Le propos est délibéré même si l’improvisation était feinte. Décryptons donc cet impensable et scandaleux dérapage contrôlé. Il insinue honteusement un amalgame irrecevable entre l’antisionisme des algériens et l’antisémétisme. De plus, cette accusation en filigrane de ce qui se voulait une plaisanterie, quoique de mauvais goût – Normal c’est du cru de Hollande-, destinée à caresser dans le sens du poil l’intégrisme sioniste qu’attise consciencieusement le CRIF en faisant défiler chaque année quasiment l’ensemble de la classe politique française , que dis-je, la république afin de stimuler le zèle des uns et des autres en faveur des thèses sionistes.
Ce faisant, cette sortie présidentielle est un morceau d’anthologie pour illustrer, plus que l’inélégance, la goujaterie d’un président « normal » que la France s’est offerte par défaut et qui pour survivre doit faire du zèle pour épater le CRIF en recourant à des blagues inadmissibles et outrageantes pour les algériens qui seraient prompts à trucider leurs hôtes juifs. Ils ont pourtant reçu son chef du gouvernement, en grande pompe, scellant amitié affichée par-ci et signant juteux contrats par là. Lui-même avait été reçu de fraiche date trimbalant la sans-papier, sa compagne -elle aime bien le mot- au statut restreint ; je veux dire celle dont M. Denis Trierweiller ne veut plus qu’elle persiste à porter son nom sous le fallacieux prétexte qu’ils furent mariés; celle qui agace à vouloir faire la journaliste à Match à partir de première loge, mais enfin ! Vous reconnaissez la P…. qui squatte l’Elysée (merci Serge Reggiani de venir à mon secours ; Ségolène appréciera)
Chacun comprend que Le manque de considération et d’égards, à leur encontre et vis-à-vis de leur pays, véhiculé par l’indélicatesse de François Hollande puisse dépiter les algériens -je ne résiste pas à le faire- Royalement, Pardon Ségolène. Cependant, je crois que mes compatriotes sont surtout blessés par le questionnement, plus intérieur, auquel les renvoie l’outrecuidance du caniche de service du CRIF: L’image de leur pays serait-elle si flétrie, pour ne pas dire dégradée, pour que l’insipide François Hollande, qui a fait carrière en ne faisant pas de vagues et dont tout le monde rit sous cape, se permet de les offenser avec désinvolture et si impunément à coups de railleries de bas étages?
Les Algériens entretiennent une relation qui s’articule de manière complexe avec le gouvernement de la France, le peuple français, la culture et la civilisation francophones. Ces liens, de nature différente interagissent et fluctuent selon les conjonctures politiques ou tout simplement selon les évènements qui font l’actualité, déterminent un sentiment globalement positif chez les algériens envers la France, et ce en dépit du passif colonial non purgé. Cette réalité n’est pas accessible à l’entendement de François Hollande à cause d’un déficit patent de la nuance. Etaler sa mauvaise éducation n’est une prouesse pour aucun malappris encore moins donc pour François Hollande.
L’indignation des autorités algériennes n’a probablement pas brillé par sa fermeté et sa promptitude. J’avoue que personnellement la réaction timorée de notre ministre des A.E. Ramtane Lamamra, qualifiant les propos orduriers de François Hollande « d’improvisation périlleuse « , m’avait ulcéré dans un premier temps. Je l’avais plutôt trouvé d’une indécence révoltante car empestant la complaisance! Selon le quotidien El-Watan du dimanche 22 décembre, globalement la classe politique algérienne n’a pas apprécié la posture du pouvoir pour faire face au coup de tonnerre provoqué le président français en pleine embellie dans le ciel des relations algéro-françaises. Les politiques français ont eu des mots autrement plus durs qui contrastent avec la mièvrerie des dirigeants algériens. L’impair n’est pas seulement maladroit et déplacé; à ce niveau de la représentation de l’Etat, il est « indigne », pour l’UMP. Quant à Jean Luc Melenchon , co-président du front de gauche, connu pour ne pas sa langue dans sa poche, il le trouve « nauséeux ». Aujourd’hui, je suis plutôt dans l’expectative. En effet, là où on pourrait voir mollesse et pédante pleutrerie, d’autres y voient retenue et sérénité. Alors on est amené subrepticement à se demander si Ramtane Lamamra n’a tout simplement pas donné une leçon de courtoisie et de bienséance diplomatique à François Hollande en mettant à nue la veulerie du président français.
Il est tout de même utile de rappeler à François Hollande que des personnalités juives sont venues en Algérie à des moments où la question sécuritaire se posait en termes autrement plus cruciaux sans que la vie de ces personnes n’est été particulièrement menacée en raison de leur confession ou que la capacité de l’Algérie à assurer leur sécurité ait été soulevée. On peut citer Simone Veil, Jack Lang, Bernard-Henri Levy, André Glucksman et le tonitruant Daniel Cohn-Bendit qui a pris le temps, en 1998, de s’enthousiasmer pour Alger « plus belle ville au monde », dit-il.
Le ressort caché de la pulsion irrésistible de François Hollande !
Aux dernières nouvelles François Hollande dit regretter l’interprétation qui a été faite des insanités proférées ; qu’à cela ne tienne, proposons-lui une autre!
Quelle mouche l’a donc piqué, lui le laïc et républicain pour se hasarder à une piteuse bouffonnerie, commise pour amuser la galerie du CRIF ? il l’a fait dépens des algériens,- soit !- mais en pointant la judéité de son ministre ! Par ricochet, il met sous la lumière la représentation communautariste dans le gouvernement « Ayrault 1 » ! C’est là une entorse à la règle sacro-sainte de la république française qui proscrit le recensement ethnique au point de faire dire à Jean-Yves Camus, journaliste de confession juive et pratiquant, « chez nous, les chiffres constituent un tabou : la Torah, comme la république, interdit le recensement des juifs ».
Le fin mot de l’affaire tiendrait, sans doute, dans le désir de faire valoir la forte représentation des personnalités juives dans le gouvernement « Ayrault 1 ». Ce qui le place automatiquement dans une posture d’attente pour le renvoi d’ascenseur afin de le sortir de l’impopularité au fond de laquelle il s’enlise inexorablement. Plus il galère dans la mélasse et plus il collectionne les records ! Avec presque 80% d’insatisfaits selon un récent sondage IFOP, François Hollande bat le record d’impopularité d’un président français depuis 1958.
Il n’y a, alors, rien de mieux indiqué que d’aller pérorer son allégeance absolue à Israël et faire un appel du pied pour un appui puissant à la communauté juive en exhibant patte blanche aux cérémonies du CRIF, ce « haut lieu de toutes vanités », dit Jean-Luc Mélenchon. Ce lieu incontournable pour l’ensemble de la classe politique française ; il reste, tout de même, plus séant que le rituel du mur des lamentations avec kippa de rigueur auquel devait satisfaire toute ambition politique après l’élection de François Mitterrand de mai 1981.
Que d’encre n’a-t-on pas versé sur l’efficacité du vote juif dans la victoire électorale socialiste ! François Mitterrand qui promettait aux juifs, dès 1972 : « Si nous venons au gouvernement, vous pouvez être sûrs que nous serons des amis fidèles d’Israël. » . il avait tenu parole. A peine installé, il fait faire à son ministre des relations extérieures, Claude Cheysson son premier voyage à l’étranger pour Tel-Aviv avec mission de rassurer Israël sur la fin de la fameuse « politique arabe » de la France. Lui-même fut le premier président français à effectuer une visite officielle en Israël et il prononce un discours remarqué à la Knesset. Les accointances du parti socialiste avec le mouvement sioniste ne font plus débat. Je ne sais qui de Simon Peres, Menahem Begin ou Ishak Shamir finira par délivrer un satisfécit à Mitterrand en déclarant « qu’ [il] n’irait pas jusqu’à dire que c’est un militant sioniste mais c’est le meilleur ami d’Israël »
La présence de ministres juifs dans un gouvernement français n’est pas une question anodine. Il faut se souvenir que le premier télégramme que Jacques Chirac avait reçu, après la formation de son gouvernement pour la première cohabitation, mars 1986 à mai 1988, émanait du premier ministre israélien de l’époque Itzhak Shamir ( ?) l’interpelant sur l’absence de ministre de confession juive au sein du gouvernement qu’il dirige. Impensable intrusion dans les affaires d’un pays souverain, aussi ami soit-il, mais, quoique la chose fût gérer dans la discrétion, l’information était sortie sur le nouvel observateur.
En conclusion, la théâtralisation de l’impair de François Hollande est destinée à faire le buzz, consentir à regretter « l’interprétation qui en est faite » est un minimum syndical de la bienséance diplomatique ; s’en excuser c’est gâcher tous les bénéfices engrangés auprès de la nébuleuse sioniste du CRIF. Le ressort du comportement outrancier et dument prémédité est du même acabit que celui qui avait incité Lionel Jospin, février 2000, alors qu’il était le premier ministre du président Jacques Chirac, à provoquer les étudiants palestiniens de l’université de Bir Zeit, en condamnant la résistance des libanais du Hezbollah contre Tsahal. Evidemment que Jospin avait là aussi succombé au syndrome mitterrandien. A son retour à Paris, il s’est fait vigoureusement rappeler à l’ordre d’ailleurs par le brave Jacques Chirac qui lui avait réaffirmé sans ambages que « Remettre en cause notre impartialité serait porter atteinte à la crédibilité de notre politique étrangère et à la capacité de la France d’agir pour la paix. ». Lionel Jospin, caillassé par les palestiniens, fut mis à la retraite anticipée par les français. Il a appris à ses dépens la sagesse arabe que des vents peuvent se lever dans des directions que n’apprécient pas forcement les capitaines de voiliers.