La misère rampe sur les murs moisis
Rejette les nausées aux odeurs bien rancies
La poudre humide suinte le dégoût et l’ennui
Vagabonde et dévore tout comme un zombie
L’haleine au goût « aigre-amer » tel un ulcère
Déchire horriblement le ventre de la terre
Comme l’effroyable et l’énorme cratère
Et les systèmes pesants qui m’exaspèrent
Satan piégé dans le chaînon du malaise
Attise le mal, l’injustice et la foutaise
Transforme les cages d’escaliers en fournaise,
En Guet-apens pour la chair destinée à la baise
Ma sœur qui se prostitue au coin de la rue,
La femme séquestrée, pute et soumise à la « crue »
Brûlée dans la cave sombre, froide et sans issue
Le corps tailladé, broyé et à la fin abattu
Les femmes brûlées, harcelées et rejetées
Les hommes kidnappés, en haut des tours séquestrés
Les enfants enchaînés, lynchés à la vie arrachés
Les vautours dévorent les corps assassinés
Tout se banalise et se fanatise sans scrupule
Les crétins, les grandes gueules et les crapules
Chiffrent la chair fraîche, calculent et éjaculent
Ils oublient leurs racines et le sang bleu qu’y circule
La démesure claque l’esprit tourmenté
Dévore tout au passage et poursuit l’insensé
Marginal et « asocialement » bien fabriqué
L’interdit se normalise, l’autre syndrome de la société
A la souffrance du rêve désarticulé et en détresse
S’ajoutent la honte, l’humiliation et la faiblesse
Les armes remplacent la plume et les jeux en liesse
Les enfants sans jeux, sans rire et sans allégresse
Où sont les bruits, les rondes des enfants enchantés.
Le chiffre vert à la main, ils refusent l’autorité,
La « sociale » (l’assistante) du quartier me place au foyer
Les parents et les instits insultés et tabassés
Contraints à l’ignoble traversée insensée
Malgré les courants des vents et marées révoltés
Les « valeur-ajoutées » aux mœurs désertent la cité
Quand on est sans cesse refoulé comment résister
Les diplômes et les cv froissés dans ma poche,
La secrétaire au décolleté qui se décroche
Le nombril nu, argenté et le regard moche
Ne me propose guère la pelle et la pioche
Les « mare-à-temps», les tests et entretiens au quotidien
Cent fois refoulé, cent fois rien, cent fois le chemin
D’éviter l’absurde-sensé sans forcer le dédain
Revenir enfin las, le bleu à l’âme sans rien
La trentaine passée, je n’ai pas le droit de rêver,
L’horizon noyé dans l’océan controversé
Dans l’erreur, les vices et les paroles détraqués
Comment résister au goût qui sent très mauvais
Le simple devient tellement difficile,
On me dit que je délire, pauvre imbécile
Nul n’entend les sanglots sur la rive du fil
La vie passe comme une ombre qui défile
Je vais au bistrot pour me saouler à l’insensé
Tout se décompose, obéit au syndrome du danger
La souffrance ronge les visages harassés
Le malaise profond s’emporte comme un désaxé
La politique glose et engloutit les idées
Le système et les discours restent figés
L’injustice a « gang-reigné » l’hiver ensanglanté
Un ping-pong entre gauche et droite pas futées
L’être esclave du « mâle », des vices, des passions
Condamné au délit et aux « corps-éruptions »
A l’angle des tournantes, joue au diable en « erre-action »
La mémoire en péril « blanchie » de tentations
La souffrance, j’entends et je saisis, les mots argent
Mots pervers, mots sexe, lourds et dégoûtants
Mots tabous, silence qui se réfugie dans le non-dit
Les mots « trans-agressent », violent le rouge proscrit
La raison « cent-balle », quitte l’esprit et s’enfouit
Comme l’âme qui sort du corps après la sympathie.
L’être ébranlé, vagabonde dans l’interdit
Dans les appétits et les dangers sans sursis
Sans distinguer le fil blanc du fil noir, l’être s’active
Il n’est qu’une poussière vouée à la dérive
Tout fou le camp, chavire presque sur la rive
Ivre de nausées déambule sur la défensive
Ailleurs comme ici, les grandes gueules, les crétins,
Hypocrites, faux, sournois noyés dans le vilain
Dans l’absurde et s’en fichent fièrement, des gamins
Partout dans le monde meurent de soif et de faim
Les longs et larges rayons de produits alimentaires
Avec marques et labels qui se font la guerre
Destinés à l’autre « pedigree » putain de colère !
Or, partout les enfants fauchés par la misère
L’audace des guerres, des misères m’agace
L’esprit déculturé sasse et ressasse
Les idéologies manipulent quoi qu’on fasse
La terre se sent vraiment épuisée et lasse
L’ignorance obscure et les guerres riches, sans nom
Dégueulent « l’arôme-rance » du sang nauséabond
Qui hurle et contamine la vie aux poumons
Le monde sombre dans la gueule du dragon
Certains jouent aux héros, d’autres à l’aéroplane
Certains s’amusent avec le démon Hooligan
Les boules de feux explosent les têtes des afghanes
Aux yeux de la « Dé-mo-cra-chie » made in « taille-one » !
Nacéra Tolba