Débat sur l’Islam en France

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Abdelouahab Mokbi
Débat sur l’Islam, non! sur la laïcité! Nicolas Sarkozy se prend les pieds dans le tapis en essayant d’attraper la perche que lui tend Marine le Pen. Qu’importe l’habillage, le but du jeu est le même! Ce sont les français de confession ou simplement d’origine musulmane qui dégustent.   Du port du foulard, au debat tronqué sur l’identité nationale, en passant par le voile  intégrale, la classe médiatico-politique a bien du mérite de ne pas avoir le tournis à force de tourner autour du pot. C’est quelque part entre la danse amérindienne pour la prise du scalp, ici le foulard, et le harcèlement moral de masse.
Pendant que ses amis lancent des fetwas sur ce que doit être l’islam en France, Nicolas Sarkozy sort de sa réserve de président d’une république laïque pour développer le panégyrique de la chrétienté. Ce reflexe est indubitablement sous-tendu par une volonté de  pécher… pardon de pêcher dans les eaux troubles du front national.  Les concernés sont les seuls à ne pas être conviés au débat.
La sincérité des débats est aussi en cause. En s’inspirant de la notion de conflit d’intérêts remise au gout du jour par la scabreuse affaire du médiator, si chacun avant de se lancer dans les sempiternelles diatribes sur tout le mal qu’il convient de penser  de l’Islam décline son propre positionnement philosophique ou religieux. la probité dans les débats en gagnerait et l’éthique et la déontologie dans la communication n’en souffrirait pas! En revanche, l’amalgame de l’Islam avec des comportements déviants de personnes qui n’en ont   que la teinte est affligeant pour les musulmans.
L’ambiance exécrable qui s’en suit amène certains, à l’instar du directeur du Point, Claude Imbert, en toute impunité, revendiquait sur LCI en 2003, son islamophobie.
Débattons!
Débat sur l’Islam? Fausse donne ! C’est  sur la laïcité !  juste le temps de surligner que l’Islam n’est pas Laïque! coroborant ainsi l’imposture, sans avoir à le dire, que les autres religions le seraient !   Nicolas Sarkozy que le désarroi des sondages égare oublie que c’est la république qui est astreinte à veiller à une stricte laïcité dans son fonctionnement et dans son discours. Loin de ces considérations, il se fait épinglé par plusieurs hommes politiques et intellectuels en flagrant délit de prosélytisme   chrétien. A  la bonheur !  Doctrinairement, pour un musulman, les chrétiens
–Parole de Coran- c’est ce qu’il y a de plus proche.  Jacques Berque,  érudit arabophone et fin connaisseur de l’islam, Le fils de Frenda,  disait qu’il n’avait jamais songé à se convertir à l’Islam car il percevait, disait-il, « entre les deux religions, une homologie »
Le credo musulman implique de reconnaitre en Jésus le prophète né de la vierge Marie. La sourate éponyme, qui lui est consacrée, est l’une parmi les plus longues, les plus belles et les émouvantes du texte coranique. Nicolas Sarkozy cherche désespérément à se donner des airs de nouveau héraut de la chrétienté pour probablement gommer aux yeux de son électorat son coté « sang mêlé » comme il s’est définit lui-même. Je le défie de trouver ailleurs que dans le coran le dogme de l’immaculée conception  aussi délicatement énoncé et avec une tendresse divine incommensurable pour l’enfant, le prophète  et sa mère.
Si la quintessence du   « magnifique héritage de la chrétienté » s’articule autour de la bonne nouvelle que Dieu est Unique, qu’Il est Vivant et qu’il rétribuera les actions en fonction de leur sincérité en réservant « aux grands crimes de grands châtiments » (C’est une citation que j’emprunte à Hérodote, en l’adaptant), le concordat peut –être signé sans débat car il n’existe de discorde. il ne faut pas confondre sciemment  des tensions socio-politiques   telles qu’elles peuvent survenir avec une sorte de « haine ontologique » sortie,  subreptissement il est vrai,  par Luc Ferry dans un de ces débats télévisés.
A titre personnel, j’ai un souvenir vivace de l’émotion que ma première lecture de l’évangile de St Jean avait générée en moi. J’y ai trouvé de poignantes résonnances qui m’ont  conforté dans le bonheur d’être musulman. Je ne  comprenais pas que ce texte n’est  pas converti en masse au dernier message de Dieu qui vient parfaire et accomplir  le précédent. Jésus,  que St Jean fait parler ,  met en garde contre le risque de passer à côté du message du dernier prohète! ce n’est pas le débat du jour, d’accord!
Une chose est certaine, ceux qui s’évertuent à attiser la confrontation entre  musulmans et chrétiens, se leurrent profondément. Même victimes d’une sorte d’ivresse de la grande ignorance, il est  toujours temps pour chacun de ne pas mourir idiot. Déjà en ouvrant les yeux sur une réalité historique évidente : Il existe infiniment moins de malentendus entre chrétiens et musulmans qu’entre juifs et chrétiens. Et s’il existe une civilisation judéo-chrétienne, elle est alors fondée sur un différent  autrement plus irréductible car inscrit dans le dogme.
Je ne suis pas français mais j’ai trouvé François Bayrou courageux de faire observer que les racines de la France sont aussi bien juives que chrétiennes et aussi musulmanes.  ne compte-t-on avec des chiffres arabes., avait-il rappeler. Ce fût même une raison de se faire excommunier par Rome. La science et  la culture française ne se sont-elles pas avantageusement nourri de la  pensée musulmane d’Avérroès et d’Avicenne et de bien d’autres savants et philosophes musulmans dont Rome latinisait les noms pour que la potion passe mieux.  La culture  et plus globalement la civilisation françaises sont beaucoup  plus fortement imprégnées par l’héritage gréco-romain que judéo-chrétien. C’est cette image d’un joli diamant avec ses multiples facettes rayonnantes de milles feux qui plait et qui doit s’imposer aux esprits. La réponse  du chantre de la démocratie chrétienne à l’hypocrisie de celui qui entend se faire réélire en accrochant son wagon à   l’extrémisme de la fille de son père est absolument élégante. La richesse de la culture française n’est-elle pas dans sa diversité des identités et sa capacité d’accueillr, nourrir une pensée – pour rester fidèle à la citation d’Aristote- sans la cautionner pour autant.
Débat ! Quel débat ?
Pour l’instant le débat est univoque ! S’il est question de laïcité, c’est surtout le moins habilité à l’animer qui  se met en avant,   le président de la république. Les grandes formations religieuses brillent par leur absence. Nicolas Sarkozy donne l’impression  de vouloir  remettre sur le tapis le débat biaisé sur l’identité nationale d’Eric Besson. Si le débat porte sur l’islam, nous aurions jusque là entendu tout le monde sauf les concernés au premier degré.
Invitée du «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI», Marine le Pen entend interdire aux musulmans de faire leurs prières sur la voie publique, dans les caves elles la dérangeaient beaucoup moins ! Dans sa bouche les musulmans sont présumés coupables d’ostentation ! Elle  leur concède    tout de même le droit d’avoir des mosquées à la condition qu’elles ne voient pas ! Le voile retiré  aux filles, il faut vite le poser sur les édifices religieux des musulmans. Elle s’institue en véritable   architecte urbaniste. «à condition qu’elles soient modestes» et «pas ostensibles», « il ne faut pas que ce soit des palais », à la télévision, elle a mimé la construction de vagues cubes, sans signes distinctifs pour ne pas lui gâcher la vue ou la vie, je ne sais pas !
François Copé se révèle être un vrai mammouth rescapé de la dernière glaciation idéologique. Il veut que l’état décide de ce que doit ou ne doit pas dire un imam dans la mosquée  et d’envisager  l’utilisation, je présume exclusive, du français. Autrement dit, il se propose, lui, d’édicter leur  doctrinaire    aux musulmans et de choisir pour la langue liturgique.
La palme revient à Eric Raoult qui souhaiterait que les musulmans s’inspirent   de son « maître à penser »,  « Il faut que les musulmans s’habituent à une règle de vie. Il y a une phrase de Ben Gourion que j’aime beaucoup dans le judaïsme qui dit : « Juif dans son foyer, citoyen dans sa cité ! » Soit ! avoir deux  cœurs  dans la même poitrine : le premier pour aimer sa religion et le second pour la patrie. C’est, un choix! mais sans doute, n’est-il pas plus simple et plus  réaliste de se contenter d’un seul en se conduisant chez soi et dans la cité de manière à ce que la foi ne puisse à aucun moment constituer un obstacle au vivre ensemble. C’est plus conforme à la laïcité.
Un débat sur la laïcité où les fetwas sont formulées à l’emporte-pièce est forcément suspect d’arrière-pensées. S’il est tenu en l’absence des concernés, il devient  franchement déloyal.
Abdelouahab Mokbi
Algerie Network
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