L’héritage des Novembristes vs. le legs désastreux des Bouteflika

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Aujourd’hui, l’Algérie commémore le 5 juillet, date de l’Indépendance du pays. Dans la longue nuit coloniale, des braves se sont levés et ont combattu vaillamment les occupants pour libérer la patrie. Ils ont réussi leur mission historique au prix d’immenses sacrifices. Mais qu’a-t-on fait de l’Algérie ? Après que ces valeureux combattants se soient sacrifiés pour nous donner un pays grand et beau et qui possède tous les atouts pour réussir, des misérables sont venus, suffisants et fiers de leur insignifiance, et ont ruiné le pays, léguant aux jeunes générations un pays exsangue, à l’image d’un président impotent et de sa cour qui est toujours aux affaires. Si les Novembristes et la génération des Ben M’Hidi et Ben Boulaïd symbolisent la fierté et l’honneur des Algériens, les corrompus de tous bords et vieilles épaves qui se chamaillent dans une guerre des clans menant le pays droit dans un précipice, représentent la déchéance totale et ce qu’il y a de plus abject dans l’être humain. Ils n’ont aucune feuille de route, aucune vision d’avenir, seul compte leur intérêt personnel. Au moment où le peuple manifeste tous les vendredis pour un changement, les tenants du pouvoir actuel gagnent du temps et utilisent tous les subterfuges pour se maintenir à leur place et conserver leurs privilèges. Telle est l’Algérie d’aujourd’hui et telles sont les conséquences du règne calamiteux de Bouteflika que j‘ai dénoncé pendant des années. Pendant que moi et d’autres hommes d’honneur dénoncions le joug du nouveau colonialisme de Bouteflika et sa clique, d’autres se gavaient à la mangeoire, et les voilà maintenant en train de fanfaronner et de se prendre pour des révolutionnaires en léchant les bottes des puissants du moment. C’est pour cela que j’ai écrit à maintes reprises que la crise que Bouteflika nous avait ramenée n’était pas seulement politique et économique, elle était avant tout morale. En effet, en généralisant la corruption, en frappant tous les repères de la société algérienne, Abdelaziz Bouteflika a foudroyé la société algérienne. Il a distillé un poison lent, celui de la corruption, de l’opportunisme, du régionalisme, du clientélisme, du népotisme… que des maux ! Au lieu de bâtir un État sérieux, il nous a fait revenir à l’âge de pierre, dans le non-État. Ce que nous vivons maintenant en est le symbole. Nous baignons dans un climat délétère où chacun accuse tout le monde de trahison, où se sont répandus les faux prophètes et les charlatans, où les télévisions offshore rejointes par la télévision publique l’ENTV se livrant à une prostitution médiatique qui souille tous les espaces, où règnent le larbinisme, la chita et el rokhs, où l’on continue à vénérer les personnes au lieu de vénérer le tout puissant. En effet, nous sommes passés de la vénération du cadre de Bouteflika au culte de la personnalité dans tout ce que cela comporte de hideux. Telles sont les conséquences des vingt ans de règne de Bouteflika et, avec un pareil personnage au pouvoir, ça ne pouvait pas aboutir à autre chose qu’à un désastre politique, un désastre économique, et un désastre moral.

Bien évidemment, leur guéguerre des clans pour le maintien de leurs privilèges ne nous intéresse pas. C’est la raison de mon silence par rapport à l’actualité algérienne. Je préfère réaliser des interviews avec des gens intelligents sur des questions importantes où l’on ne passe pas son temps à tourner en rond. J’ai tout dit auparavant et ce que j’ai écrit pendant des années est toujours d’actualité. Je constate que, malheureusement, et malgré la détermination et le courage du peuple algérien, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Les écuries d’Augias ne sont pas tout à fait nettoyées, et il reste beaucoup à faire. Et ce n’est pas avec les outils ou les pions du bouteflikisme que l’on va arriver à un résultat probant. Les énergumènes qui faisaient partie du règne de Bouteflika sont aujourd’hui dans les mêmes postes, or ceux qui font partie du problème ne peuvent pas être la solution. Bien au contraire, ils continuent à être le problème. Ceux qui ont fait des courbettes devant les Bouteflika pendant des années et qui ont voulu un 5e mandat pour une momie, un cadre, courbent aujourd’hui l’échine devant un nouveau maître. Le roi est mort, vive le roi ! Une race d’esclaves soumis ne peut pas construire un pays. L’Algérie est un immense chantier où tout est à refaire. Pour cela, il faut des hommes intègres, des vrais patriotes, et non pas des intermittents du spectacle, des faux dévots et des usurpateurs. Le désert politique causé par le règne des Bouteflika n’arrange certainement pas les choses. Il faut tout refaire et tout revoir, que ce soit au niveau politique ou économique. L’Algérie regorge de compétences mais il y a une absence de confiance entre le peuple et ses dirigeants. Aujourd’hui, la situation économique est intenable et la situation politique est chaotique. L’un des signes majeurs de cette crise politique est que les élections ont été reportées deux fois, ce qui constitue un précédent dangereux dans l’histoire de l’Algérie. La crise du système a atteint son apogée, ce même système qui n’a pas les moyens de se régénérer et qui s’enfonce dans une impasse périlleuse pour le pays. Au lieu de trouver des solutions, on gère à la petite semaine en fonctionnant au gré du vent, le bricolage continue et bien sûr le pays perd un temps très précieux. La fratrie Bouteflika a accomplis sa mission avec brio, elle a réussi à tout dévaster.

Néanmoins, il ne faut pas perdre espoir car l’Algérie a déjà connu des situations de crise qu’elle a pu surmonter. Et bien sur, c’est en comptant sur ses dignes fils patriotes et sa jeunesse dynamique qui rêvent d’une Algérie belle et prospère qu’elle pourra s’en sortir. Le peuple, dans sa sagesse, sait que c’est dans l’union que l’Algérie trouvera la solution à sa crise et ne cèdera pas aux tentatives de certains qui utilisent le régionalisme et la division en insultant l’amazighité, se moquant de son drapeau en le traitant de drapeau de la fourchette, ou en évoquant une opération d’el manjel (la faucille). On répond à ceux là que pour faire une révolution, il faut une faucille et un marteau et, bien sûr, d’autres outils de construction. Il faut arrêter de répandre vos salades de mouches et de « tic » dans les réseaux sociaux que vous polluez à longueur de journée. On vous connaît toutes et tous et on connait votre passé. Ce qui se passe dans les réseaux sociaux est aberrant. Quand on attaque des symboles de la Révolution comme Djamila Bouhired et Lakhdar Bouregaâ (même si on n’est pas d’accord avec son opinion), que reste-t-il ? Si chaque individu donnant son opinion est emprisonné, où allons-nous ? Si voir le peuple algérien redécouvrir la politique et s’impliquer a été enthousiasmant et réconfortant, lui qui avait démissionné pendant des années et avait laissé les Bouteflika faire de l’Algérie ce qu’ils voulaient, le bas niveau qui s’est installé dans les réseaux sociaux et qui est voulu et entretenu par certains est dégradant et peu rassurant. Mais je ne perds pas espoir de voir les forces du progrès tirer le débat vers le haut, ce dernier étant actuellement au ras des pâquerettes. Et c’est voulu par les mouches électroniques et ceux qui les paient ! Arrêtez vos manœuvres, vos enregistrements, vos fuites organisées, et vos provocations contre le peuple ! On n’a pas besoin d’enregistrements ni de fuites pour savoir à qui l’on a affaire, à savoir des incompétents, des bras cassés, voire des traîtres. Je ne veux même pas citer des noms, ils ne m’importent pas. Je n’ai aucune envie de les citer. Ce n’est pas une question de personnes, c’est un système qui est arrivé au bout de sa course et qui tourne à vide. Le peuple algérien a demandé le départ du système, tout le système Bouteflika sans exception doit partir ! Le peuple continuera à manifester massivement jusqu’à votre départ. Berkaw men el laab ! Arrêtez de jouer !

Mais revenons à Novembre et à ses enseignements pour dire que l’Algérie des braves et des chouhada triomphera sur tous les usurpateurs et les crapules quels qu’ils soient. L’Algérie n’est pas un jouet, ni un lot de terrain, ni un puits de pétrole qui sert à remplir la panse des rapaces. Ce 5 juillet n’est pas comme les autres, il s’inscrit dans la continuité de Novembre. Depuis 1962, jamais nous n’avions vu un raz-de-marée dans les rues comme aujourd’hui. Le peuple algérien a décidé de montrer qu’il était bien décidé à chasser le système moribond et à écrire une nouvelle page dans le grand livre de l’histoire glorieuse de l’Algérie. L’Algérie, c’est un chant d’espoir porté par nos braves Immortels que sont les martyrs de la Révolution et qui est repris aujourd’hui en chœur par tout le peuple algérien, héritier de cette épopée extraordinaire. Bonne fête du 5 juillet à tous les patriotes ! Nous avons triomphé de Bouteflika et de son gang. Nous triompherons sur l’infamie et l’arbitraire. L’Algérie vivra contre vents et marées et le chant des martyrs résonnera toujours dans l’éternité. L’héritage des enfants de Novembre, c’est avant tout l’espoir. Gloire à nos martyrs ! Tahia El Djazaïr !

Mohsen Abdelmoumen

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