Dans ces moments d’incertitude, de questionnements et de recherche de voies de sorties de cette crise, qui risque de nous entraîner vers des fonds inconnus, un nouveau modèle économique est plus qu’urgent à mettre en œuvre.
Il s’agira de rompre définitivement avec les pensées, incrustées en nous depuis vingt ans, à la faveur de l’embellie financière, qui, au lieu de « compter ses sous » a engagé les gouvernants dans une politique consumériste, pour on ne sait quel dessein. Le libre échange, la mondialisation et l’euphorie créée par la croissance induite par les modèles économiques financiarisés n’ont pas manqué de créer, malgré les capacités de résilience en raison de notre réserve, l’angoisse dès que les recettes de l’exportation de brut se sont réduites.
Le libre échange :
Le libre échange est le démantèlement des barrières douanières signifiant l’éviction du marché national, de la production interne faute de performances tant sur le plan de la qualité que des prix.
Le hasard a voulu que la, signature du traité de partenariat avec l’UE et les accords de la ZALE, intervient à un moment où les prix du baril de brut connurent une envolée spectaculaire, ouvrant grands les yeux et les appétits. Ces accords ont eu pour effet immédiat l’inondation du marché en produits d’importation faisant croire que la situation est acquise et que la vie allait continuer ainsi, sans travailler. Preuve en est, que lors de la crise de 2008/2009, les discours des politiques ont braqué l’opinion sur les capacités de résilience en affichant un ratio, de grand-mère, la couverture de nos besoins en importations par nos réserves financières, appelée « el bahbouha el malia » que tout le monde chantait comme une réalisation miraculeuse de notre bonne vision, alors qu’elle n’est que la conséquence du marché du brut.
La politisation des finances nous a conduit vers le mur, par ces subventions tous azimuts, égalitaristes subventions auxquelles émargent les pauvres et les milliardaires sans distinction.
Dans ce contexte personne n’a réfléchi à établir le bilan des relations avec l’UE en conséquence du traité de partenariat.
Pire, nous avons engagé depuis plus de deux décennies les négociations d’adhésion à l’OMC. Beaucoup, si ce n’est tout le monde, s’accorde à dire que cette adhésion sera la solution idoine à tous nos problèmes. Personne ne souffle mot pour dire que, de toutes les manières, la mondialisation de l’économie est une étape, sur le plan dialectique inévitable. Ce sont les conséquences, qui sont souvent éludées dans les interventions de nos experts. La mondialisation, a pourtant beaucoup été critiquée d’une manière acerbe, par les artisans même de cette politique et je me permettrais de ne citer que J.E. STIGLITZ, prix Nobel, membre du Council Advisers sous B. CLINTON, dans son livre « La grande désillusion ».
Ce n’est que récemment sous la pression des importations et du besoin de les réduire qu’ont été engagées les négociations de révision dont nous ne connaissons pas les résultats. Quant à l’adhésion à l’OMC, c’est le feuilleton sans fin.
Santé de l’Economie :
Tous les ratios macroéconomiques sont à l’orange clignotant, signalant un danger imminent que nous feignons d’ignorer, faisant confiance à cette capacité de résilience offerte par nos réserves financières et comptant sur une remontée, qui semble hypothétique des prix du pétrole, malgré les fameux accords récents de l’OPEP.
La réserve financière est entrain de fondre comme neige au soleil et le FRR a, déjà disparu et avec lui, les ressources de financement des déficits budgétaires.
Dans l’affolement généralisé, ce sont des mesures d’austérité qui tombent, après la fameuse loi des finances pour 2017, qui, rappelons nous a suscité moult interrogations et inquiétudes.
Cette érosion continuera, voire même s’accélérer, tant qu’un plan stratégique de relance et de sortie de la crise ne sera pas mis en place, et en œuvre.
Ce plan de sortie de crise, sera un véritable plan de résistance et consistera à construire une économie de production réelle de richesses, biens et services, planifié sur plusieurs années
Il s’agira :
– De relancer la production nationale en incitant au partenariat public (se qu’il en reste)/ privé, les privatisations ayant essuyé un échec cuisant (aucun bilan n’a été fait malgré les engagements des pouvoirs publics qui, d’ailleurs, les ont suspendues.
– Engager un plan sérieux de formation et de mise à niveau des capacités managériales, en optant pour les profils de compétences, de sérieux, d’intégrité
– S’engager dans les créneaux des nouvelles technologies avant qu’il ne soit trop tard et difficile de rattraper
– Mettre en place avec le plus grand sérieux et plus d’engagement, une vraie politique pour la rationalisation des consommations d’énergie et s’engager dans le développement durable
Le second axe, et certainement le plus prioritaire est l’agriculture dans l’option est, d’aller vers l’indépendance alimentaire.
Combien de plans de développement et d’aides ont été mis en place ? Pourtant nous continuons à subir les tensions de la flambée des prix, qui, nous explique-t-on, sont dues à l’offre insuffisante face à la demande. Le marché connait des évolutions en yoyo tant sur les plans des prix que de la disponibilité des produits. La pomme de terre ravit souvent la vedette, étant le légume essentiel dans la consommation des ménages. L’ail, quant à lui évolue en dépassant tout entendement.
Nous disposons de plus de huit millions d’hectares de terres arables(SAU). Pourquoi, au lieu de prendre des décisions, qui semblent hâtives, ne pas mettre en place un Plan National de Culture, qui s’adressera tant aux privés qu’au secteur public, un plan assis sur des mesures incitatives encourageant certaines cultures, un peu moins d’autres et en laissant au libre jeu de l’offre/demande le reste des cultures. Un peu comme la Politique Agricole Commune de l’UE.
Cette politique doit être accompagnée de la réalisation de marchés de gros, pour écarter les spéculateurs et autres affairistes qui s’amusent à stocker, à déstocker au gré de leurs envies.
Crise et austérité :
Dans le lexique national, chez nos gouvernants, le terme crise n’a été admis, que lorsque la tendance baissière des prix du brut a persisté et que les réserves financières ont atteint un plancher d’alerte.
Il fallait envisager cette politique de rigueur, de rationalité et d’austérité lorsque les caisses étaient pleines. On ne dicte pas à un pauvre des mesures d’austérité. C’est aux riches d’éviter le gaspillage et les dépenses superflues, les dépenses de prestige.
La manne financière devait être exploitée pour créer des investissements producteurs de biens, de richesses, créateurs d’emplois et éviter les constructions et les réalisations, qui même si elles embellissent les villes, ne donnent pas à manger, à l’exemple des parcs de loisirs, des palais de congrès, des mosquées grandioses, des résidences et des palaces quand bien même ces édifices enjoliveraient le visage du pays.
Les politiques populistes qui consistaient à farder les étalages de produits d’importation, devaient produire les effets attendus, ceux d’habituer et de former l’algérien au consumérisme et la farniente. Voilà venu le temps de la disette et comme le disait la fourmi à la cigale, dans les fables de La Fontaine : « Vous chantiez, eh bien dansez maintenant »
Les discours d’intention la main sur le cœur ne suffiront pas à convaincre les citoyens pour ces mesures d’austérité qu’il ne saisira jamais, lui qui est habitué de toutes les manières.
Les mesures de suspension des recrutements, des investissements ne feront qu’augmenter la précarité, le chômage déjà trop élevé et l’angoisse de toutes les couches de la population qui ne voient que des horizons assombris, tant par la situation que l’absence de plans ambitieux de relance.
Ménages, social, pouvoir d’achat :
L’urgence et la priorité est de voir de très près le pouvoir d’achat des ménages avant, que la situation ne prenne un chemin aventurier, le malaise social allant grandissant.
Au lieu d’augmenter la TVA uniquement, dont la conséquence sur le pouvoir d’achat est évidente, ne fallait-il pas chercher d’autres niches de fiscalité et d’envisager de réduire d’une manière substantielle l’IRG sur les salaires, comme par exemple exonérer les revenus (salaires, traitements, rentes viagères et pensions) jusqu’à un niveau appréciable équivalent au budget minimum de subsistance d’une famille de Quatre membres (80 000 DA).
Revoir le système de subvention, que nous ne pourrons jamais supprimer au risque d’explosion sociale, en attribuant aux familles dont le seuil de revenu est inférieur à 60 000 DA, des allocations directes, à la condition de procéder à un véritable recensement mené scientifiquement, pour éviter les détournements que nous avons connus dans les aides scolaires.
Et, encore une fois, engager une lutte sans merci contre l’emploi au noir, le commerce et les activités au noir, avec toute la rigueur et la force d’un Etat de Droit, une lutte impitoyable mais juste et équitable.
Ce n’est qu’ainsi que l’Etat regagnera la confiance des citoyens. Un véritable ETAT DE DROIT.
Arezki Maouche