C’est bien connu, la vaste majorité des rapports humains s’articule autour de la dépréciation d’autrui : pour être, il faut que l’autre soit moins, toujours un peu moins que soi. Après avoir refermé son livre, la première chose qui me soit venue à l’esprit était de regretter que la philosophie, aujourd’hui en France, soit incarnée par Michel Onfray. De même pour les ventes de ses livres, il n’y a pas grand-chose à retenir de cette campagne médiatique qui veut imposer un ouvrage basé sur la falsification des faits comme un « livre événement. » Si sa brochure est numéro un des ventes, ceci est dû uniquement à l’intérêt que suscitent encore Freud et la psychanalyse. C’est une manœuvre commerciale et sans intérêt, indigne, qui ne grandit ni la philosophie ni l’auteur.
On assiste à un effondrement de la pensée au profit de la médiocrité et de l’ignorance totale, au profit du cynisme le plus bas. D’autant que la méthode, qui se veut savante exégèse, tient plutôt du procès stalinien. Car tout y passe, sans nuances, et c’est toujours à charge. Voici un livre qui contient la plus importante somme de délires jamais publiée sur la psychanalyse et, surtout, sur la personne de Freud. Face à de telles pratiques exécrables, il est urgent que patients comme praticiens répondent à ce faussaire qui ne craint ni la honte ni le ridicule.
C’est la première fois que l’on voit un hédoniste provoquer l’indignation de milieux aussi divers. Historiens, philosophes, éducateurs, artistes, sociologues, se posent la même question : qu’est-ce qui a pris Michel Onfray de présenter Freud à la fois comme un homme obnubilé par la célébrité, obsédé par l’argent, homophobe, avide d’honneurs, soucieux de sa réputation, misogyne, profasciste, antiféministe, admirateur de Mussolini, antisémite, défenseur de l’austro-fascisme du chancelier Dollfuss, anticommuniste qui a travaillé avec l’institut Goering pour que la psychanalyse puisse exister sous le régime nazi.
Parce que Freud a rédigé un jour une dédicace à l’intention de Mussolini, à la demande du père d’une de ses patientes, il est devenu un sympathisant nazi de la pire espèce. « En 1933, Edoardo Weiss, disciple italien de Freud, présente à celui-ci, à Vienne, une patiente qu’il a en traitement. Le père de celle-ci, Gioacchino Forzano, auteur de comédies et ami de Mussolini, accompagne sa fille. Au terme de la consultation, il demande à Freud de dédicacer un de ses livres pour le Duce. Par égard pour Weiss, Freud y consent : « A Benito Mussolini, avec le salut respectueux d’un vieil homme qui reconnaît en la personne du dirigeant un héros de la culture. »
Le Duce héros de la culture ? Sans évoquer le contexte de l’époque, il n’y a que Michel Onfray pour croire à la sincérité d’une telle dédicace, et n’y voir aucune ironie. En revanche, je ne crois pas l’avoir déjà lu ou entendu exprimer la moindre gêne concernant l’admiration débordante que portait Hitler à Nietzsche. Ni sur les passages misogynes et phallocrates de son idole : « On tient la femme pour profonde. Pourquoi ? Parce que chez elle on ne touche pas le fond. La femme n’est pas même plate. »
Même ses lecteurs les plus fidèles n’ont pas hésité à dénoncer une abjecte tentative de salir la mémoire d’un homme. Tout le monde a compris que Michel Onfray ne fait que développer une pensée personnelle sur le freudisme et la psychanalyse, en allant chercher dans des textes ce qui pourrait illustrer ou confirmer son opinion. Même son ami Siné n’en revient pas de lire autant de haine, gratuite et injustifiée, dans un livre où le fondateur de la psychanalyse est carrément « comparé au docteur Mengélé », écrit Siné dans sa chronique du 12 mai dernier.
Avec ce culot qu’on lui connaît, Michel Onfray ose écrire, comme le rappelle Jean-Luc Delut, page 39 :« Non pas détruire Freud, ni le dépasser, ni l’invalider, ni le juger, ni le mépriser, ni le ridiculiser… » Quand on lit son texte, il est légitime de douter non seulement de sa cohérence mais aussi de sa sincérité. La haine qu’il déclenche est proportionnelle à celle qui saisit le lecteur à chaque page. »
« Je ne suis pas philosophe. La philosophie sert aujourd’hui à commenter des livres. »
Régis Debray
Plus des deux tiers du livre sont truffés d’attaques sur la personne de Freud. Ça ne le dérange même pas de faire « un million de signes » avec ce qui a été dit et redit depuis plus d’un siècle. La seule chose que Michel Onfray croit nouvelle, mise à part cette haine inouïe à l’égard du fondateur de la psychanalyse, réside dans ce qu’il soutient à propos du complexe d’Œdipe. Pour Michel Onfray, comme pour beaucoup d’autres avant lui, Freud a pris son cas pour une généralité. Entendez par là : Moi, Michel Onfray, je n’ai pas d’Œdipe. (« Je m’entends très bien avec ma maman. ») J’espère que ses étudiants retiendront cette thèse : Freud serait le seul être humain à avoir développé un complexe d’Œdipe. Même Siné n’aurait pas osé publier une sottise pareille.
Je ne pensais pas qu’il pouvait être aussi narcissique, confus et brouillon. Ce n’était pas l’idée que je m’étais fait du bonhomme à travers mes lectures. Souvenons-nous de ses déclarations lors du coup de filet contre les anarchistes de Tarnac. Ce philosophe malotru et injurieux a tenu dans Siné Hebdo une chronique venimeuse à l’égard des «saboteurs de TGV.» Balayant la présomption d’innocence, à la surprise générale, il s’est carrément réjoui de leur arrestation. Ça ne l’embêtait pas de relayer la version des policiers et les bruits alarmistes d’une certaine presse. Onfray, comme tous les narcissiques, évolue dans la toute-puissance. Avec son air perpétuellement triste, en Surhomme de gauche authentique qualifié à délivrer des certificats de bonne contestation, il a traité ces jeunes gens de « crétins », de « rigolos », de « demeurés. » On sait comment l’affaire a évolué. Le dossier de ces jeunes qu’il a copieusement insultés est vide, et eux, ils sont libres depuis un bon bout de temps déjà. Il est regrettable que le philosophe le plus lu de France ait l’injure au bout des lèvres.
Michel Onfray a fait ce livre pour nuire, pas pour expliquer ou débattre, ce genre de livre qu’on écrit pour écraser l’autre et faire parler de soi, en allant jusqu’à inventorier les petits travers domestiques du personnage, en usant d’artifices dialectiques plus que détestables. Son idée du réel et l’utilisation qu’il en fait, entre autres délires, m’ont laissés pantois. Son réel est sans cesse renvoyé aux faits, les faits bruts et rien que les faits. Freud a fait ceci, ou cela, c’est écrit, donc c’est vrai et Freud ne peut être qu’un charlatan.
Un philosophe qui devrait ériger le doute en vertu, plutôt que d’affirmer ce qu’il croit être la Vérité, cela incite à la réflexion. « Cessez de croire aux faits bruts, » lui a lancé un psychanalyste, tout en l’invitant à penser comme Freud ce qu’est le libre arbitre : un concept farfelu. Excessif avec la réalité, comme avec tous les autres sujets qu’il traite, le réel finit par déborder. Seule solution pour Michel Onfray : le démolir à coups de massue. C’est un homme rongé par la toute-puissance, qui croit savoir tout sur tout. Un tel homme ne peut supporter, ou envisager d’accepter, en effet, un autre son de cloche. Il en est tout simplement incapable. Michel Onfray est un ignorant. Il a enseigné la psychanalyse durant deux décennies, il a lu tout Freud, mais il restera toujours un « savoir » qui lui échappera toute la vie. Le courageux jacques lacan
Lisez Sénèque !
Tous les conseils sont bons pour dénigrer la psychanalyse et éloigner les patients. Même les plus farfelus. A Laurent Ruquier qui lui demandait ce qu’il avait, lui, à proposer, Michel Onfray a eu cette réponse: « Il faut lire Sénèque. » Il n’y a pas très longtemps, on a découvert David Servan-Schreber, un médecin ébranlé par la magie tibétaine qui conseillait, plutôt qu’une thérapie ou une psychanalyse, l’acupuncture, les thérapies par les jeux de lumière et de l’ombre, ou encore de bouffer des Omega 3 (Guérir sans la psychanalyse, Robert Laffont.) Aujourd’hui c’est au tour de Michel Onfray qui nous recommande de lire Sénèque. Moi je veux bien. C’est peut-être aussi, pourquoi pas, une solution pour désengorger les hôpitaux psychiatriques : une université populaire où psychotiques et schizophrènes seraient mêlés aux autres névrosés pour écouter Michel Onfray leur lire les Lettres à Lucilius.
« Etre psychanalyste, ou entreprendre une analyse, c’est simplement ouvrir les yeux sur cette triste évidence qu’il n’y a rien de plus cafouilleux que la réalité humaine. »
Jacques Lacan
J’ai rencontré toute sorte de critiques sur Freud et la psychanalyse. De ceux qui, à l’instar de Michel Onfray, affirment qu’ils n’ont pas d’Œdipe, en passant par ceux qui pointent la non scientificité de la théorie freudienne (comme si elle en avait besoin), d’autres qui n’y croient pas simplement parce que le thérapeute doit être payé, jusqu’à ceux qui considèrent Freud comme le gourou d’une secte. J’ai connu aussi ceux qui disent toute leur haine de la psychanalyse en public, mais qui lisent Freud et Lacan en privé.
L’argent et l’obsession du chiffre
C’est quand même un comble qu’il faille expliquer à un intellectuel, qui gagne des fortunes avec ses livres, l’importance de l’argent en analyse, en analyse comme ailleurs. De même quand il prétend que Freud faisait payer ses patients 450 € la séance, ce n’est rien d’autre qu’un de ses fantasmes. Ou encore ses incessantes accusations sur les prix des séances à chaque fois qu’il en a l’occasion. Comment peut-on soutenir que la psychanalyse est une supercherie tout en évoquant en même temps la question de l’argent ? Si la psychanalyse est une tromperie, ne devrait-elle pas être jugée seulement sur les résultats qu’elle apporte, ou n’apporte pas, plutôt que sur la question de l’argent ? La psychanalyse est-elle une supercherie qui coûte cher ? Ou est-elle une supercherie précisément parce qu’elle coûte cher ? Tous ces dizaines de milliers de praticiens et d’intervenants, sans oublier les patients, savent aujourd’hui de quelle façon le philosophe le plus populaire de France insulte le travail qu’ils font.
Dans une autre émission, en parlant d’argent, Michel Onfray répète une énième fois ce qu’il croit être une vérité sur les prix des séances, puis il termine en faisant une allusion nauséabonde sur Gérard Miller, absent du plateau. Je voudrais témoigner ici, et affirmer, pour être proche de plusieurs personnes qui ont fait ou qui font encore une analyse avec lui, qu’aucun de ceux ou celles que je connais ne règle plus d’une trentaine d’euros la séance. Et ce n’est pas une exception car beaucoup d’autres psychanalystes pratiquent ces mêmes tarifs.
« Mon livre fait 600 pages » ; « Mon livre fait 1.000.000 de signes » ; « Il contient 20 pages biographiques. »
Michel Onfray ignore probablement l’existence des CPCT, ces Centres Psychanalytiques de Consultation et de Traitement crées en 2005 par l’Ecole de la Cause Freudienne, où des psychanalystes reçoivent, gratuitement, adultes et adolescents en cinq langues. D’autres CPCT ont depuis 2005 vu le jour dans les grandes villes de province. Les CPCT sont, avec les centres de consultation tels que les CMP, CMPP, Hôpitaux de jour, etc, des lieux où la psychanalyse est pratiquée à titre gratuit, quels que soient les revenus de celui ou celle qui vient frapper à leurs portes.
Michel Onfray n’a sûrement pas oublié ce qu’il écrivait dans son Traité d’athéologie : « Freud, auteur, tout de même, de L’Avenir d’une illusion, qui démonte absolument la religion et s’inscrit dans le lignage des grands textes déconstructeurs du religieux » [Bibliographie, athéologie, 1] Alors, que s’est-il passé depuis ? L’ange Gabriel est-il apparu au philosophe normand pour lui apporter la vérité sur la psychanalyse, comme il est apparu au prophète Mahomet pour lui dicter le Coran dans la grotte Hira ? Mystère.
A propos de l’attention flottante, la chose lui a pourtant été bien expliquée dernièrement par un psychanalyste lors d’un débat organisé par Philosophie Magazine. Michel Onfray a d’ailleurs donné l’impression d’un type qui comprenait enfin quelque chose, se bornant à répéter : « j’avoue que je ne connais rien à Jacques Lacan », laissant entendre par là qu’il connaîtrait l’œuvre de Freud. Chez Laurent Ruquier, il ne fera que ressasser ce qui arrange sa petite haine personnelle.
Les TCC (Théories comportementales cognitives)
Quiconque a déjà écouté les émissions de Michel Onfray sur France Culture a sûrement remarqué sa prédilection matérialiste pour le cognitivisme. Les TCC sont des thérapies qui ont cette étonnante particularité de vouloir «guérir» les sujets par des exercices plutôt pratiques, où la raison se réduit à encoder des informations, à cocher des cases et à lisser des courbes. Des méthodes pavloviennes ? Pire. Faisant fi de la singularité et de l’histoire subjective du sujet, les tenants du courant comportementaliste s’appuient sur les lois de l’apprentissage et des différentes formes du conditionnement mental pour expliquer la formation des symptômes. Exemple : vous êtes arachnophobe ? On va d’abord vous montrer des araignées, puis vous parler des araignées, et ensuite vous prendre par la main pour vous aider à toucher des araignées. Le tryptique. Concrètement, voici ce qui vous attend :
1 Information : informer le patient sur les araignées, distinguer les araignées dangereuses des araignées inoffensives,
2 Relaxation : apprendre à se calmer par des exercices de relaxation et des auto-instructions,
3 Action : observer puis toucher un bocal fermé contenant des araignées, laisser une araignée en liberté sur un bureau, toucher une araignée puis jouer avec, d’abord avec un crayon puis à mains nues, etc.
Et toute phobie disparaîtra d’elle-même. De la pure magie. Même durant les siècles les plus éloignés et les plus ténébreux on n’avait pas vu de telles méthodes où l’être parlant est, cette fois, vraiment pris pour un imbécile. De plus, les TCC sont des « thérapies actives » : le psychothérapeute ne se contente pas seulement d’écouter le patient, mais il échange avec lui, le renseigne, le bichonne en lui proposant des techniques et en lui donnant des conseils.
Tout en se gardant d’amalgamer souffrance et maladie mentale, on n’apprendra à personne qu’aucune étude n’a encore permis de donner naissance à des traitements efficaces des « maladies de l’existence », que sont les névroses, les dépressions, les angoisses, passions, addictions, volonté de se détruire, etc.
Homophobie
Comme Tariq Ramadan, Michel Onfray ose avancer que Freud était un homophobe qui considérait l’homosexualité comme une perversion. On se demande où il est allé chercher ça. En s’appuyant sur Le livre noir de la Psychanalyse, gros rapport de gendarmerie psychiatrique et pharmaceutique qui invente les « preuves » d’un Freud criminel, en tronquant les textes de ce dernier et en les interprétant comme des « aveux » idéologiques profascistes, anti-homosexuels, antiféministes, etc., Michel Onfray fait pire, en accusant Freud de toutes les tares possibles. Freud Homophobe ? Il ignore, ou feint d’ignorer, que pour le fondateur de la psychanalyse, la catégorie des homosexuels était distincte de celle des pervers. Michel Onfray ne dit pas que Freud considérait l’homosexualité et l’hétérosexualité comme étant chacune une limitation de la bisexualité. Il ne dit pas non plus que Freud employa finalement le terme non péjoratif de « variante » pour caractériser l’homosexualité.
Idem sur le prétendu antisémitisme de Freud. Comme le rappellentRené Major et Chantal Talagrand, on croirait en effet lire un canular (dans Siné Hebdo) : « L’auteur n’hésite pas à dire que « Freud n’écrit jamais contre Hitler, contre le national socialisme, contre la barbarie antisémite », alors que, le jour même où Hitler est nommé chancelier, Freud écrit : « Nous sommes tous inquiets de ce qui va advenir du programme du chancelier Hitler dont la seule visée politique est les pogroms » et, dans la remarque préliminaire au Moïse en voie de rédaction, il est on ne peut plus explicite : « Dans le cas du peuple allemand […] on constate que la régression vers une barbarie presque préhistorique s’accomplit sans s’appuyer sur une quelconque idée de progrès. »
Le10 juin 1933, il écrit aussi : « L’Allemagne est la pire cellule de la gigantesque prison qu’est devenu le monde […] Ils ont commencé en prenant le bolchevisme pour leur mortel ennemi mais ils finiront comme eux – à ceci près que, malgré tout, le bolchevisme a adopté des idéaux révolutionnaires alors que ceux de l’hitlérisme sont purement médiévaux et réactionnaires. » On a vu pas mal d’imposteurs mais Michel Onfray restera l’intellectuel le plus malhonnête que la France ait connu ces dernières années.
Ce que dit Freud est subversif, il interroge la volonté de maîtrise totale des hommes. C’est la raison pour laquelle il dérange tellement de monde, et ceci est normal. Que cherche à faire ou à dévoiler Michel Onfray à travers ce livre ? Il ne faut pas le croire quand il dit que c’est par souci de vérité. Se revendiquant de Nietzsche, dont il a l’air d’ignorer complètement les anticipations de la découverte freudienne [Aurore], il se croit fidèle à son maitre en pratiquant invariablement l’attaque, l’insulte et l’outrance. Avec sa vision absolument scolaire de la psychanalyse, bien plus à l’aise avec les petits ragots qu’avec les grands textes, les concepts, les faits et l’histoire elle-même, il se pose comme détenteur de la Vérité en toute chose. Philosophe du bavardage, odieux débatteur, j’ai rarement vu un intellectuel « prendre son pied » en se faisant critiquer autant que lui. « Tous ceux qui me traînent aujourd’hui dans la boue et multiplient les attaques ad hominem n’en disent rien. » (Le Point du 6 mai & Siné du 14 mai) Face à cette polémique autour de la psychanalyse, et dans laquelle Michel Onfray semble se satisfaire en prenant un rôle du martyre défenseur de la Vérité, rappelons-lui les conseils de son idole :
« Soyez prudent, vous, philosophes et amis de la connaissance, et gardez-vous du martyre ! De la souffrance “par amour de la vérité” ! Et même de vous défendre vous-mêmes ! Cela corrompt l’innocence et la subtile neutralité de votre conscience, cela vous rend obstinés à l’égard des objections et des chiffons rouges, cela abêtit, animalise, que de devoir finir, dans le combat contre le danger, le dénigrement, la suspicion, le bannissement, et de plus graves conséquences encore l’hostilité, par se donner le rôle de défenseur de la vérité sur terre : – comme si « la vérité » était une personne assez inoffensive et balourde pour avoir besoin de défenseurs !
Mettez-vous plutôt à l’écart ! Fuyez vous cacher ! Et ayez vos masques et votre finesse, de sorte qu’on vous confonde avec d’autres ! Faites le choix de la bonne solitude, la solitude libre, malicieuse, légère, celle qui vous donne même le droit de demeurer bons en quelque manière !
Comme toute guerre que l’on ne peut mener avec une franche violence rend venimeux, artificieux, mauvais ! Comme une longue peur, une longue surveillance des ennemis, des ennemis possibles, rend personnel ! Pour ne pas mentionner la balourdise de l’indignation morale qui, chez un philosophe, est le signe infaillible que l’humour philosophique l’a abandonné. Le martyre du philosophe, le “sacrifice de sa personne à la vérité”, fait apparaître au grand jour ce qu’il portait en lui d’agitateur et de comédien. »
[Nietzsche,Par delà bien et mal, section II, aph.25]
« La psychanalyse guérit-elle ? » demande un journaliste à Michel Onfray.
« Oui », répond le philosophe sans hésitation [devant un psychanalyste, fort courtois au demeurant, qu’il venait d’insulter sans raison apparente.]
C’est curieux, même quand il veut dire quelque chose en apparence positif sur la psychanalyse, il se trompe encore. Non, Michel Onfray, la psychanalyse ne guérit pas, ne guérit personne, contrairement à ce que vous croyez. La psychanalyse fait mieux : elle sauve.
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Freud, Nietzsche et Zavatta,
Gérard Miller
Quand Michel Onfray offrait Totem et Tabou de Freud à… Nicolas Sarkozy
Diogène Tonneau
Pourquoi il faut défendre Freud au XXIème siècle
Clautilde Leguil
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Karim Sarroub