« Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. », Nicolas Boileau, extrait de l’art poétique
J’entendais me tenir étranger à la contre-enquête sur Meursault. A peine, avais-je été attentif aux turbulences générées par l’exhumation du dossier de l’arabe assassiné par, je ne sais, Camus ou par son personnage. Rarement le cadavre d’un anonyme sans nom, histoire, une sorte de sans-papiers sur la terre de ses ancêtres, ne fut autant disséqué ni rendu aussi célèbre. Le Livre de Kamel Daoud n’a pas suscité d’engouement débordant.
Une expertise d’un homme dont l’art d’écrire n’est plus à mettre en exergue, Rachid Boudjedra, et qui n’a pas la langue dans sa poche puisque il n’avait pas tergiversé pour traiter Rachid Mimouni – de son vivant, évidemment- d’ « écriveur de discours », est venu rassurer ceux qui ne se sont pas précipités pour encenser ce gars bien de chez nous et qui a réussi là-bas chez eux ! : « Il n’y a rien dans ce livre »; il enfonce le clou en précisant qu’il s’agit d’« un livre médiocre, sans construction ni philosophie » ; « Toute cette affaire est une histoire de complexe ». On a envie de le croire. D’autant que l’auteur lui-même souligne qu’il ne s’agit pas d’un essai (sur Camus) ; comprenez que c’est un roman.
Cependant pour Alain Vircondelet, écrivain et universitaire, chez Finkielkraut sur France-Culture, « le roman est dans les cinq dernières pages. » C’est maigre ! Exit donc ces éloges émis sur le net par ceux qui entendaient s’approprier le succès du chroniqueur à moindre frais ! Ceux qui, comme moi, furent contraints de faire prévaloir leur droit à se taire pour échapper à l’accusation de jaloux en osant critiquer l’outrecuidance du jeune premier furent soulagés par ces avis autorisés.
La Manne
Et alors que l’on se réjouissait sous cape de voir cette affaire sombrer dans l’oubli, voilà qu’un autre ténébreux arabe, autoproclamé leader salafiste, s’autorise à souffler sur les braises pour sauver la contre-enquête d’une fatale hypothermie. Se prenant pour une juridiction à lui tout seul, il délivre une fatwa providentielle incitant au meurtre du chroniqueur. Intolérable.
La déception de la non-consécration par le prix Goncourt 2014 à peine dissipée et voilà que la stupidité vient pallier la décision du jury parisien. L’«’affaire » est maintenu à flot dans l’actualité. La controverse suscitée par les déclarations de l’auteur de Meursault, contre-enquête chez Pierre Elkabbach, Laurent Ruqier et autre Alain Finkielkraut, est tuée – excusez, la mort est omniprésente ici, – dans l’œuf sous l’avalanche de condamnations et d’indignations qui renchérissent les unes sur les autres dans le registre de la vertu, mais qui restent cependant incontestablement légitimes.
Les soutiens dithyrambiques sont ragaillardis. Bernard Henri Levy saisit l’opportunité au vol pour ramener sa fraise. Et l’autre qui entonne « nous sommes tous des Kamel Daoud ». J’ai envie de lui répondre : « Kamel Daoud toi-même !». Il faut savoir raison garder. Si indubitablement l’urgence est au débat, il conviendrait d’avoir présent à l’esprit que la condamnation sans équivoque de l’appel au meurtre ne vaut pas caution pour les propos souvent outranciers du chroniqueur.
Camus, algérien malgré lui
Entre la plaidoirie pour l’Algérianité post-mortem de Camus et la revendication pour lui-même de cette même identité en prenant bien soin de la tronquer de l’arabité et sur le contenu de laquelle il fait preuve d’une loquacité qui n’est pas à la hauteur de sa plume, je subodore chez lui le désir d’être agréable à Camus et surtout à sa « mère ».
À l’inverse, Salah Guermiche, auteur du livre Aujourd’hui Meursault est mort, Rendez-vous avec Albert Camus (juin 2013), revisite Camus avec beaucoup d’honnêteté intellectuelle, de circonspection et de respect mais sans le sacraliser ou lui accorder d’immunité particulière. Comme Edward Saïd, il refuse de voir dans Meursault « une parabole de la condition humaine ». A ses yeux, gommer l’identité du personnage de l’Arabe c’est confirmer « la primauté coloniale par l’inégalité de traitement des protagonistes », nous apprend Emmanuelle Caminade présentant l’auteur.
Camus, aussi sensible qu’il ait pu l’être à la misère du peuple algérien et aux injustices qu’il subissait, avait clairement choisi son camp. Plus que de ne pas remettre en cause l’ordre colonial, il a fait chorus avec ses suppôts. A Stockholm il se positionne contre le combat du peuple algérien pour son indépendance et avec les moyens qu’il s’est donné, à son corps défendant, la lutte armée ; « Je dois condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice. ». Il ajoute dédouanant la soldatesque coloniale pour ses crimes et exactions : « c’est ma conviction la plus sincère, aucun gouvernement au monde ayant à traiter le problème algérien ne le ferait avec des fautes aussi relativement minimes que celles du gouvernement français. ».
Ce n’est pas Massu qui parle mais bien le récipiendaire du prix Nobel.
Nous sommes en décembre 1957, Hubert Beuve-Méry, le célébrissime journaliste et fondateur du journal Le Monde aurait eu ce commentaire « Je savais qu’il dirait une connerie ». C’est aussi vain de se tortiller pour chier droit que de se fouler les neurones à chercher des fondements nobles à la posture de Camus vis-à-vis de l’une des guerres de libération les plus emblématiques du 20ième siècle.
C’est cette connerie que Kamel Daoud exploite pour pleurnicher sur une « Algérie française » que son ami journaliste français et proche de Camus, Jean Daniel, l’a sans doute encouragé à mener. C’est lui qui a signé le soutien fermement ficelé et le plus parlant, déposé sur le site biblioobs.nouvelobs.com : « je connais Kamel Daoud, pour avoir partagé un repas avec lui et pour l’avoir entendu commenter nos proximités. Il m’a estimé digne de juger sa fidélité à Camus et j’en suis très fier. Bref, nous ne voulons pas que l’on touche à Kamel Daoud.». Notez le passage du pronom je à celui de nous. Je ne suis presque plus inquiet pour le chroniqueur !
Le paradoxe dans cette « affaire » est que la polémique ne se soit pas nouée autour de la critique du contenu du livre, travail de commande – de l’aveu même de l’auteur-. Les remous médiatiques furent pour l’essentiel provoqués par le discours développé de manière décousue et truffée de sentences à l’emporte-pièce, le plus souvent choquantes et pour le moins hasardeuses. A l’évidence, il est allé au charbon pour étayer les chances d’une probable consécration parisienne.
Il y a entre l’ambition de l’auteur et ceux qui l’ont fait rêver sur un miroir aux alouettes, un accord tacite ; se conformer à une vision camusienne d’une Algérie peuplée presque de spectres d’ « arabes ». Le mot revient, pas moins de vingt-cinq fois dans le livre de Camus pour désigner une source de menace tantôt « adossés à la devanture du bureau de tabac », tantôt « couchés, dans leurs bleus de chauffe graisseux ». Réifiés par Camus, ils obtiennent sinon une identité du moins le statut d’indus-occupants chez Kamel Daoud. La contre-enquête sur le meurtre de Meursault se transmute sur les plateaux de télé en procès de l’arabe, malade de son Islam.
Patte blanche au pied-noirs
Kamel Daoud chroniqueur aguerri sait qu’écrire des bêtises que ne lirons que ceux qui sont en phase avec vous et les dire dans des espaces ou le public ne vous est pas forcement acquis sont deux modes de communications différents. Le chroniqueur devenu subitement écrivain ne va de main morte, encore moins avec le dos de la louche.
Il commence, dès le 2 septembre sur l’écho d’Oran, à déverser son fiel sur cette « Algérie incroyablement sale », s’interrogeant « pourquoi les Algériens, en majorité sont–ils sales ?». Non que ces problèmes de salubrité publique n’aient pas une certaine réalité et seraient donc tabous mais Kamel Daoud les enfourche pour regretter que cette terre ait pu valoir tant de sang.
Le chroniqueur ne se contente pas de revisiter l’œuvre de Camus, comme le laisserait supposer le titre de son travail littéraire; il se fait le chantre de la néo-colonisation; Il invective les historiens anticolonialistes les plus respectés. Ce qui lui servira de raccourcis pour émettre sa première fatwa, à savoir que cette terre d’Algérie n’aurait jamais dû échoir à ses libérateurs mais doit être restituée à ceux qui la mériterait le plus. Aux pieds-noirs, évidemment, à qui il montre de façon bien ostentatoire patte-blanche. Il pérore, dénigrant la lutte de libération, qui fût incapable d’enfanter un Mandela qui aurait eu le charisme de dissuader ces Algériens de prendre volontairement le navire. Il fait feu de tout bois pour réhabiliter « l’Algérie française ». Bref, on est pas loin du Zemmour pour qui l’Algérie serait une invention coloniale et aurait dû garder ce statut. Ahurissant, lamentable !
L’Algérien, arabe sous l’emprise de l’islam
Les musulmans en prennent plein la poire ! Le vendredi est, assure-t-il à Alain Finkelkraut, le symbole de la défaite spirituelle du monde dit arabe. C’est le jour qu’il abhorre le plus, « Jour détestable, symbole d’oisiveté et de paresse spirituelle, avec ces minarets hideux et les muezzins qui vocifèrent. ».
Il fait la leçon de l’hygiène qui ne consisterait donc pas à se laver leurs pieds dans les mosquées. Oublieux que la zakat est un fondement du credo musulman qui impulse une entraide sociale d’envergure, même si son efficience liée à sa collecte et à sa redistribution est discutée et discutable, il leur reproche de ne pas faire de « l’Abbe pierre un métier de musulman ».
Amalgamant le fait que la foi du musulman soit fondée sur le credo d’un Dieu omniscient et omnipotent unique et la notion de pensée dogmatique figée, les musulmans ne seraient pas plus que de serviles pantins d’une pensée unique. Alors même, que cette pensée islamique s’articule autour de quatre écoles, chacune respectueuse des trois autres et qui coexistent de façon admirablement harmonieuse.
Les divergences entre érudits sont perçues comme une mansuétude divine entre les adeptes de cette religion. Eva de Vitray de Meyrovitch, qui a fait découvrir Roumi, disait son incompréhension de voir en occident, des philosophes de rang magistral et être ignorant de la pensée islamique !
Kamel Daoud s’enorgueillit de prolonger le mythe de Sisyphe de Camus pour s’acharner à tuer Dieu. Sa liberté, c’est le combat de sa vie, dit-il, -depuis qu’à dix-sept ans il s’est extirpé de la religion- consisterait-elle à sauter dans le jardin des autres pour piétiner leurs plates-bandes ? Il déblatère sur la foi des musulmans pour les froisser, voire les blesser collectivement alors même que son sujet est censé se polariser sur le meurtre sans motif de l’arabe sans identité froidement achevé par Meursault qui crible le corps inanimé de quatre balles. Pour le moins, il aurait pu se risquer à diagnostiquer une sorte de haine tranquille.
Kamel Daoud, une imposture intellectuelle
Trouver un job pour le bon arabe est une chose que l’on sait faire admirablement à Paris. Kamel Daoud postule-t-il ? Il dénonce le soutien des Algériens aux palestiniens, il serait de nature tribale. Ils mériteraient ce qui leur arrive car ils se trahissent les uns les autres. Abderrahmane Semmar résume bien la religion de Kamel Daoud sur la question palestinienne : « La Palestine est ce pays qui sert à dire que les Israéliens sont mauvais par nature, pour faire oublier que les « arabes » sont pires.»
En défrayant la chronique ainsi, Kamel Daoud a donné entière satisfaction à ses amis qui lui ont commandité le boulot. Comme pour la terre algérienne, la Palestine ne saurait être entre de meilleures mains que celles de ses usurpateurs. Ce lâchage de la lutte du peuple ou cet engagement en faveur de la légitimation de la mainmise du sionisme sur la terre d’un peuple exilé ou emmuré dans des territoires, fait office de cerise sur le gâteau. Le jury du Goncourt a du se raviser d’accorder la consécration ; pourquoi payer plus cher une compromission largement acquise.
Kamel Daoud, Boualem Sansal mêmes ressorts
Le parcours bien balisé de Boualem Sansal, débute par l’insulte faite au combat du peuple algérien le réduisant à « terrorisme et diplomatie », emprunte la voie de l’antislamisme primaire, haineux et grossier et passe par l’abandon de tout sentiment de compassion vis-à-vis des souffrances du peuple palestinien. Il décrète mordicus qu’ « il n’y a pas de fait colonial israélien » pour ensuite aller se sanctifier devant le mur des lamentations. Son adhésion aux thèses sionistes est sans retenue.
La lettre ouverte que lui avait adressé l’écrivain algérien Salah Guemriche, en 2012 pour le dissuader de s’enliser dans ce révisionnisme abject nous fait deviner un Sansal sourd à tout argument même ceux émanant de citoyens israéliens courageux. Face à l’évidence, force est d’admettre que le zèle, chez ce natif de Théniet-el-Had, est là, reste la conversion.
Aux dernières nouvelles, Il s’est présenté avec sa gamelle pour prendre sa soupe au fameux diner du Crif. Il assume joyeusement son allégeance ; « Je suis allé à Jérusalem… et j’en suis revenu riche et heureux ».
Kamel Daoud cherche-t-il à devenir l’émule de Sansal ? Il est dans son sillage. Ils exploitent tout deux le filon du reniement en toute indécence et à l’abri de tout contradicteur, ils dénigrent les musulmans à tous bout de page. L’un et l’autre sont inconsolables que les français aient quitté cette terre d’Algérie qu’ils chérissaient tant. S’agissant du bon usage du français, on est loin de la conscience de Kateb Yacine pour les risques d’aliénation inhérente à la francophonie et qui déclarait en 1966 : « j’écris en français pour dire aux français que je ne suis pas français ». Même si l’obsession de se disculper d’être « arabe et musulman » comme pourrait le laisser supposer le teint basané et les cheveux frisés est présente chez les trois et chez bien d’autres qui caressent l’espoir de décrocher le sésame d’une reconnaissance parisienne à faire jaunir de jalousie des gens aigris comme nous autres citoyens lambda. Du moins, c’est ce pensent beaucoup d’imbéciles !
Amour, liberté et sens de la responsabilité
Plongé dans cette contre-enquête un peu malgré moi, je constate, tout de même, qu’elle a mené Kamel Daoud à se pavaner sous les sunlights parisiens ; moi je continue comme Camus à vivre » comme je peux…dans un pays malheureux » où les gens se haïssent si cordialement que les uns ont toujours de bonnes raisons d’attenter aux libertés des autres. Ils mettent tellement de cœur à saper les chemins qui montent vers le bonheur qu’ils paraissent pitoyables.
Cette propension à ostraciser l’autre, voire à le supprimer avec une désarmante bonne foi en mettant en avant qui l’amour de la terre qui l’amour du ciel que visiblement tous nous avons beaucoup de cœur mais peut-être pas toute notre tête. Nos certitudes sont effrayantes ; le doute qu’ Edgar Morin ( Amour, poésie, sagesse.) puisse avoir raison de soutenir que « … la beauté de l’amour, c’est l’interpénétration de la vérité de l’autre en soi, de celle de soi en l’autre, c’est de trouver sa vérité à travers l’altérité. » ne nous effleure pas l’esprit. C’est pourtant là, la quintessence de l’enseignement du prophète ; Ceux qui s’égosillent à nous en faire la leçon et à débiter des jugements sous forme de couperets oublient que ceux qu’ils condamnent si définitivement sont faits à leur propre reflet. D’autres se complaisent et s’avachissent dans l’outrance.
N’est-ce pas que Kamel Daoud est si peu Algérien en piétinant les fondements de l’identité algérienne auxquels le peuple, j’entends ici la majorité écrasante de la population est viscéralement attachée à la définition magistrale érigée par Abdelhamid ben badis comme un rempart inexpugnable devant l’entreprise d’acculturation et de déracinement par la colonisation française.
C’est cet attachement indéfectible qui fait que malgré sa posture de rebelle, Daoud Kamel est perçu comme un néo-harki. Comment comprendre puis admettre qu’il fustige le peuple qu’il dit aux trois-quarts « ignare, insouciant de la terre à transmettre, sale, incivique et intolérant » pour revendiquer pour Camus et les siens cette terre généreuse et son ciel bleu ?
C’est un révisionnisme honteux. Meursault a déteint sur Kamel Daoud qui « refuse de mentir » mais à force d’excès, il en arrivera fatalement à devenir étranger à cette Algérie, multiple, belle et accueillante que nous appelons, tous, de nos vœux. Pour cela, il est impératif que chacun retrouve l’estime de soi, basta l’auto-flagellation, et de s’aimer davantage. Indubitablement « Il n’y a pas d’amour sans liberté. » Mais cette liberté n’impose pas de s’exprimer par la négation des attributs de l’autre mais par l’affirmation de ce que l’on est ! Cette liberté a pour corollaire le sens de la responsabilité !
À l’instar de Salah Guermiche, on devrait être tous suffisamment jaloux de notre propre liberté, pour veiller à ne jamais contester celle des autres. Cela rend inutile de jouer les héros en se taillant la stature du réfractaire politiquement correct en s’obligeant à toutes sortes de transgression. Le cas échéant, les limites seront vite franchies et il n’y aura plus de bornes pour éviter l’irréparable.
Je voudrais pour terminer rassurer Kamel Daoud. Ma foi n’est pas une constante nationale. Je n’ai pas d’inquiétude particulière qu’il puisse l’ébranler avec ses élucubrations intellectuelles.
Pour répondre à l’injonction du prophète de la renouveler avec constance, je la remets volontiers en jeu chaque jour. « L’absurdité est surtout le divorce de l’homme et du monde » c’est du Camus et ça me convient. Les contrariétés telles qu’il peut m’en poser m’aident à la polir et la raffermir.
Mon dernier mot ? Sale et méchant, je ne désespère pas d’être agréable à Dieu un jour ; heureux, je le serais alors, car IL m’aura préservé du travers suicidaire d’être renégat et arrogant !
Chacun sa vérité mais paradoxalement nous pourrions nous rejoindre autour de cette pensée pénétrante de l’Imam Ali qui se désolait que « la masse des détracteurs d’une vérité grossit proportionnellement à l’intensité de sa la clarté ». D’ici là, toute rancune serait puéril !
Abdelhouahab Mokbi
Maître de conférences, université de Mostaganem