Il y a certainement matière à s’inquiéter de ce que rien ne semble pouvoir provoquer un sursaut salutaire, contre les dérives incontrôlées dans lesquelles l’économie du pays a été fourvoyée. Comble de l’ironie, c’était pour « laisser le peuple travailler ». Une formule assassine de l’Etat patron et souverain sur les richesses nationales, qui aurait été un facteur de blocage des « énergies créatrices ».
Cela fait 25 ans que l’on attend la manifestation. Il y a bien du bruit qui a été et qui est fait et du spectacle « démocratico-islamiste ». En haut du podium médiatique, ce qui reste des effets de scène politique, soit la mobilisation contre le quatrième mandat de Bouteflika qui continue d’être le seul argumentaire en vogue, aurait dû suffire à qualifier la nature de ceux qui réclament, à travers cela, la « démocratie ».
Regardons-les, ils se sont mis ensemble, pour se tenir au chaud, pour paraître gros pour beaucoup, pour profiter de l’ombre fait par les plus gros, en attendant de grossir peut-être. Tout étant relatif par ailleurs. Ecoutons-les, surtout. Ils sont contre un mandat, ils ont accepté par anticipation que « le candidat du pouvoir » soit élu, tout ce qu’ils voulaient c’était de voir « élire » quelqu’un d’autre.
Tout le « changement » se résume à une permutation d’hommes, tandis que tout reste en place. Sinon, on aurait eu l’exposé du comment l’autre à qui Bouteflika aurait laissé la place aurait fait et par quel mécanisme Bouteflika lui aurait laissé la place.
Bref, rien de ce côté qui augurerait d’une dynamique de redressement de la barre, vers des routes moins problématiques. Une simple histoire de remplacement d’une clientèle par une autre, une simple histoire de convoitise de sinécures perdues où à conquérir.
Les élections comptent pour des nuages de fumée, destinés à la consommation de la piétaille. La capitainerie à venir, si les vœux sont agréés par l’armée, le DRS et tutti quanti, ne modifiera pas le cap, droit devant comme tracé quelque part dans les sphères mondialisées.
Tel que l’attestent les rapports cordiaux avec les chancelleries occidentales et la surenchère étalée, qui vise à s’attirer leurs bonnes grâces en se montrant plus fiables que Bouteflika et son équipe.
De quoi désespérer, quand on n’a aucune chance de voir porter haut un « projet de pouvoir » qui ne se dit ni « démocrate », ni « islamiste », mais qui soit clair sur ce qu’il y a à faire en termes d’une utilisation productive des deniers publics au service des multitudes.
Les gens de la masse que l’on n’entend pas s’y reconnaîtront, comme se sont reconnus leurs aînés dans les stratégies des premières années de la libération du pays. Pour le moment, ils contemplent, à l’occasion, le jeu politique, mais ils n’écoutent plus ni le « pouvoir » ni les « projets de pouvoir. Quand ils ont un problème, et il y en a eu, ils s’en occupent sans les politiques et invariablement leur problème est plus ou moins résolu.
On comprend, depuis un certain temps, qu’ils ne fassent pas dans la « démocratie » ou dans l’ « islamisme », même s’ils se plaignent du « pouvoir ». La recherche, certainement, de quelque chose de vrai, qui ne vient pas.