Un peu de tenue, M. Luc Ferry !

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Si les musulmans doivent prendre davantage de liberté pour changer, beaucoup de personnes en Occident devraient prendre moins de liberté à étaler leur islamophobie et leur nullité. Ils piétinent ainsi leurs propres principes, de tolérance notamment et font injure à leur propre intelligence.

De l’envie deFinkelkraut à « carboniser » Tariq Ramadhan,  au fiel d’Oriana Fallaci, en passant par l’audace éhontée du sinistre Claude Imbert du journal le point à revendiquer sa haine de l’Islam, on arrive à l’ignoble outrecuidance danoise de caricaturer le prophète de l’Islam dans l’intention de provoquer la colère des croyants musulmans en les  offensant.

C’est l’escalade dans l’agression permanente. Bush  n’a pas commis un simple lapsus en parlant de croisade ; il avait lancé son djihad à lui contre le « mal ».  Le mot est choisi dans le glossaire biblique. Le 11 septembre 2OO1, crime inqualifiable par son horreur, devient une aubaine et le terrorisme, dont les pays musulmans sont les premières victimes,  est bien commode pour stimuler l’ardeur de tous les extrémismes religieux pour les embrigader dans son néo-protestantisme.

Tous les prophètes furent de leur vivant injustement diffamés, outragés, agressés,  assassinés, cela  n’a jamais pas terni la vérité dont ils sont porteur. La fatuité de ses personnages, qui confondent entre le clinquant et le brillant de leur réalité avec les notions de liberté et de démocratie, se cristallise dans le fait de l’inconscience  de l’énormité de leur malveillante irresponsabilité. Il ne suffit pas de se faire appelé philosophe pour s’autoriser à débiter de grossières bêtises comme l’a fait cette semaine sur L.C.I. ( 03.02.O6) Luc Ferry. 

Il  accusait tous les musulmans, sans la moindre distinction, de haine envers les occidentaux. Et comme pour mieux souligner qu’il est le digne remplaçant de Claude Imbert à l’émission de L.C.I., pompeusement appelée Ferry-Juliard, Sournoisement il se glisse derrière la défense de la liberté, dans le feu du débat et s’appuyant d’un mot savant, il assène son coup, « c’est une haine ontologique » dit-il ! Au-delà des musulmans, il s’attaque à l’Islam. Il assume le contenu et l’intention de nuire du scribouillard danois. C’est un cas de récidive manifeste beaucoup plus grave que l’irrévérence blasphématoire du caricaturiste danois et les émules qu’il suscités.  Dire de savantes insanités sans contradicteurs en face de soi est d’une lâcheté intellectuelle intolérable.

Le prophète Mohamed est une miséricorde offerte au monde. Il a été envoyé « pour convaincre le monde en ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement. » pour nous « conduire  dans toute la vérité ». Lisez l’évangile de St Jean M. Ferry, peut-être que vos redoutables préjugés ontologiques s’adouciraient. Plus néfastes que le choc des civilisations, des propos émanant de personnes de la qualité de l’ancien ministre français construisent des murs entre   les cultures, les peuples ou tout bonnement entre voisins du même palier dans les cités multiculturelles.

Quand Silvio Berlusconi décrète la supériorité de sa civilisation sur celle des musulmans il se fait l’interprète des sentiments les plus malsains qui infestent le cerveau de personnes du même acabit queFerry et Imbert. Se sont des personnes suffisamment intelligentes pour que nous ne puissions pas les accuser lorsqu’elles s’adonnent aussi bassement à l’amalgame entre Islam et terrorisme, de le faire gratuitement ou par inadvertance.

La confusion qu’elles sèment vise à conditionner les français et les européens en générale pour qu’ils acceptent une solution au Proche-Orient qui consacre un vainqueur, Israël, et entérine une victime, le peuple palestinien. Dans l’émission en question, pendant que les deux compères, Ferry et Julliard, s’écoutaient, tour à tour, en se congratulant avec des mimiques approbatrices, la régie montrait (du doigt) la colère des jeunes palestiniens.

Ce courant de pensée, appelons-le, pour rester poli, berluconien commet, à mon avis, deux fautes, la première est qu’il oublie que la civilisation qu’il toise lui a appris à compter, au sens propre du verbe. Elle a éclairé de ses lumières le Moyen-Âge de cet occident qui aujourd’hui nous ébloui  avec son clinquant, même s’il ne nous séduit pas quand il est aussi belliqueux que   Ferry, ce dimanche sur L.C.I. La civilisation musulmane  a au moins aidé sinon  fourni  l’ascenseur dans lequel Berlusconi et consort ont pris tant de hauteur. C’est de l’ingratitude.

La deuxième faute, ils la commettent au détriment du cartésianisme bien européen. Les arguments seraient aussi bon marché que les mûres qu’ils ne nous en donneraient pas, pour nous convaincre que la haine est réellement du côté de l’Islam et surtout pour nous expliquer la supériorité de leur civilisation, mauvais élèves qu’ils sont ! Je leur concède la puissance, mais la proximité du sens de l’équité, de la justice, en mot de la Vérité, nous la préserverons car elle nous confère une grandeur que ces messieurs ne soupçonneront jamais.

Jacques Berque, fin connaisseur de l’Islam et de sa civilisation disait, en 1983,  » Quels que soient chez nous les stéréotypes venus d’un autre âge, rendons-nous bien compte qu’il y a entre l’effort de l’Islam et le nôtre, je ne dis pas une solidarité, mais une homologie. »  Voilà un homme de culture authentique qui mérite que nous méditions, tous, sa pensée pour que la dynamique actuelle de la confrontation s’inverse. Nous prendrions alors la voie d’une alliance des civilisations à laquelle le premier ministre espagnol, MZappatero a appellé de tous ses vœux.

En France et probablement ailleurs en Europe, les politiques sont montés en force sur la ligne de front pour défendre la liberté de porter atteinte à la dignité de millions de personnes. De Philippe Dousteblasy à  Dominique de Villepin Ils nous ont expliqué que nous, musulmans, avons la liberté de souffrir, après tout la barbarie coloniale nous a quelque peu  endurci, mais pas le droit de se mettre en colère contre cette liberté d’expression. Le libéral Madelin a été encore plus pédagogue. Il a déclaré de façon peremptoire sur I-Télé que «  pour nous, la liberté d’expression est sacré ». La clarté d’Alain  Madelin est de loin inférieure à son arrogance. Il aurait été plus pertinent qu’il dise aux adeptes de cette grande religion que leur prophète est moins sacré que la liberté de les offenser si odieusement.

L’Islam est un message d’amour à l’ensemble de l’humanité sans distinction de race ou de culture. Un message véritablement oecuménique, au sens où elle vénère tous les prophètes d’Abraham au prophète de l’Islam en passant par tous les prophètes bibliques et naturellement Moïse et Jésus.

Deux poids, deux mesures ! La liberté d’expression aurai-elle résisté si une opinion un tant soit peu déplacée avait attenté au sionisme.  Il est certain que la justice se serait saisie de l’affaire et son couperet serait tombé avant que les politiques n’aient eu le temps de se précipiter devant les micros pour le lynchage médiatique. L’affaire Dieudonné est exemplaire. Il a osé rire d’un extrémiste sioniste ! D’ailleurs, c’est Ferry qui m’y a fait pensé au malheureux Dieudonné ; Il n’avait trouvé personne pour soutenir sa liberté d’expression. En effet, Luc Ferry avait manifesté de l’agacement de voir, dit-il, la France faire repentance à tout bout de champ. Il a cité l’esclavagisme et le colonialisme. Il aurait du allait au bout de son idée pour nous dire à qui et pour quel crime la France devrait-elle exclusivement faire repentance. Luc Ferry nous le dira peut-être dans une prochaine émission de L.C.I.

Enfin, je voudrais convaincre Luc Ferry que l’aversion que ses propos sur L.C.I m’ont inspiré ne m’ autorise pas à commettre ce que je stigmatise chez les autres en globalisant et en généralisant des jugements sans fondements. Je souhaiterais qu’il sache que ce qui me séduit particulièrement chez l’écrasante majorité des français, c’est cet humanisme empreint du sens de la mesure qui fait cohabiter démocratie, liberté et respect de l’autre. C’est avec une pointe d’émotion que je relis le vibrant hommage d’Alphonse de Lamartine, dans son Histoire de la Turquie, qui finit par cette extraordinaire interrogation « A toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ? »

Si les hommes intelligents et de bonne volonté tardent à instaurer un dialogue fructueux, je crains que le moment, où l’Occident refusera de comprendre et les musulmans refuseront d’expliquer, ne finisse par arriver. Se serait désastreux pour tout le monde. Evidemment c’est un détournement de phrase pour faire un clin d’œil à Mouloud Feraoun dans son journal relatant la tristesse et la morosité du 1ièr  novembre 1955 et la cassure entre français et kabyles.

Que l’on se rassure, le réveil de l’Islam n’effraie pas tout le monde, écrivait Robert de Hertedans un excellent éditorial de la revue Eléments pour la Civilisation Européenne au milieu des années 80, « Ce réveil n’est pas à nos yeux une menace mais bien plutôt un espoir. »  L’espoir que l’Islam puisse donner à l’efficacité occidentale un sens.

Abdelhouahab Mokhbi

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