La vertu a déserté le terrain chassée par l’hypocrisie. La haine a remplacé l’amour et l’égoïsme la solidarité. Les liens sociaux forts d’antan ont cédé la place à la matière, et l’argent est devenu le seul Dieu fort et adoré. Le mensonge est érigé en valeur et la vérité est voilée par ce brouillard qui enveloppe les hommes et qui les empêche de voir. Il n’y a de vérité que les discours qui endorment et promettent, pas ceux qui appellent à compter sur le travail et les relations amicales et sociales, les discours vantant l’intérêt commun. L’individu chasse la collectivité éclatée et lancée à la chasse de l’argent et de biens éphémères, passagers, sans poids. Il est fini le temps des tribus, des familles et de la société : chacun pour soi et crève celui qui ne peut pas. La recherche du plaisir, non partagé est le seul argument, la seule motivation qui anime les cœurs. Qui se soucie du pauvre, du malade, de celui que la vie n’a pas servi ? Marginalisé, il le sera davantage. Il sera oublié et on finira par lui reprocher même son existence, car il dérange tout au moins la vue.
La politique ? Le populisme gagne du terrain. La démagogie supplante la démocratie. Des promesses, qui d’emblée ne seront jamais tenues sont les seuls discours. Il faut faire appel à la populace pour se faire propulser, démocratie obligeant. Les promesses sont aisées à faire ; elles n’engagent que ceux qui y croient. Il faut faire de la politique soit pour se faire de l’argent ou bien parce qu’on a beaucoup d’argent. Après l’argent, la seule manière d’en jouir, n’est pas de le faire fructifier, en faire profiter d’autres par ruissellement, mais en exerçant un pouvoir sans limites. Qui osera contester la puissance de l’argent ?
La démagogie gagne du terrain et la démocratie recule. Elle avancera encore et encore jusqu’au jour où elle sera prise dans son propre piège : l’excès. Couplée à l’argent, la démagogie est imbattable. Mais, les richesses sont limitées et les partages finiront par être contestés. Alors naîtront des dissensions dans les rangs. Dès que les fissures seront visibles, les consciences s’éveilleront et l’indignation se transformera en révolte, puis en colère et en révolution. Cette évolution est dans l’ordre des choses, naturelle, dialectique. Il ne peut pas en être autrement. Alors, vous pouvez compter vos sous en long, en large, en travers, en marge.
Vous n’entendez donc point la colère sourdre, monter des entrailles des petites gens, celles qui n’arrivent pas à vivre de leurs sueurs, parce que, justement vous les avez détournées pour les transformer en flots d’argent dont vous ne savez plus quoi en faire.
Le combat sera dans votre camp, car un riche ne peut pas supporter plus riche que lui. Alors, vous vous entre –déchirerez et nous serons des spectateurs. A chaque fois qu’un d’entre vous tombera, nous tournerons nos pouces vers le bas, comme dans les arènes de gladiateurs.
Ces combats, vous les avez encouragés et ils sont parvenus même dans les familles où des fratries se combattent pour des intérêts sordides oubliant les liens sacrés de la famille. Les familles éclatent, une à une. Ce sera ensuite le tour des collectifs de plus en plus larges. Puis arrivera le tour de la société que rien ne retiendra plus, pas même la patrie commune, qui sera livrée au premier venu. Vous aurez beau crier au danger, à la main étrangère, ce sera un silence sidéral, voire pire, l’intelligence avec l’ennemi.
e terreau est prêt. Vous n’avez pas mis beaucoup de temps pour le préparer et pour cela vous avez été d’une grande efficacité. Vous avez produit une jeunesse amorphe versée dans l’illusion d’une belle vie, bercée par les volutes d’alcool, de drogue et les fiestas dans les gradins des stades, ces nouvelles arènes où se donnent en spectacles ces nouveaux gladiateurs des temps modernes que sont les footballeurs. D’un autre côté, vous vous servez de la religion pour endormir les plus réfractaires. Vous construisez des mosquées de plus en plus grandes et de plus en plus belles pour Dieu. Ne savez vous donc pas que Dieu n’a pas besoin de demeures, surtout construites hypocritement pour les utiliser à assoir votre pouvoir. Vous vous servez du Coran pour en faire commerce et faire croire qu’il ne nous est pas permis de contester le guide des musulmans. Pourtant vous savez très bien que de guide vous n’avez aucune qualité pour l’être. Vous n’avez pas été désigné par Dieu, mais élus par le Peuple que vous trahissez.
Comment croire en vous, vous qui ne servez ni le Peuple, encore moins la cause de Dieu. Car savez vous au moins que Dieu ne peut recommander de voler la collectivité, de lui mentir, et que le mensonge est la pire des fautes que réprouve la religion ?
Devant de bons résultats, c’est vous. Mais devant les échecs, vous dites que c’était écrit, par Dieu. Allons donc, Dieu a bon dos et vous pouvez le charger autant que vous voulez. Il observe et ne vous entend pas.