Le nœud gordien algérien
Mustapha Benchenane, politologue, Université Paris-Descartes Sorbonne
Brahim Senouci, physicien, Université de Cergy-Pontoise
Onzième partie : Identité et haine de soi
La haine de soi, ou autophobie, n’est pas une spécificité algérienne, ni une singularité temporelle. C’est un sentiment qui plonge au fond des âges et qui ne s’est jamais démenti, et qui a touché à des degrés divers une très grande partie de l’humanité.
Haine de soi, haine de l’autre…
Il existe deux expressions de la haine : la haine de l’autre et la haine de soi. Cornélius Castoriadis ne les sépare pas. Elles ont en effet une racine commune, le refus de ce qui est perçu comme étranger. Ce refus n’est pas conscient. Il est lié à ce que Leibniz appelle monade, ici monade psychique, qui constitue l’unité première de l’être, celle qui ne se soumet pas aux influences extérieures, celle qui, en somme, ne fait pas semblant. Un individu qui se socialise doit se soumettre à des conventions, à une norme, même si celles-ci lui répugnent. Il donne l’impression, y compris à lui-même qu’il les a intégrées mais sa monade les refuse parce qu’elle les considère comme étrangères.
La haine de soi peut se définir comme étant le reproche permanent qu’adresse la monade à l’individu de l’avoir contrainte à revêtir une forme non désirée parce qu’étrangère, hostile puisqu’elle la remet en cause. Le philosophe juif Theodor Lessing, dans son livre « La haine de soi juive » paru en 1930, en donne une illustration très éclairante.
L’ouvrage retrace les destinées de six juifs allemands, brillants intellectuels, totalement assimilés, tellement germanisés que leur judéité a fini par disparaître, apparemment du moins. Ces jeunes intellectuels avaient totalement intégré les codes allemands, y compris l’antisémitisme de bon aloi qui se pratiquait de manière ouverte, trois ans avant la prise du pouvoir par Hitler.
Ces six personnages ont tous choisi de se suicider. Ce sont les raisons, ou plutôt la raison de ces suicides que le livre interroge. Elle réside, selon l’auteur, dans la « haine de soi juive». Leur vie durant, ces jeunes gens se sont évertués à être le plus Allemands possible. Ils ont bien cru y être parvenus et s’être débarrassés pour de bon de toute trace d’une judéité honnie. Ils comptaient sans la revanche de leurs monades qui, elles, avaient gardé la mémoire de ce fond juif qui constituait un élément insécable de leur personnalité.
La haine de l’autre procède de ce même refus de l’étranger. Elle se manifeste contre les individus sociaux dont elle est obligée d’accepter la coexistence. C’est somme toute assez banal. C’est même le moteur principal de la guerre. Pour la faire accepter par la population, on construit la figure de l’ennemi en la dotant d’une altérité irréductible.
La haine de soi et les « intellectuels« algériens
Reprenons l’exemple tragique des six jeunes Allemands qui constitue la trame du récit de Theodor Lessing. Y a-t-il des exemples comparables en Algérie ? Oui, dans une certaine mesure….
Il faut bien le reconnaître. Il y a chez de très nombreux « intellectuels » de notre pays, une sorte de tentation, non pas de Venise, mais de Paris. Le processus qui a été à l’œuvre sur des juifs allemands se retrouve chez bon nombre de nos compatriotes. Il y a certes des différences notables. Ces « intellectuels » algériens sont des anciens colonisés ou des descendants directs d’anciens colonisés que la France n’a jamais vraiment envisagé d’assimiler.
A fortiori, ni eux ni leurs aïeux n’ont occupé de positions enviables dans la société coloniale. Ils n’étaient ni « intellectuels », ni grands commis de l’Etat. Durant la période coloniale, ils étaient tout juste de jeunes Algériens discriminés qui portaient un regard d’envie sur la société européenne et le parfum de paradis des bals du samedi soir.
Leur rêve était de parvenir à intégrer cette société et à donner un sens à leur aliénation en devenant Français, pleinement Français. Autant dire que l’indépendance a constitué pour eux une sorte de catastrophe, la fin d’un monde au parfum enivrant, et surtout l’irruption de leurs compatriotes, venus des campagnes, dans les villes sur lesquelles ils ont imprimé la face tavelée de la misère.
Alors, ils ont décidé d’ignorer l’indépendance et de rallier la France, dans un mouvement semblable à celui qui a poussé naguère des Algériens à devenir harkis et à prendre les armes contre leur propre peuple. Ils ont été rejoints dans ce mouvement par de jeunes «intellectuels» n’ayant pas vraiment connu la colonisation mais qui se sont retrouvés sur leurs positions.
Harkis culturels d’un nouveau genre, ces « intellectuels » se sont mis à la disposition de l’ancienne métropole. En quête d’un effacement de la mémoire de ses crimes, celle-ci a offert une caisse de résonnance médiatique à leurs productions « littéraires » consacrées pour l’essentiel à une démolition en règle de l’Algérie indépendante et à la relativisation, voire le déni, du viol colonial. Ils ne sont pas nécessairement stipendiés par le gouvernement français. Leur aliénation consentie, leur désir de ce que La Boétie appelait la « servitude volontaire », sont des incitatifs suffisants, au vu de l’ampleur de leur engagement dans cette campagne. Il est à la hauteur de leur aliénation qui, conjuguée au mépris qu’ils professent pour leur peuple, constitue la forme algérienne et intellectuelle de la haine de soi.
Ainsi, tel journaliste concède du bout des lèvres que « la colonisation a été un crime» et professe aussitôt son admiration pour la France. Tel autre va encore beaucoup plus loin quand il déclare que « les pieds-noirs ont fait d’un enfer un paradis ». Dans le même mouvement, il réaffirme ainsi envers l’ancien colonisateur une allégeance à laquelle l’indépendance de l’Algérie n’a rien changé, et son immense mépris de sa part algérienne. Ce même personnage continue de donner des gages sans cesse renouvelés, sans cesse plus intenses, de sa complète adhésion au modèle occidental. D’autres encore promènent sur les plateaux de télévision parisiens une vision de l’Islam « plaisante », dans laquelle il n’est guère question d’immanence ou de sens, mais de hammams érotiques et de libations sans fin. Bien sûr, il n’est pas souhaitable qu’ils connaissent la même fin que leurs prédécesseurs juifs allemands mais peut-être, entre deux libelles à la gloire de la colonisation, devraient-ils prendre le temps de lire Lessing…
La haine de soi, entre soi
Hannah Arendt, philosophe juive allemande (antisioniste !), pointe dans son livre « Sur l’antisémitisme » l’existence d’une forme spécifique de racisme, non pas celui des étrangers vis-à-vis des juifs mais entre juifs. Frantz Fanon, dans « Peau noire, masques blancs », note le même phénomène de la haine du noir pour le noir. La haine de soi se traduit par la haine du même. L’image du même est insupportable parce qu’elle est un rappel de la condition dégradée de soi.
Ce mécanisme est bien connu dans le monde arabe où se déclinent à l’infini des hiérarchies mouvantes. Mais c’est sans doute en Algérie qu’il trouve son expression la plus achevée. Personne ne mettra autant d’éloquence, de fureur, de conviction dans la démolition de l’Algérien, de l’Algérie qu’un(e) algérien(ne) ! Cette haine interne trouve de multiples traductions dans la vie courante. Alors même qu’ils subissent les mêmes problèmes, nos compatriotes se révèlent majoritairement incapables de s’associer pour y faire face.
Des collectifs se créent ça et là, sur des problèmes de ramassage d’ordures ou d’alimentation en eau. Ils sont hélas éphémères. Les forces centrifuges nées de la permanence du soupçon envers l’autre ont vite fait de les faire exploser. Le mode de raisonnement est gouverné par cette variante de la haine de soi. Un exemple : quand il s’agit de collecter de l’argent auprès de copropriétaires ou de colocataires d’un immeuble pour des travaux d’intérêt général, le préposé à cette tâche a le plus grand mal à s’en acquitter.
Même quand les contributions demandées sont minimes, elles rentrent difficilement ou pas du tout. C’est que chacun présuppose que l’« autre» ne paiera pas. Chacun trouve insupportable l’idée qu’il pourrait payer pour l’ »autre ». Il exigera donc la preuve préalable que l’ »autre » a payé avant de consentir à le faire lui-même. Le problème, c’est que l’ »autre » est exactement dans la même disposition d’esprit. Tout cela débouche sur l’immobilisme. L’immeuble se dégrade. Les équipements collectifs tombent en panne les uns après les autres. Les habitants prennent l’habitude de marcher sur des escaliers jonchés d’ordures, plongés dans une obscurité que brisent ça et là les méchantes ampoules que chacun aura placées au-dessus de sa porte pour ses besoins personnels…
Identité et haine de soi
Nous avons longuement disserté sur l’identité dans une précédente livraison. C’est qu’elle est probablement au cœur du problème. L’identité se forge sur une mémoire longue, celle des événements successifs qui ont façonné l’Algérie et les Algériens. C’est l’accumulation au cours des siècles de ces strates qui fait l’identité algérienne. Ceux de nos «intellectuels», dont il est question au début de ce texte, qui sont tenaillés par le désir d’en changer prennent-ils la mesure du grand écart auxquels ils se livreraient ? Croient-ils vraiment qu’on peut changer d’identité comme on change de chemise ? Les jeunes intellectuels juifs dont Lessing retrace la descente vers l’abîme ont cru vraiment s’être délestés d’une histoire juive millénaire qui leur faisait horreur. Ils ont vraiment cru qu’ils avaient définitivement intégré le cœur de la brillante civilisation germanique et que leur destin était désormais lié à celui de l’Allemagne. On connait la suite…
L’enjeu demeure celui de l’accès à la modernité, à l’universalité. On peut être tenté d’emprunter le raccourci qui consiste à se défaire de l’identité héritée pour endosser celle d’en face, qui a déjà accompli sa mue et nous permettrait d’être directement en prise avec l’universel. Illusion… L’imitation de l’autre ne peut constituer une identité. Comme le disait Jacques Berque : « C’est l’identité et non l’imitation de l’autre qui permet d’accéder à l’universel».
Origines de la haine de soi, sous sa forme populaire
Et la population là-dedans ?
L’Algérie est sans doute le pays où le mépris est le mieux partagé. Le peuple méprise les « intellectuels », peut-être parce qu’il leur reproche inconsciemment de ne pas jouer le rôle d’éclaireurs qui devrait être le leur. De plus, il les soupçonne d’avoir plus ou moins partie liée avec le Pouvoir. Ceux-ci le lui rendent souvent très bien. Ils n’ont pas de mots assez durs pour le qualifier. Leurs écrits se distinguent généralement par une absence totale d’empathie. Tout le monde déteste le Pouvoir mais tremble à l’idée qu’il pourrait s’effondrer. Personne ne croit en effet que d’autres Algériens que ceux qui sont aux commandes pourraient faire mieux que ceux-ci. Ils préfèrent donc garder cet original incompétent, corrompu, plutôt que de lutter pour pouvoir tester d’autres solutions, qu’il condamne par avance.
Lorsque, historiquement, on a été vaincu, humilié, opprimé, exploité, lorsque, ayant été vaincu, on nie votre personnalité, votre culture, votre identité, que se passe t-il dans l’inconscient individuel et collectif ? La réponse est : « je ne vaux rien » ou « pas grand-chose « , « je mérite le mépris que l’on m’inflige ». On en arrive à s’inférioriser, à se mépriser, à se haïr soi même. On n’a plus l’estime de soi, le regard que l’on porte sur soi est fondamentalement négatif, on se dévalorise. On projette les uns sur les autres cette image négative de soi. Et parfois, cela se traduit par la violence, sans limite, car la violence qui nous a été infligée, on la projette, on la tourne contre l’autre, contre les autres. Habituellement,, les Hommes sont dans une relation en « miroir » et ils veulent que l’ autre leur renvoie une image fidèle d’ eux-mêmes. Faute de quoi, l’autre les dérange dans sa différence et ils peuvent devenir agressifs, voire violents envers lui.
S’agissant de l’ Algérien, c’ est parce que l’ autre -algérien comme lui – lui renvoie une image fidèle de lui même, qu’ il devient agressif, et parfois violent. Pourquoi ? Parce que cette image fidèle de lui-même, en miroir, le renvoie à son identité confuse, dissociée, en conflit avec elle-même. Comme cette image fidèle de lui-même lui est insupportable, il la rejette en agressant l’ autre, son semblable, son jumeau, son double, et bien sûr, inversement, la même réaction va de soi. Le conflit, avant d’ être avec les autres, est d’ abord avec soi-même, et c’est ce conflit interne que les Algériens projettent les uns sur les autres. Cela se traduit et s’ exprime dans tous les actes de la vie. Surtout, on ne sort pas mentalement de la condition de colonisé, de forçat. Nietzsche, dans le « Gai Savoir», plus précisément dans le poème n°32, « L’asservi », écrit :
Comme tout homme qui porta jadis une chaîne
Il entend partout – cliquetis de chaîne
Il y a aussi le phénomène de la « répétition » qui consiste à répéter, inconsciemment, au détriment d’autrui ce que l’on a subi, ce dont on a souffert soi même. Ainsi, durant la « décennie tragique », les protagonistes ont « rejoué » la guerre d’Algérie contre le colonisateur : les méthodes, la propagande, les comportements reproduisaient ceux que l’on a connus pendant la guerre de libération. Il s’agit d’une névrose collective qui n’a pas été soignée. Au contraire, tout a été refoulé. Donc, le retour du refoulé risque d’être terrible.
Le discours dominant est un discours d’auto dévalorisation globale. Il n’y a rien à sauver, aucune perspective à tracer, aucun horizon à atteindre, juste retarder la rencontre fatale avec le précipice annoncé. Malheur à celle ou celui qui voudrait déranger cette chronique du désastre. Il trouverait face à lui une population déterminée à l’en empêcher !
La décennie sanglante hante les mémoires. Elle a donné une illustration concrète, tragique, des effets de la haine de soi. Mais elle n’a pas permis de la questionner.
Le silence institutionnel a été établi par l’adoption au pas de charge d’une « concorde nationale» qui a refoulé ce questionnement, laissant ainsi la possibilité d’incendies futurs. Cette épreuve, qui a coûté des centaines de milliers de vies humaines, aurait pu être le Bala’ou el hassan, un mal pour un bien, si elle avait permis de sonder notre inconscient collectif pour y chercher les racines de la haine de soi, les racines de la violence.
C’est précisément sans doute la haine de soi qui a permis au Pouvoir de fermer aussi facilement la parenthèse de cette sanglante période. Quel autre peuple que le nôtre aurait accepté que des dizaines de milliers de morts soient passés par pertes et profits sans qu’il comprenne comment et pourquoi cela est arrivé, comment se prémunir contre un remake futur ? Aucun, sans doute… Surprenant ? Non.
Un autre peuple que le nôtre, qui aurait arraché son indépendance au prix de sacrifices terribles, au bout d’une période coloniale qui lui a coûté des millions de morts, une acculturation sans équivalent dans le monde, la misère, l’analphabétisme, pourrait-il produire des citoyens porteraient aux nues les bourreaux d’hier, qui regretteraient à voix haute leur départ, qui plaideraient pour leur retour, qui s’ingénieraient à vouloir les rejoindre ? C’est le cas du nôtre.
La rue bruisse de discours regrettant la fin de l’époque coloniale, au motif que nous serions incapables, ontologiquement incapables de nous administrer, de nous gouverner. Ainsi, nos millions de morts sont renvoyés à une absence de sens, à une absurdité. La seule grille de lecture permise serait celle qui comporterait notre inutilité, et donc l’inanité de l’idée que notre sacrifice puisse changer quoi que ce soit à la marche du monde. C’est à travers elle que nous nous percevons, elle qui nous enjoint de rester immobiles et de laisser s’accomplir un destin sur lequel nous n’aurions de toutes façons aucune prise… Nous pourrions tout au plus hâter l’échéance en laissant libre cours à la tentation suicidaire qui nous taraude, celle qui nous indique de sa voix doucereuse que rien ne sert à rien et que, le terme étant connu, il nous reste la possibilité de commander l’heure de la fin dernière en allumant un grand feu purificateur…
Vision pessimiste ? Voire. La seule maladie dont on est sûr de ne pas guérir est celle qui n’est pas diagnostiquée. Souvent, des malades s’abstiennent de consulter quand ils ressentent des malaises de peur de « savoir » ! En Algérie, c’est un phénomène très répandu. Des cancérologues, des diabétologues, des cardiologues se plaignent souvent de ces consultations tardives qui mettent au jour des pathologies tellement avancées que les chances de guérison sont infimes. Prises en charge plus tôt, elles auraient pu être contenues et sans doute soignées.
Il en va de même pour l’Algérie. Nous traînons ce mal depuis longtemps. Nous pensons qu’en le cachant, il finira par disparaître. Au fond de nous-mêmes, nous savons qu’il n’en sera rien et qu’il aura raison de nous. Mais nous préférons faire semblant de l’ignorer. Nous faisons de l’ignorance une vertu cardinale. « Ignorer quelque chose, c’est l’empêcher d’exister », faisons-nous semblant de croire. Peut-être préférons-nous un lent suicide à la prise à bras-le-corps de nos problèmes existentiels ?
Il y a une certaine porosité entre les Algériens d’Algérie et ceux de France. La malvie se transmet, tout comme la haine de soi et la pulsion suicidaire.
La sociologue Nacéra Guenifi analyse la montée du vote Front National dans les cités-ghettos françaises à la lumière de l’observation ci-dessus.
Le glissement vers le vote extrême fait culminer la pulsion d’autodestruction que plus rien ne permet de sublimer. Le désamour de soi pousse au vote suicidaire. Il est le pendant à la situation dans ces cités dans lesquelles les habitants s’appliquent mutuellement, la tolérance zéro, sans pitié et sans concession. L’urbanité a été remplacée par l’incivilité de gens auxquels on a dénié le fait d’être civilisés. La violence et l’insécurité sociale se sont épanouies dans ces non-rapports qui ne pouvaient qu’être invective. Rien, les plus fragiles ne se passent rien : ni le regard forcément de travers, ni l’absence de regard forcément méprisant, ni le bavardage, ni le mutisme, ni le bruit et les odeurs, ni l’invisibilité, ni la couleur de la peau, ni sa blancheur, ni la tenue, ni l’absence de tenue. Tout est prétexte à rejet et représailles. La haine de soi et de l’autre a trouvé là un terrain de prédilection, véritable laboratoire d’un monde sans rémission, sans pardon…
Ces mêmes catégories ont été à l’œuvre, et elles le sont toujours, dans la montée de l’extrémisme en Algérie. Si on n’y prend garde, elles accoucheront de ce monde sans pardon…
Brahim.senouci@hotmail.fr