C’est quoi la laïcité ?

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29C’est temps-ci, il est beaucoup question de laïcité chez les musulmans en général et chez les Arabes et assimilés en particulier. L’heure est même grave, puisque cela signifie que soit remis en cause le droit de régner au nom de dieu. Allez donc faire accepter cela à ceux qui n’ont pas une culture politique de rechange. Et puis, il y a les peuples qui ont cette fâcheuse tendance à voter contre les « laïcs » et pour les religieux. Exit les communistes, ce sont des couches sociales nouvellement produites par les indépendances qui s’agitent autour de ce mot d’ordre.

Chez nous, le profil est globalement celui-ci : instruit, pratiquant une ou plusieurs langues étrangères, nourri aux canons de la modernité, cadre, profession libérale ou plus, et ne voulant pas subir la religion contre son gré.

A l’origine, là-bas, le profil était le suivant : révolté contre le pouvoir du clergé et favorable à une sécularisation de la vie politique et sociale. Les deux profils sont d’accord pour séparer la religion et l’Etat.

A côté, il y a la religion modérée. Elle est pratiquée par certains Etats de la manière suivante : le décorum religieux est confiné à la mosquée, aux fêtes religieuses et au statut personnel, l’alcool n’est interdit que durant le Ramadhan et le vendredi jusqu’après la prière, les femmes peuvent sortir seules et ne pas porter le voile, plus quelques autres transgression.

A ce titre Saddam Hussein, Boumediene ou Bourguiba étaient qualifiés de « laïcs », version musulmane. Dans ces cas là, la population elle-même est majoritairement peu regardante.

Mais, sur le plan politique il en est autrement. Il y a l’Etat, bien sûr, qui ne veut pas se séparer de son outil idéologique et il y a des gardiens du temple qui veille, dans un processus d’identification compulsif au dogme, à ce que le pouvoir se réclame de la religion. Les laïcs ont, ainsi, deux adversaires qui les accusent d’être contre la religion. Ce qui n’est pas tout à fait faux, ni tout à fait vrai, car le principe est de revendiquer le droit de choisir librement sa religion ou son opinion sur le monde et de ne pas être obligé de subir des règles, que l’on préfère accepter de son propre gré ou rejeter.

Au fond des choses, le principe est ailleurs, tout en assimilant les libertés individuelles. L’Etat n’a pas le droit de décider des opinions que le peuple doit avoir et de la façon dont il doit vivre sa spiritualité, sinon cela constituerait une atteinte aux libertés et entraînerait l’oppression d’une partie des citoyens dont les différences seront niées et qui seront réprimés quand ils transgressent le dogme dominant.

Reste à se poser la question pourquoi les pouvoirs Arabes et assimilés sont contre la laïcité. Eux disent que c’est parce que le peuple est majoritairement musulman. Ça ne tient pas la route ; le peuple n’a pas besoin du pouvoir pour pratiquer sa religion. Les minorités musulmanes la pratique bien là où elles se trouvent. La vérité est que le fait de tenir la religion a toujours donné l’impression de tenir le pouvoir et que, par les temps qui courent, aucun pouvoir ne peut faire autrement sans risquer, selon la conception dominante, un séisme politique.

Ceci étant, en dernière instance, la question de la laïcité est éminemment populaire et ne peut relever que de modifications dans la personnalité de base des peuples. Elle ne pourra être revendiquée que lorsque chacun trouvera anormal de se mêler des oignons de son voisin. Chose pas à l’ordre du jour, lorsque l’on sait qu’il est plus grave de « casser » le ramadhan en public que de voler.

Ahmed Halfaoui

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