Le capitalisme des illusions

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En période de menace sur la stabilité économique, de fermeture des perspectives ordinaires des pères de famille et des jeunes, à l’assaut de la réussite, la première chose qui s’installe dans la tête des gens est la peur du lendemain, le désarroi de la perte des repères. La colère ne viendra qu’après, souvent trop tard, lorsqu’il n’y aura plus rien à défendre et tout à reconquérir. Il se peut, aussi, qu’entre temps de nouveaux mécanismes de pouvoir se soient mis en place, portés par ceux-là même qui ont cru y voir une issue salvatrice.

Dans ce cas précis, c’est le désordre capitaliste qui pousse vers le rétablissement d’une sécurité supposée. Devant les fermetures des possibles, les suppressions d’emploi, la dégradation des services publics, le sentiment d’abandon, la précarité insupportable, le plus souvent, les individus ne voient pas la faillite d’un système, mais celle des valeurs morales ou celle de l’intérêt national, dans le meilleur des cas l’affaiblissement de l’Etat, devenu impuissant à assurer ses missions de père tutélaire.

Monte alors en puissance le désir du rétablissement de l’ordre, quitte à passer par l’instauration d’un régime d’exception. Seul compte, en ce sens, le refuge dans le giron de providentiels sauveurs. Les puissants, quant à eux, ont depuis longtemps prévu ce type d’issue. Eux savent de quoi pourrait être faite la réponse à leur incapacité de maintenir la paix sociale. Ils se préparent en conséquence à rien laisser au hasard. Ils doivent retirer d’abord ce qui a été cédé, ce qu’ils sont en train de faire, par petites touches, avant d’y aller franchement.

A commencer par ces droits consentis sous les coups de boutoir des mouvements sociaux et permis par l’opulence. Le droit du travail, le droit à l’école, à la santé, à la protection sociale…Autant de centres de coûts qu’il n’est plus possible de supporter, sans grever lourdement les profits. Mais, les puissants savent qu’ils doivent éviter l’explosion qui peut les emporter. Ils ont ce qu’il faut pour parer à cette éventualité.

Déjà la démocratie a été vidée de ses principes les plus élémentaires sans que, en face, le « peuple souverain » ait trouvé beaucoup à redire. Sauf à manifester sous la matraque policière, comme en Grèce, en Espagne ou en Grande-Bretagne, il n’y a rien qui augure d’un éveil circonstancié contre l’éventualité lancinante d’une mise au pas programmée des dernières résistances au diktat des maîtres de la finance.

Ainsi, le fascisme pourra, un jour ou l’autre, se présenter en vrai visage de la « démocratie de marché », de plus en plus mal en point. Ce jour il sera inutile d’avoir compris la décérébration qui a été subie, car il n’y aura rien à quoi accrocher la moindre possibilité de salut. Dans ce cas, les libertés tant chantées n’auront été qu’une amère illusion balayée par la vérité d’une société bâtie sur la soumission consentie et non sur les chimériques professions de foi des bonimenteurs. A ce moment, la soumission imposée sera la règle et aucune place ne sera laissée aux faux-semblants d’une ère révolue.

Ahmed Halfaoui

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