de rappeler que l’annulation du  résultat du premier tour des élections législatives, s’est décidé contre  -on a tendance à l’occulter- l’avis des deux autres fronts FLN et FFS.  Doctement, nos démocrates autoproclamés nous ont expliqué que le peuple a  désigné le mauvais vainqueur.
N’étant pas assez mûr, le peuple n’aurait  droit qu’à une démocratie sans les urnes. Car, on se rappelle avec  quelle insistance, le conseil de régence occulte rassurait sur le  maintien du processus. Résultat, le sauvetage entrepris avait fait faire  au pays, pour de vrai le fameux pas en avant de Chadli Bendjedid. «  Nous étions au bord du gouffre, et nous avons fait un pas en avant »

Les mauvais tours de l’histoire.
Cent  milles morts plus loin, les algériens regardent incrédules la Tunisie,  réputée dévergondée, désigner Ennahdha de Rashed Ghannouchi, pour le  premier rôle dans la nouvelle donne politique dans le pays. Cette  redistribution des cartes surprend, autant que la révolution elle-même   avait pris de court les plus vigilants; les experts en étude  géostratégiques qui scrutent jusqu’à la ligne d’horizon les cogitations  du peuple pour deviner ses intentions ont en pris leur grade.
Ils se  sont avérés aussi futés que Michèle-Alliot Marie qui a fait une sortie  de route en se mettant à la disposition du dictateur Ben Ali pour mater  ce qui lui a paru comme une émeute de la populace contre ceux qui  veulent continuer à bronzer gratis. Désormais, il serait presque plus  prudent de faire valider les analyses prospectives par des voyantes dans  le marc de café.
Les protagonistes tunisiens de l’après-Ben Ali  force l’admiration de tous en assumant, chacun dans son rôle, les choix  du peuple tunisien. Personne n’a supplié l’armée d’intervenir contre le  peuple pour mettre le pays à feu et sang afin d’empêcher ces islamistes,  qui seraient par nature des fossoyeurs de la démocratie, d’accéder au  pouvoir.
Les uns et surtout les autres, -qui pensent que le protectorat  coure toujours- ruminent, abasourdis, leur déception. Ils reçoivent  l’estocade ; 85% des femmes élues appartiennent à la mouvance  d’Ennahdha. la femme libérée, de Bourguiba et de Ben Ali, marque de  fabrique pour vendre la Tunisie pour une bouchée de pain et un été à  Hamamett, se voilerait-elle la face devant les problèmes d’une Tunisie à  la croisée des chemins ?

L’histoire s’amuse !
Ironie  de l’histoire, pendant que la Tunisie, plus charmante que jamais,  sidère le monde par sa sérénité, Le général Nezzar, homme-clé, de la  crise algérienne où du moins le plus visible des militaires, parti chez  un guérisseur sorte de m’rabat suisse, qu’il affuble du titre de  psychothérapeute se retrouve au garde-à-vous devant une procureure  fédérale qui veut savoir qui a fait quoi dans notre pays.
Je rappelle  que le général à fait volontairement la démarche d’expliquer à un juge  parisien la pertinence de l’intervention militaire pour, avait-il  argumenté, défendre l’honneur de l’armée algérienne devant une  juridiction qui dit le droit au nom du peuple français ! Après avoir  entendu le réquisitoire du plaignant général contre le particulier Habib  Souaïdia pour diffamation, le juge, devant qui d’anciens hauts  responsables algériens, acteurs de la crise, comme le’ex-premier  ministre Comme Sid Ahmed Ghozali et l’ancien membre du HCE, Ali Haroun,  avait a eu la délicatesse ou la perfidie , c’est selon, de renvoyer les  deux militaires dos à dos.
Le peuple algérien n’a pas droit à de tels  égards ni la moindre justification ou explication du général pour son  rôle afin de comprendre la tragédie nationale.
Ce n’est pas une  hérésie de faire constater qu’après avoir subi des vagues de gouvernants  autoproclamés, la boite de pandore fut ouverte avec la l’annulation de  ce premier tour de la première élection pluraliste « propre et honnête »  de Mr Ghozali. Depuis le pays est en stand by. La politique, du coté de  chez nous, est une carrière que l’on épouse lorsqu’on ne dispose pas  dans sa besace quelques savoirs, connaissances, mérites ou compétences  étayées par une expérience probante.
Les algériens le constatent, ils  sont représentés ou administrés par des générations spontanées d’ «  élus. S’il existe un frémissement certain chez les algériens pour  affirmer leur détermination à refuser de continuer à subir leur avenir.  Jusque là, le système ne leur a pas tellement laissé laisser le choix  pour désigner leurs représentants. Selon le distinguo, établi par  l’ex-ministre repenti, Mourad Benachenhou, avec son bulletin, le citoyen  algérien ne choisit pas, il élit ! « A voté » ! Au suivant !  Quelle  mascarade !
Le FLN, au Musée !
Je ne suis pas  particulièrement désireux de me mêler au débat sur le sort qu’il  convient de réserver au FLN mais à mon humble avis, le sigle FLN  pourrait bien   être restitué à l’histoire pour que le peuple se le  réapproprie de nouveau. L’attachement de tous aux valeurs de Novembre  sera ainsi préservé comme une exigence patriotique de base. cette  adhésion, cette fidélité à la résistance multiforme du peuple algérien  doit transcender toute vision sur l’avenir du pays, c’est-à-dire toute  affiliation à un quelconque parti.  L’Algérie est une entité  irréductible. Chacun sa patrie mais une seule Algérie pour tous. Elle ne  saurait échoir  à d’anciens Moudjahidines encore moins à un quelconque  FLN.
Plus personne n’est autorisée pour venir avec ses gros sabots, ou  ses grosses bottes, la cervelle en veilleuse pour exclure d’autres  algériens et jeter son dévolu sur le pays, sous prétexte qu’il l’aime  plus que les autres ou qu’il serait plus éclairé parce qu’illuminé. La  ficelle est trop grosse;  le pays retrouverait, qu’à Dieu ne plaise, des  dirigeants présentant les mêmes travers qu’ils dénoncent aujourd’hui;   Le peuple retournerait alors à la case départ pour ressasser  interminablement ses rêves qui finiront par s’effilocher, atteint par  une fatale sénescence.
Sotie honorable de la sortie souhaitable !
Pour  consoler ceux pour qui les trois lettres F,L,N  ont irrémédiablement  formaté l’esprit, le cœur éventuellement, je leur  proposerais  volontiers de les  décliner différemment.  Fraternité, Liberté et  Nahdha. Les valeurs de Novembre y sont bien assumées et ça dénote pas  avec l’actualité des voisins. Une sorte de remake du changement dans la  continuité! Why not ? Ne soyons pas susceptible et le slogan n’est pas  forcément responsable de la débâcle de Giscard d’Estaing face à François  Mitterrand.
Je crois fermement que nous ne pouvons pas  indéfiniment nous dérober pour faire les choix raisonnables. Il nous  faut opter pour le tempo sur lequel nous devrions chanter « Algérie, mon  amour. », « L’Algérie avant tout » ou « L’Algérie au cœur » ? Le  premier est péremptoire et vide, il impressionne par le bruit qu’il  produit en flattant celui qui le scande au détriment à celui à qui il  s’adresse.
En revanche, le second a la discrétion de ceux qui mus par la  détermination de bâtir pour la postérité n’accorde aucune concession à  la frivolité de vouloir se mettre sous les feux de la rampe. Il illumine  le chemin pour que le bonheur puisse se sentir chez lui, en Algérie.  Ceux qui œuvrent pour cet avenir radieux peuvent bien se payer le luxe  de rester à l’ombre.
Servir ses concitoyens est déjà une rétribution qui  n’est accessible au premier venu de cette engeance qui pérore à  longueur leurs sentiments pour le pays pour mieux les monnayer en  tirants des profits indus. Leurs agitations, leur phraséologie et leurs  contorsions ne tromperont plus personne. Et leurs comptes à l’étranger  quand ce n’est pas leur seconde nationalité les désignent comme de  véritables néo-harkis.
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Reçu, ce 10 avril 2010, de Jonathan Klein, professeur de littérature à Bakersfield, en Californie, ce message où il est question...
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