24% ! Moins d’un quart des français ont globalement confiance dans l’information transmise par les médias, selon le rapport annuel du Reuters Institute, un centre de recherche sur le journalisme lié à l’université d’Oxford (1). Basé sur une enquête de l’institut de sondage britannique YouGov, ce rapport classe la France à l’avant-dernière place des 39 pays sondés. Seule la Corée du Sud fait moins bien avec un taux de confiance de 22%. Tout en haut de ce classement, on trouve la Finlande (59%) suivie du Portugal (58%).
Pire encore, le taux de confiance des français dans les médias d’information s’est effondré de 11 points en un an. En cause selon l’étude, la couverture du mouvement des « gilets jaunes », jugée volontairement négative et pro-gouvernementale (2). Les personnes interrogées considèrent que les médias ont privilégié le sensationnalisme et la polémique à une information objective. On peut ajouter à cela l’absence quasi-totale de traitement des violences policières pendant les deux premiers mois du mouvement. N’en jetez plus, la coupe est pleine !
Même si le traitement du mouvement des « gilets jaune » peut expliquer la forte baisse de cette année, cette raison ne suffit pas à justifier ce taux de confiance affligeant. Le mal est en effet beaucoup plus profond. La concentration des médias entre les mains de l’oligarchie (3) et un traitement de l’information marqué par l’hégémonie de la pensée néolibérale et de ses éditorialistes, donnent aux français la désagréable impression d’une incessante campagne de propagande. Un sentiment exacerbé par l’hallucinante cabale médiatique pro-Macron lors de l’élection présidentielle 2017.
Entre les citoyens et les médias, le divorce est consommé. Selon le rapport du Reuters Institute, les français considèrent que ces derniers « font partie du problème », au même titre que les politiques. Des conclusions qui devraient alerter le microcosme des journalistes des grandes rédactions. Mais, au contraire, ceux-ci semblent plus que jamais dans une posture de déni, ne cessant de clamer leur indépendance et brandissant l’épouvantail des « fake news » comme gage de leur fiabilité. À défaut d’entamer un profond travail d’autocritique et de remise en question, ils essaient désespérément de contrôler l’information en signant des partenariats avec Facebook ou Google, assurant ainsi leur mainmise sur réseaux sociaux et les moteurs de recherche.
Les sondés étaient aussi invités à évaluer la confiance qu’ils ont dans plusieurs « grands médias » et, sans surprise, BFM TV pointe à la dernière place avec une note inférieure à la moyenne (4,94/10). Malgré cela, la chaîne d’info reste le deuxième média le plus consulté derrière TF1… Comme un symbole du paradoxe français. Car si nos concitoyens ont peu confiance dans leurs médias, ils continuent de les regarder, les lire ou les écouter.
Pourtant, de nombreux médias libres et indépendants existent aujourd’hui, mais ils n’ont pas les moyens des milliardaires et leur audience est encore trop limitée. Vous pouvez notamment vous référer à la liste relativement complète de L’huile dans les rouages, qui a référencé une cinquantaine de pages à suivre pour s’informer sans passer par les canaux des médias mainstream. Nous vous invitons par la même occasion à rejoindre le groupe facebook « L’actu libre, indépendante et citoyenne » que nous avons créé pour partager l’info indépendante et s’émanciper des médias de l’oligarchie.
Seuls nos comportements de « consommateurs de l’information » peuvent réellement influer sur l’évolution du paysage médiatique. Voilà notre vrai pouvoir de citoyens.
Références :
1. Reuters Institute Digital News Report 2019 : https://reutersinstitute.politics.ox.ac.uk/sites/default/files/2019-06/DNR_2019_FINAL_1.pdf
2. Digital News Report 2019 – France : http://www.digitalnewsreport.org/survey/2019/france-2019/
3. Médias français, qui possède quoi : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA