La Course a l’intelligence

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Confortés par la théorie de Charles Darwin sur l’évolution des espèces, nous avons l’intuition que la vie évolue vers l’intelligence et que cette évolution ne cesse de continuer. Mais quelle sera donc la prochaine étape évolutive de l’intelligence humaine ? Essayer de résoudre cette question, ne serait-ce que d’éclaircir le sujet, nous permettra d’imaginer un peu les différents types d’intelligences extraterrestres pouvant coexister au sein de notre galaxie. Nous supposerons bien sûr que les lois de l’évolution sont universelles.

L’évolution de notre cerveau

Notre cerveau est le fruit de millions d’années d’évolution. S’il fallait comparer son évolution à quelque chose de concret, le cerveau serait une maison qui a évolué au fur et à mesure des différents propriétaires qui l’ont occupé. On a reconstruit sur l’ancien sans repartir de zéro à chaque étape évolutive. C’est la théorie du cerveau triunique introduite par Paul Mac Lean en 1969.

Notre cerveau serait composé de trois strates dont chacune serait un héritage de l’évolution. On distingue :

  • Le cerveau reptilien : c’est le cerveau de la survie de l’individu et de l’espèce. Il est commun aux oiseaux, amphibiens, poissons et reptiliens. Il serait apparu il y a environ 400 millions d’années à l’époque où les poissons sortent de l’eau pour donner naissance aux batraciens. C’est le cerveau des réflexes, des fonctions de régulation de notre organisme (respiration, température, rythme cardiaque), des instincts innés et des besoins primaires (alimentation, sommeil, reproduction, etc.). Ce cerveau répond aux stimuli de manière stéréotypé et rigide. Il est responsable des comportements de peur, de haine, de territorialité, de hiérarchie, etc. Ce cerveau peut prendre le contrôle des autres cerveaux en situation de stress. Ce cerveau n’a qu’une mémoire à court terme. C’est le cerveau de l‘instant, du présent.
  • Le cerveau limbique : c’est le cerveau affectif. Il est commun à tous les mammifères. Il serait apparu il y a 65 millions d’années avec l’apparition des premiers mammifères. C’est le cerveau des émotions,  des jugements de valeur, des préférences, des motivations, de la personnalité, de la mémoire des comportements agréables et désagréables. C’est le cerveau du passé.
  • Le neocortex : c’est le cerveau de l’intellect. Il serait apparu il y a 3,6 millions d’années avec l’apparition de l’Australopithèque. C’est le cerveau du raisonnement logique, du langage, de l’anticipation, de la pensée abstraite, de l’imagination, de la conscience. C’est le cerveau du futur.

On peut constater qu’à chaque structure ajoutée à notre cerveau, une étape supplémentaire dans l’élévation de notre conscience est franchie.

Nous partons d’un cerveau reptilien où l’organisme existe et agit selon ce que lui dicte ses instincts, sans se poser de question sur son existence. Il survit et c’est son seul but. Puis vient le cerveau limbique, grâce auquel l’organisme se met à ressentir des émotions. Cet organisme n’existe plus pour survivre mais pour apprécier la vie, la ressentir. Certaines choses lui plaisent tandis que d’autres lui déplaisent. Il en garde le souvenir afin de ne pas reproduire ces instants désagréables pour plus tard. D’une certaine façon, il commence à se détacher de son environnement et à se centrer sur lui-même. Enfin, arrive le neocortex grâce auquel l’organisme se détache de ses émotions et prend du recul par rapport à celles-ci. Cet organisme élabore des pensées abstraites et planifie des actions.

Bien entendu ces trois cerveaux ne sont pas totalement indépendants mais nourrissent entre eux de nombreuses connexions. Il existe une dynamique entre ces trois structures.

Quel sera donc le quatrième cerveau ?

Si nous continuons dans cette logique du détachement et de l’élévation de la conscience, on pourrait envisager l’apparition d’une couche supplémentaire de notre cerveau qui nous permettrait de nous détacher de nos propres processus de pensée. Nous pourrions nous voir réfléchir et sortir de notre cadre de référence où nous sommes emprisonnés. Cela aurait un impact énorme sur notre créativité et notre communication avec les autres. Ce serait le cerveau de la créativité, laquelle s’obtient plus facilement en travaillant en groupe. Ce serait aussi le cerveau de la communication, car pouvant nous détacher de nous-mêmes, nous pouvons mieux comprendre les autres. Finalement ne sont-ce pas là les qualités que nous tentons de développer de nos jours. On retrouve les termes « créativité » et « communication » dans tous les manuels de développement personnel. C’est bien là un besoin de nos sociétés modernes, auquel pourvoira peut-être la nature par le biais de la sélection naturelle, si chère à Darwin.

Nous pourrons ainsi nous risquer à extrapoler encore, en imaginant une cinquième étape de l’évolution du cerveau. Etant donné qu’à ce stade nous pouvons prendre du recul sur nous même et mieux comprendre les autres, un cinquième cerveau pourrait nous rendre empathiques avec une intensité jamais vécu encore par l’espèce humaine.

 

Le sixième cerveau sera peut-être celui de la télépathie, laquelle aboutira finalement à la naissance d’une conscience collective, tant évoquée dans nos livres de science fiction.

Le développement de l’intelligence artificielle

D’autres personnes, les gourous de l’intelligence artificielle, pensent plutôt que l’évolution de notre cerveau sera surpassée par celle de l’intelligence artificielle. Ils pensent que dans un très proche avenir l’intelligence artificielle, développée par les hommes, arrivera à égaler celle de l’intelligence humaine pour finir par la dépasser. Selon Raymond Kurzweil, créateur de plusieurs entreprises dans des domaines pionniers de l’informatique (reconnaissance optique de caractères, synthèse et reconnaissance vocale, synthétiseurs électroniques), l’intelligence artificielle évolue de manière exponentielle et arrivera à un seuil où elle se développera à un niveau tel que l’homme n’a jamais connu. Ce concept s’appelle la singularité technologique dont Kurzweil est l’un des théoriciens.

Selon lui, en 2025 une intelligence artificielle pourra passer avec succès le fameux « Test de Turing » et égaler ainsi l’intelligence humaine. Si, au bout de trois heures de dialogue écrit, l’examinateur est incapable de déterminer lequel des cinq interlocuteurs est une machine, le test est réussi.  En 2045 une intelligence artificielle équivaudra à l’ensemble des intelligences humaines réunies. A partir de ce stade, plus rien n’est prévisible, des intelligences artificielles plusieurs fois supérieures à celle de l’homme créeront elles-mêmes d’autres intelligences artificielles encore plus intelligentes, et cela de manière exponentielle.

Nous pourrons alors arriver à un scénario catastrophe où les intelligences artificielles, plus intelligentes que nous, seront en mesure de nous dominer, voir de nous éradiquer. Le genre humain sera-t-il exterminé pour avoir joué ainsi aux dieux créateurs ?

Actuellement l’intelligence artificielle fait déjà partie de notre quotidien. Des machines nécessitant de lourds investissements, que seules de grandes sociétés peuvent se payer, effectuent des actes de vente à d’achat sur les marchés boursiers à la vitesse de plusieurs milliers d’opérations à la seconde suivant des algorithmes programmés. C’est ce que l’on appelle le trading haute fréquence. Ces robots gèrent 70% des transactions du marché américain, 50% du marché boursier et déjà plus de 40 % du marché européen. Le plus étonnant est que ces machines se livrent une lutte en se ralentissant les unes les autres. Elles créent des milliers d’ordres pour les annuler une microseconde plus tard, générant ainsi une sorte de spam massif ralentissant les autres machines. Cela a même provoqué un mini crash boursier en 2010.

Certains pessimistes diront que malgré l’accroissement des performances de l’intelligence artificielle, celle-ci n’est en rien comparable à l’intelligence humaine. Toutefois, il n’y a aucune limite au développement technologique. D’autres technologies sont déjà à l’étude, car nous savons que la technologie de l’intelligence artificielle arrive bientôt dans ses limites. Des chercheurs japonais sont en train de mettre au point des nano-synapses dont les propriétés semblent proches de nos synapses biologiques. Concrètement, ces chercheurs sont parvenus à reproduire l’activité synaptique à l’aide d’une électrode appelée AgS2 à l’échelle nanométrique. Ces synapses permettront de produire des réseaux neuronaux artificiels et pourront peut-être même révolutionner l’intelligence artificielle un jour.

Entre l’évolution de notre cerveau et celui de l’intelligence artificielle, qui remportera la course à l’intelligence et qui sera le grand perdant ? Peut-être nous-mêmes. Dans combien de civilisations extraterrestres cette course a-t-elle déjà eu lieu ? L’issue de cette course est-elle toujours la même ? Seule l’avenir nous le dira.

caruxan

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Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_cerveau_triunique

http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_05/d_05_cr/d_05_cr_her/d_05_cr_her.html

http://www.rava-reny.com/articles/cerveau_triunique_MacLean.htm

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Les-prophetes-du-futur-Robotique-Intelligence-artificielle-373363/

http://www.nouvelordremondial.cc/2012/01/24/ces-ordinateurs-qui-rendent-fous-les-marches-financiers/

http://blog.santelog.com/2011/09/16/intelligence-artificielle-des-chercheurs-japonais-developpent-une-nano-synapse-nature-materials/

http://hplusmagazine.com/2009/09/09/will-we-eventually-upload-our-minds/