On ne badine pas avec l’Histoire (Deuxième partie).

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Par Mohamed-Senni El-M’Haji.

 Contact : mohamedsenni@yahoo.fr

Il suffit de dire le vrai d’une manière étrange, pour que l’étrange finisse par sembler vrai à son tour. »

(GOETHE in « Les affinités électives », 1809. Editions 10/18. 1963)

3.1.1. QUELQUES PRÉCISIONS.

-Pour ce qui est du voyage de  Sawlat Ibn Wazmar (de Tlemcen) qui a bel et bien rencontré le Calife Othman, certaines sources indiquent qu’il a été emmené à la Péninsule arabique comme prisonnier, captif des premiers Compagnons du Prophète venus au Maghreb et c’est le Calife qui l’islamisa après quoi il rejoignit Tlemcen avec tous les honneurs.

L’Histoire ne pouvant s’accommoder  d’éclectisme pour sa narration, il nous fallait citer cette version contraire à celle qui figure  dans l’article et qui, elle, peut être vraie. Ce détail peut être perçu comme une futilité mais beaucoup de futilités ont eu pour conséquences des ravages dans l’Histoire, aussi estimons-nous que tous les détails ont leur importance dans sa narration, et l’intégrité intellectuelle commande de les citer tous, chaque auteur étant libre, jusqu’à une certaine limite, de tirer les conclusions qui lui paraissent les plus opportunes.

– En poursuivant le texte  nous apprenons qu’Idriss repartit pour l’Orient. Ceci n’a jamais eu lieu. Il suffit, pour cela , de lire les écrits d’historiens tels qu’Ibn Khaldoun, Ibn Hazm, El-Bikri l’andalou (432 / 487 – 1040 / 1094), Ibn Abd el Hakam l’égyptien (187 / 802 – 257 / 871) et son livre «Traditions anciennes relatives à l’établissement des Musulmans en Afrique septentrionale » considéré comme la plus ancienne source, écrit dans la première moitié du 3 ème siècle,  duquel se sont inspirés tous les grands noms de l’Histoire et ceux-là mêmes qui font école jusqu’à nos jours, En-Noweïri du Saïd en Egypte (677 / 1278 – 733 / 1332) et son livre « Conquête de l’Afrique septentrionale par les Musulmans et Histoire de ce pays sous les émirs arabes », écrit au 8 ème siècle, que certains spécialistes placent, sur le plan de la méthode, de la pertinence, des détails et de la rigueur, avant Ibn Khaldoun.

Il faut également lire « El Kamil Fit-Tarikh (Le Parfait en Histoire الكامل في التاريخ) d’ Ibn el Athir (555 / 1160–632 / 1234), Ahmed En-Naciri ou Ismaïl El Arabi auteur de « la Nation des Idrissides Rois de Tlemcen, Fès et Cordoue ».(7) Ce retour d’Idriss en Orient où il se serait jeté dans la gueule du loup car tous les mouvements de Ahl el Bayt étaient étroitement surveillés depuis la bataille de Fakh, ajouté aux célèbres précautions prises par Er-Rached pour emmener son maître sain et sauf au Maghreb lors du voyage aller, retour dont le but et la durée sont passés entièrement sous silence par l’auteur est, historiquement, inacceptable et logiquement inconcevable.

Les multiples et difficiles lectures de l’article ne nous conduisent qu’à une seule explication : le surdosage inconsidéré de l’importance de Tlemcen. Présentée même en victime, l’auteur a pensé que son blason ne peut qu’être redoré quand il imagine que l’homme d’exception qu’était Idriss n’avait d’yeux que pour elle.

L’homme qui, en moins d’une année, rallia à lui la majeure partie des tribus qui gravitaient autour de Zerhoun, islamisa toutes les autres (chrétiennes, juives, païennes et même zoroastriennes) après d’âpres batailles et imposa un gouvernement central pour tout le Maroc n’avait pas besoin, de par sa puissance d’abord, de par sa prestigieuse ascendance ensuite qui lui imposait un comportement irréprochable – ce dont il ne se départit jamais –  et qui  savait, mieux que quiconque, que «  les mosquées appartiennent à Allah et  vous n’invoquerez nul autre avec Lui » وأن المساجد لله فلا تدعوا مع الله أحدا ) (8, cet homme ne pouvait pas se permettre d’inscrire sur la chaire de la mosquée qu’il fit bâtir à Tlemcen « sa volonté d’y fonder une dynastie » formule tirée d’on ne sait où et qu’avance froidement l’auteur de l’article.

Cette volonté relevant du temporel alors que la mission de la Mosquée est spirituelle, est donc contraire à l’enseignement de l’Islam et ce n’est pas un arrière-petit–fils du Prophète qui violerait cette règle. Et l’Histoire, tant  ancienne que moderne, est là pour nous rappeler, si tant est que nous figurions parmi ses moins mauvais élèves, les désastres causés chaque fois que cette règle a été transgressée.

Idris ne le ferait pas d’autant plus que cette dynastie que notre auteur veut, coûte que coûte, faire partir de Tlemcen, était  déjà une réalité tangible au point qu’elle devenait un vrai cauchemar pour Haroun Er–Rachid. La lecture de l’inscription – qui figure dans nombre de livres d’histoire dans sa formulation originelle – est sans appel et suffit pour défier quiconque soutient cette intention.

Affirmer que « depuis plus de vingt ans Idriss Ibn Abdellah n’avait d’yeux que pour Tlemcen » relève d’une grave méconnaissance et constitue une couleuvre trop grosse à  avaler. Nous avons signalé plus haut qu’Idriss arriva chez les Auréba  le 1er Rabi’ I 172 (août 788) et En-Naciri situe sa mort au début de Rabi’ I 177 (16 juin 793), c’est- à- dire qu’il n’a vécu qu’un peu moins de cinq années entre le moment où il est arrivé au Maroc et la date de sa mort.

Cet espace de temps est repris par la majorité des historiens bien que certains parlent de sept années (quand ils y  ajoutent les délais, estimés à deux années, de ses pérégrinations : La Mecque, Fakh, Le Caire, La Libye, Kairouan, Tahert, Tlemcen, Tanger et Oulili). Entre cinq ou même sept et « plus de vingt ans », l’écart est fantaisiste pour qui l’affirme surtout que, dans ce cas précis, l’itinéraire du personnage qui nous intéresse et la fondation, par lui, de la  première grande dynastie du Maroc sont parfaitement circonscrits et ne souffrent d’aucune contestation, mineure ou majeure fût-elle, de la part des Historiens.

-L’auteur nous informe ensuite  que, de retour à Tlemcen après cet impossible voyage en Orient–et nous avons dit plus haut qu’il n’eut jamais lieu–« il poursuivit sa campagne pour son frère Yahya Ibn Abdellah » !!. Pour En-Naciri qui a fait, sans nul doute, un tri appréciable des œuvres de ses devanciers nous facilitant la tâche, « Yahya s’enfuit du champ de bataille (Fakh) vers le territoire du Deïlem du côté de l’Est ; il réussit à se faire proclamer Calife et à étendre son autorité. Le Calife Er-Rechid dirigea contre lui une forte armée sous les ordres du Barmécide El-Fadhl ben Yahya ; après un échange de correspondances, celui-ci lui proposa l’aman et s’offrit à lui accorder tout ce qu’il voudrait. Yahya ben Abdellah accueillit ces suggestions, mais il exigea d’Er-Rechid un serment de sauvegarde écrit de sa propre main et comportant l’attestation des chefs, ce qui fut fait. Yahya ben Abdellah alla donc à Baghdad se présenter au Calife (…).   Arrêté ensuite, il mourut en prison. »

     Er-Rechid dont il est question ci-dessus est Haroun et nous savons qu’il devint Khalife en 170 / 786-87. Ainsi ni Soulaïmane ni Yahya ne mirent jamais les pieds au Maghreb. Ce  qui précède rejoint ce qui a été avancé par Razi. Signalons au passage que la descendance de Yahya essaima  dans de très lointaines contrées et on les retrouve du Kazakhstan jusqu’à  la ville mythique de Tombouctou pendant que leurs cousins germains, fils de Mohamed En-Nafs Ez-Zakiyya,  poussèrent jusqu’au Sénégal et le Tafilalet.

-Quant à l’appartenance de Rached, l’affranchi d’Idriss, à la tribu de Wallili (sic), elle est fantaisiste, discutable et totalement ahurissante : aucun des historiens cités n’y fait allusion et il est difficile de monter un scénario pour la soutenir. Et pour cause : les deux hommes étaient, tous les deux, de Koreïch et… frères de lait.

-L’auteur de l’article ajoute : « Et c’est ainsi que l’épopée de l’Andalousie  démarra de Tlemcen en 710 de l’ère chrétienne…» sans donner aucune précision. Seule la conviction que le ridicule ne tue pas autorise pareille affirmation.

                                                                                                  Sebta

Voyons ce  qu’il en fut : En-Noweïri, citant « el-kamil fi ettarikh » présenté plus haut, nous apprend qu’Ibn Al Athir raconte que la fille (Florinda) du Comte Julien (gouverneur d’el-Jazira el-Khadra-Algéciras–et surtout  de Ceuta) fut violée par l’autoproclamé roi Rodéric de Tolède.

Pour se venger, le Comte  prit contact avec Moussa Bnou Noceïr  vers la fin de l’an 90-octobre 709 avec lequel  il prit un certain nombre d’engagements s’il l’aidait à laver son honneur. «Moussa fit partir alors un de ses clients nommé Tarif (Ibn Malik)  accompagné de quatre cents fantassins et de cent cavaliers. Quatre navires les transportèrent dans l’île, nommée depuis l’île de Tarif… Ce fait eut lieu au mois de Ramadan de l’an 91 – juillet 710 ».

Cette date est discutable et la réalité la situerait plutôt à quelque dix mois auparavant.  Il faut préciser  qu’il ne s’agit pas d’une île mais du point le plus méridional d’Europe, appelé aujourd’hui Tarifa du nom de son conquérant. Comptant  18 000 habitants, Tarifa qui se trouve dans la province de Cadix, n’est qu’à 14,6 kilomètres des côtes marocaines. L’auteur ajoute : «  De là, Tarif fit une incursion vers Algéciras et revint sain et sauf avec un riche butin….Moussa fit alors venir son client Tarec-Ibn-Zîad chef de l’avant-garde musulmane, et l’envoya (en Espagne) avec sept mille musulmans… Le débarquement de Tarec s’effectua  le 5 de Redjeb de l’an 91 (mai 711). » Telle est la version d’En-Noweïri.

La suite, nous la connaissons. En-Naciri rapporte qu’Ibn Khaldoun dit que « Moussa Bnou Noceïr prit Tanger en 88 et  en confia le gouvernement à Tarek Ibn Ziad…Quand Moussa assit bien ses bases au  Maroc, il écrivit à Tarik – qui était à Tanger – lui ordonnant d’envahir l’Andalousie, ce qu’il fit à la tête de douze mille Berbères et un groupe d’arabes en traversant la mer de Ceuta à Algéciras. Il grimpa la montagne – appelée aujourd’hui Djebel Tarik.» (Gibraltar).

Ainsi donc ce n’est pas Tarik qui reçut le Comte Julien mais Moussa Bnou Noceïr. D’autres sources indiquent que ce Comte  prit contact d’abord avec Tarif qui l’accompagna jusqu’à Kairouan pour y rencontrer Moussa Bnou Noceïr. En considérant ce qui précède, on ne peut accorder crédit au fait que «l’épopée de l’Andalousie démarra de Tlemcen.»

Pour corroborer davantage cela, nous avançons deux autres explications. La première, tient à ce qu’écrit Ibn Khaldoun au sujet de Tarik qui se trouvait à Tanger. Si l’on ajoute que, comme nous l’avons déjà précisé, Tarifa se trouve à 14,6 kilomètres des côtes marocaines et qu’en plus son altitude moyenne n’excède pas sept mètres, rendant la visibilité des mouvements de sa population à partir des hauteurs de Tanger très facile et précise, il va de soi, que pour des raisons stratégiques, les préparatifs de l’invasion de l’Andalousie ne pouvaient se faire qu’à partir de Tanger ou, au pire des cas, de Ceuta dont le gouverneur  Julien était acquis par engagement au clan des Musulmans, engagement qui allait être source d’un grande considération de leur  part  et prouvée durant deux siècles à sa descendance qui embrassa l’Islam à partir de son petit-fils Abdellah.

Faire partir l’invasion, ou tout simplement la préparer de Tlemcen qui se trouve, excentrée, à plus de cinq cents kilomètres du lieu des futures opérations n’aurait pas effleuré un seul instant l’esprit des dirigeants musulmans rompus à tout ce qui avait trait à la guerre. Cela relève du bon sens et des contraintes tactiques de l’heure. A ce niveau de notre mise au point, l’épopée de l’Andalousie a commencé donc quelque 10 mois avant que ne s’élance Tarik.  La faire partir de Tlemcen s’inscrit parfaitement dans ce que nous avons soutenu plus haut quant à l’impression dominante qui se dégage de l’article.

 Enfin pour la deuxième explication, nous avons remarqué qu’à la fin du premier tome de Kitab el-Ibar figurait un appendice sur En-Noweïri, et, en annotation, cette information du Baron de Slane : « ce fut  en  l’an 27, pendant le khalifat d’Othman, que les Arabes firent leur première descente en Espagne, sous la conduite d’Abd-Allah-Ibn-Nafè et Abd-Allah-Ibn-Hosein ». (6). tome1, page 346. 

Cette dernière information est confirmée par En-Naciri (et d’autres) qui précise que les deux Abdellah ont été chargés par le Khalife Othmane à la tête d’importantes troupes pour la conquête de l’Ifriqiya en l’an 26 et il les désigna pour aller en Espagne. Cela veut dire que l’Espagne a été visitée deux fois par les Arabes avant que ne le fasse Tarik dont l’invasion allait être suivie par celle de Moussa Bnou Noceïr une année plus tard alors que Tarik s’y trouvait déjà.

-Tout ce que nous venons d’écrire, nous n’avons pu le faire que grâce aux historiens et le  seul rappel de la bibliographie concernant les sept fils de Abdellah Al Kamil aurait nécessité autant de place que ce qui nous a été nécessaire pour arriver à ce stade de notre mise au point.

Aussi sommes – nous désarçonné quand l’auteur écrit : « Comme pour Tarik Ibn Zyâd, le séjour des frères Idriss, Issa, et Soulaymane à Tlemcen est passé sous silence par plusieurs chroniqueurs pressés de ne voir dans ces événements qu’une ombre au déplacement du lieu géométrique vers l’ouest par le rôle joué patiemment par Tlemcen durant les turbulences des évènements sous les régimes omayyades et abbassides».

L’opacité de ce paragraphe,  le flou qui y domine, les sous-entendus que l’on devine nombreux et l’absence totale de visibilité laissent pantois parce que Tlemcen ne joua aucun rôle dans ces « turbulences » et elle n’en fut ni le lieu géométrique ni le barycentre. Le centre d’intérêt de l’Afrique de l’Ouest était, à l’époque considérée, Kairouan qui connut 46 gouverneurs : 35 omeyyades depuis 661, date de l’assassinat de Ali et jusqu’en l’an 800  et 11  Aghlabides de 800 à 909.

Tlemcen ne fut en rien concernée par la succession des événements qui ont alors secoué le Maghreb bien qu’elle ait subi des contrecoups collatéraux. Pour clore notre réponse autrement nous signalons qu’Ibn Khaldoun ainsi que d’autres historiens nous apprennent le passage de Okba par Sidi-Daho, à quelque vingt kilomètres à l’Est de Sidi-Bel-Abbès et omettent, pour des raisons obscures, de parler du passage de Tarik à Tlemcen et surtout pour le grand dessein qui lui a été intimé d’accomplir !

Pour les quatre noms cités, nous avons donné les avis qui concordent chez le plus grand nombre d’historiens. Nous avons en plus déjà avancé notre opinion sur ce que sous-entend une telle assertion. Nous n’en dirons pas plus.

-L’auteur nous apprend qu’Idriss, avant de quitter Tlemcen « avait pris soin d’envoyer un message jusqu’en Tripolitaine pour que son frère Soulayman puisse revenir à Tlemcen…»  après nous avoir dit que ce dernier s’y trouvait  quand lui – même y

arriva. Là il y a vraiment un problème de choix d’option qui, peut – être, dû à un excès de précipitation conjuguée à une absence de démarche claire, n’a pu être tranché. Enfin, il annonce deux retours de Soulaïmane à Tlemcen !! D’où? Sans commentaire.

-L’avant dernier paragraphe, réplique parfaite par le style de celui dont nous venons juste de parler, est à citer intégralement : « Tlemcen, ne comptant plus le nombre de mues qu’elle a fait subir  à tous ceux qui ont prétendu la mettre à leur humeur, saura une nouvelle fois, à l’aube de ce 3 ème millénaire, apporter les valeurs universelles qu’elle sécrète, et qui ne sont pas toujours du goût de toutes les humeurs de notre temps. »

 Nous aurions tant souhaité en savoir davantage sur cette énigmatique sécrétion de valeurs universelles passées ou annoncées à l’aube de ce troisième millénaire. Nous croyons dur comme fer que l’auteur était dans l’impossibilité d’en sérier quelques unes et croyons encore plus dur qu’il ne peut exister, à travers toute la planète, des valeurs universelles qui ne puissent faire unanimité.

Pour en revenir à cet avant-dernier paragraphe cité, nous nous questionnons : qu’est – ce qui se trame donc contre Tlemcen ? Quels sont ces esprits mal intentionnés qui prétendent la mettre à leur humeur ? Pourquoi l’auteur et « ce groupe soucieux du legs de Tlemcen » ne les dénoncent–ils pas ?

Si nous devions ajouter quelque crédit à cet alarmiste constat, nous recommanderions à tous nos bons amis tlemcéniens – et ils sont fort nombreux –  de rester vigilants, de se tenir sur leurs gardes car un danger indicible menace leur ville et, si ce danger venait à prendre forme, alors tous les Algériens se sentiraient concernés car, quand la nécessité l’exigera, chacun d’entre nous, saura être tlemcenien, bougiote, annabi, biskri, laghouati, bou-saadi (et les épithètes de ce genre sont si nombreuses qu’elles couvriraient plus de 2 300 000 km²).

Alors, il est de toute première nécessité de dépasser ces régionalismes étroits et stériles pour ne pas dire ces tribalismes primaires, datant d’un autre âge, et dont on peut  admettre qu’il subsiste çà et là quelques résidus mais pas dans une ville, d’Art et d’Histoire, plusieurs fois centenaire hélas! ternie avec maladresse, gaucherie et flagornerie et qui est en droit d’exiger amende honorable pour s’être vu imputer des faits dont elle est totalement innocente. Pour courtiser Tlemcen, il faut mettre le prix  mais celui-ci n’est, à notre humble avis, à la portée de personne aujourd’hui.

3.1.2 L’APPORT DES SOULAYMANIYINE.

Les Soulaymaniyine apportèrent une très grande contribution au développement du Maghreb central où on leur attribue, selon les sources quatorze à vingt un « royaumes ».  Le recoupement des écrits à leur sujet entre les principaux historiens nous donne le tableau généalogique (et nous le souhaitons perfectible) ci-après :

Remarques :

Dans ce tableau qui est, dans les notes que nous avons utilisées, plus étoffé qu’il n’apparaît, reconstitué sur une très longue période, nous n’avons fait ressortir que les descendants de Mohamed  Ben Soulaïmane qui ont eu à exercer le pouvoir : 4 à Tlemcen, 4 à Rechgoun, 3 à Tahert, 7 à Ténès et 3 à Jouraoua, cette dernière ville ayant existé sur l’Oued Kiss, apparemment non loin de l’actuelle Merset ben M’Hidi et des sources la situent près de Melilla. Ibrahim (17) bâtit Ténès ou Miliana. Hamza (21), bâtit Souk Hamza, l’actuelle Bouira. Parmi les noms que nous n’avons pas cités se trouvent des membres de cette prestigieuse famille qui se sont installés en Andalousie. Et si, aujourd’hui, après  douze siècles environ, on arrive encore à en parler c’est parce que, contrairement à ce qu’a avancé l’auteur, chroniqueurs et historiens ne les ont pas passés sous silence.

Que ne nous gagnerons pas à suivre, dans l’esprit et dans la lettre, le vieil adage qui dit : « A chacun son métier, les vaches ne seront que mieux gardées. »

SOURCES :

  1. L’Indépendance confisquée.
  2. De R. Mortier cité par Jacques Lemaire dans « Dire l’Histoire ». Collection « La Laïcité, la Pensée et les Hommes ». Edition de l’Université de Bruxelles.  1987.
  1. Jamharat Ansab El Arab. Ibn Hazm. Dar Al Maârif (Le Caire). 4 ème édition. Edition critique par Abdessalam Mohamed Haroun.
  1. Histoire des Nations et des Rois (Chroniques) de Tabari, 6 volumes. Dar Sader,  Beyrouth. 2ème édition, 2005.
  1. Kitab el-Istiqça, Ahmed ben Khaled En-Naciri

– Version arabe : 9 volumes, Edition de Dar Elkitab, Casablanca, 1954.

– Version en français : 2 volumes traduits par A. Graule pour les Idrissides et par  G.S.                                       Colin pour les Almoravides. Librairie Paul Geuthner, Paris, 1925.

  1. Histoire des Berbères (Kitab El Ibar), Ibn Khaldoun, 4 volumes, textes en Français traduit par le Baron de Slane, Librairie orientaliste Paul Geuthner S.A  (Paris), 1978.
  1. La Nation des Idrissides, Rois de Tlemcen, Fès et Cordoue. Ismaïl Al Arabi,  Edition Dar Al Gharb El Islami, Beyrouth, 1983, dont l’introduction est signée  par l’auteur lui-même, le 6 mars 1983 à Alger.
  1. Coran. Sourate El Djinn. Verset 17.

                                 

A suivre…. 

On ne badine pas avec l’Histoire. (Première partie)

On ne badine pas avec l’Histoire. (Deuxième partie)

On ne badine pas avec l’Histoire. (Troisième partie)

On ne badine pas avec l’Histoire. (Quatrième partie et fin)

 

 

 

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