Il y a 180 ans : La Bataille de Sidi Brahim.

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Par Mohamed Senni.

Bataille de Sidi Brahim

1.Quelques rappels.

L’événement  que nous voulons aborder ce jour a été lancé à partir du Maroc où l’Emir s’était réfugié avec sa Deïra. Comment en était-il arrivé là ? C’est ce que nous nous proposons de voir à travers  ces  brefs rappels.

En 1835, Clauzel, « Chargé de capturer ou de faire capituler  l’Emir » se met en compagne, début décembre 1835, à la tête de 11000 hommes appartenant aux 11ème, 13 ème, 47  ème 63 ème et 66 ème régiments d’Infanterie de Ligne, aux 2 ème, 10 ème et 17 ème régiments d’Infanterie Légère et au bataillon de l’Infanterie Légère d’Afrique. L’Emir, comprenant parfaitement que l’affrontement allait être une réplique parfaite de celui de la Macta qui a eu lieu quelques mois auparavant, organisa ses troupes, convaincu qu’il avait tout à sa disposition pour en finir dans la Habra, entre Sig et Mascara. Il explique sa stratégie et donne ses ordres à ses chefs militaires. Les premières escarmouches eurent lieu sur la rive occidentale de l’Oued Sig  puis progressivement vers Habra où tout devait se régler.

Fort de la leçon de la bataille de la Macta, Clauzel manœuvra habilement. Il n’empêche que les Algériens, qui avaient l’avantage du terrain, eurent, dès le premier choc, la certitude de la victoire. Oubliant, dans l’euphorie, les ordres de l’Emir tant ils étaient certains de l’issue de la confrontation, ils se lancèrent dans une mêlée générale qui fait faire un mouvement de recul aux troupes françaises.

Les troupes algériennes n’ont pas eu le temps de regagner Mascara qu’elles furent informées du retour de Clauzel qui avait été rejoint par des renforts. L’Emir, qui avait besoin d’espace pour se battre à sa manière, fit évacuer la ville le 6 décembre 1835 et Clauzel la trouva entièrement déserte en y pénétrant. En la quittant deux jours plus tard, il la laissa en flammes.

L’Emir comprit alors qu’il ne serait en sécurité, avec ceux qui le suivaient, que dans la mobilité qui allait devenir progressivement une de ses force et arme principales. C’est, sans aucun doute, de ce principe que naquit l’idée d’une capitale itinérante : la Smala.

Composée de presque quatre cents douars, avec 60 000 personnes et même plus, 12 000 chevaux, avec ses marchés, ses écoles, ses tribunaux, ses Mosquées, ses différentes manufactures et son impressionnante  bibliothèque et quelques gardes, elle se déplaçait en fonction des événements pour s’installer en formant quatre enceintes circulaires concentriques. Au mois de mai 1843, elle était installée à Goudjillah à l’est de Tiaret.

Pendant huit années elle se déplaça,  avec la composante que nous venons de décrire, dans une organisation parfaite, sans que l’ennemi ne pût la découvrir, en dépit de l’assistance d’une nuée de traîtres et de stratèges appelés à la rescousse. Le génie de l’homme qui l’avait conçue y était pour beaucoup. Voilà une page à approfondir parmi la multitude qui ont été écrites par cette minorité qui a pris la responsabilité de se battre jusqu’au bout pour chasser l’ennemi qui, aujourd’hui se trouve parmi nous sous les formes que nous connaissons tous.

Puis vint ce fatidique lundi du 15 Rabie II / 1260 – 15 mai 1843. Quelques jours auparavant, deux traîtres, Ahmed Ben Ferrat et Omar Al Ayadi informèrent le Colonel Youssef de l’emplacement de la  Smala. Le Colonel convainquit le Duc d’Aumale de la prendre, l’Emir étant occupé à suivre les traces du général Lamoricière.

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Lamoricière                                                                        Le Duc d’Aumale

Avec 2000 hommes qu’il fait habiller des tenues rouges identiques à celles que porte la cavalerie de l’Emir, il prit, à partir de Boghar, la direction de Goudjillah ; mais la Smala s’était dirigée vers le Djebel Amor. Elle choisit de dresser son campement dans l’oasis de Taguine au sud de Tiaret, et fut surprise par les soldats du Duc d’Aumale alors qu’elle était en pleins travaux d’installation.

La prise de la Smala

Un carnage s’ensuivit, 3000 hommes et femmes sont faits prisonniers, parmi eux certains, parents avec l’Emir, ainsi que le vénérable Sidi Laredj Ben Nedjadi, le premier homme qui prêta serment d’allégeance lors de la première Bay’a faite à l’Emir. Lalla Zohra, mère de ce dernier réussit à s’enfuir sur une mule.

Plus tard, l’Emir dira à ses  ennemis : « Dieu vous l’a offerte froide ma Smala, mais c’était Sa volonté ». Il précisa que «  le Duc d’Aumale n’en avait pris que le dixième ». Plutôt que d’être accablé, quoiqu’il fût très peiné par ce mauvais coup du sort et surtout de la perte de sa bibliothèque, il se sentit même soulagé d’être dorénavant moins gêné dans ses mouvements.

Un autre coup allait lui être porté : les Béni Amer avaient rallié les Français. Il les attaqua pour les ramener à la raison. Il écrasa ensuite les troupes du général Lamoricière à la bataille de Sidi Youssef le 23 septembre 1843. La Smala réduite à une simple Deïra comptait désormais deux mille âmes. Il fallait la mettre en lieu sûr mais Lamoricière tenta de l’arrêter.

L’Emir déploya toute son énergie, stoppa les troupes ennemies et la fit entrer en territoire marocain. Il s’installa à Aïoun Sidi Mellouk, à quelque 50 kilomètres à l’Ouest d’Oujda puis à Aïn Zora dans le Rif d’où il écrivit au Sultan le mettant dans le menu détail des derniers événements et l’appela à se joindre au combat.

Nous sommes quasiment  certain que l’Emir savait la suite qui allait être réservée à cet appel. Néanmoins, il le fit pour deux raisons : la première consistait à rappeler au Sultan son devoir religieux ; la deuxième est que Moulay Abderrahmane, ayant fait  revêtir, le 3 juillet 1839, par un de ses émissaires l’Emir du caftan faisant de lui son Khalife se devait impérativement de lui apporter tout son soutien pour mener à bien son combat.

L’Emir, qui était parfaitement au courant de la personnalité du Sultan eut droit, de sa part, à une réponse de Normand. Le Sultan lui écrit :

إنَّنَا نَتَمَنَّى الْحُضُورَ بِأَنْفُسِنَا فِي غِمَارِ الْمُسْلِمِينَ و مُبَاشَرَةِ الْقِتَالِ بِأَيْدِينَا بَيْنَ صُفُوفِ المُجَاهِدِينَ. وَ لَكِنْ ما نَحْنُ فيه مِن قَمْعِ العُتَاةِ وَ كَفِّ الْبُغَاةِ جِهَادٌ، بَلْ أَفْضَلُ مِنْ جِهَادِ النَّصَارَى حَسْبَمَا نَصَّ عَلَى ذَلِكَ إِمَـامُنَا مَـالِكٌ رَحِمَهُ اللهُ وَلَوْ كَمُلَ قِتَالُهُمْ وَ انْتُظِمَ عَلَى الاِسْتِقَامَةِ حَالهُمْ لَسِرْنَا وَ إِيَّاهُمْ لِنُصْرَةِ الدِّينِ وَ قَمْعِ الْكَفَرَةِ الْمُعْتَدِينَ وَ بِذَلِكَ يَنَالُ الْمُوَفَّقُ غَايَةَ أَمَلِهِ وَ نِيَّةُ الْمَرْءِ خَيْرٌ مِنْ عَمَلِهِ (1250 / 1844                                                                                                                                                                       .

« Nous souhaitons notre présence, en personne, parmi les flots des Musulmans en nous engageant dans le combat dans les rangs des Moujahidine. Mais ce que nous vivons pour dompter les insolents et repousser les envieux est aussi un combat plus important que celui contre les Chrétiens selon ce que rapporte notre Imam Malik, qu’il soit dans la clémence de Dieu. Sitôt ce combat remporté  que les concernés se rangent dans la rectitude, nous marcherons alors avec eux pour le triomphe de la Religion en matant les impies agresseurs et ainsi récoltera le méritant le fruit de son espoir et l’intention de l’homme vaut mieux que ses actes. »

 Le peuple marocain, quant à lui, avait pris fait et cause pour le combat des Algériens et fut fasciné par leur Chef. Il lui apporta ses soutiens humains et matériels ; il fêtait avec faste, à travers tout le royaume, les victoires qu’il remportait sur l’ennemi commun. Il alla même jusqu’à prendre, à travers nombre de personnages influents, parmi eux le vizir et poète Mohamed Ibn Idriss qui écrivit plusieurs lettres en ce sens à l’Emir, la décision de lui proposer le trône de ses ancêtres : les Idrissides.

Churchill écrit à ce sujet : «  Abd El Kader eût-il été un vulgaire usurpateur, il n’aurait eu alors qu’à étendre la main pour se saisir du sceptre marocain. Mais l’inspiration qui le dirigeait était le patriotisme non l’ambition. Il était entré en campagne pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie. Ses pensées, ses désirs, ses prières, toutes les énergies concentrées de son corps et de son désir étaient vouées à sa Partie. Aucune offre quelle qu’en fût la grandeur ne pouvait le séduire au delà de cette sphère légitime de son action.

 Il dira plus tard : « Je refusais l’offre séduisante qui m’était faite d’une voix si unanime, non seulement parce que ma religion m’interdisait de léser un souverain choisi, légitimé par Dieu, mais parce que connaissant le Maroc comme je le connaissais avec la diversité de ses races, je sentais qu’il m’aurait fallu au moins douze ou quinze ans, non pas, en fait, pour gouverner comme Abderrahmane mais pour me permettre, en quelque domaine que ce fût, d’imposer l’obéissance à la Loi et de faire respecter mon gouvernement ».

Son séjour au Maroc ne l’empêchait pas de lancer des incursions répétées en territoire algérien amenant la France à lever de vives protestations auprès du Sultan, ce qui provoqua un événement dont l’issue scellait définitivement le destin de l’Algérie, destin dans lequel elle  sera rejointe par le Maroc. Un arrêt sur cet événement, la bataille d’Isly puisqu’il s’agit d’elle, est nécessaire pour apprécier les ratages occasionnés par le seul entêtement du Pouvoir marocain d’alors.

Une des preuves les plus parlantes est la bataille d’Isly qui eut lieu  le  mercredi 29 Rajeb 1260 / 14 août 1844 et si nous envisageons de la détailler dans un document à part, nous jugeons utile d’en rappeler les faits les plus marquants.

La bataille d’Isly

-Elle opposa 70 000 soldats marocains avec, à leur tête, le Prince héritier, Sidi Mohammed futur Sultan Mohammed IV à 8000 ou 11000 soldats français (selon les sources) sous les ordres de Bugeaud.

– Avec 500 cavaliers rouges, l’Emir proposa au Prince sa participation et un refus catégorique lui fut signifié et ses bons conseils rejetés. Il assista en spectateur dépité à la bataille où les Marocains furent écrasés en quelque quatre heures !

– Et c’est à partir de ce jour qu’il ne désigna le Prince héritier que par l’expression « العقون المخلوع » « l’imbécile orgueilleux ».

En Algérie comme en France, les Français étaient sûrs de s’être définitivement débarrassés de l’Emir mais c’était sans compter sur sa foi et le sens religieux de la bay’a qui pendait à son cou, bay’a faite par des hommes ayant juré de le servir jusqu’à la mort dans la voie de Dieu. La Frontière était hermétiquement fermée et son pays regorgeait de traîtres.

De plus il ne disposait tout au plus que de 2000 hommes mais, là, était son moindre souci. Revenons un peu en arrière : le 4 février 1834, il écrivit une lettre au général Desmichels avec lequel il signera 22 jours plus tard le traité qui portera le nom du général :

و نحن و إن كنا ضعفاء، على زعمكم فقوتنا بالله…غير أن الموت مسر لنا وإن دوي الرصاص،  و صهيل الخيل في الحرب لآذاننا من الصوت الرخيم                                                                                                                                     « Si nous sommes faibles à l’extérieur, notre force est en Dieu. La mort  est pour nous un sujet de joie. Le sifflement des balles et le hennissement des chevaux au combat, sont à nos oreilles, un son mélodieux ».

 Cette lettre, il l’avait écrite onze ans plus tôt et l’homme n’avait changé que dans l’affermissement de ses convictions premières. Il prit sa décision : il traverse la frontière et dévale la vallée de la Tafna.

2.La bataille de Sidi Brahim.

                            

Montagnac                                                              Le trompette Escoffier

Le 21 septembre 1845, Montagnac apprend que l’Emir a quitté le Maroc vers l’Est. Fasciné par Abdelkader il rêve de se mesurer à lui. En dépit des ordres reçus il quitte Ghazaouet à la tête de 400 hommes (nous reviendrons sur ce chiffre). C’est ce même Montagnac qui écrivit à Philippeville, le 15 mars 1843 :

« Toutes les populations qui n’acceptent pas nos conditions doivent être rasées. Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d’âge ni de sexe : l’herbe ne doit plus pousser où l’armée française a mis le pied. Qui veut la fin veut les moyens, quoiqu’en disent nos philanthropes. Tous les bons militaires que j’ai l’honneur de commander sont prévenus par moi-même que s’il leur arrive de m’amener un Arabe vivant, ils recevront une volée de coups de plat de sabre. (…)

Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes : tuer tous les hommes jusqu’à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger les bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs. En un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. »

 Abdelkader, des hauteurs qu’il occupait découvre les premiers éléments de la troupe française. L’Emir divise ses troupes en deux groupes, l’un sous ses ordres, l’autre sous ceux de l’implacable et irréductible Bouhmidi El Oulhaci (le Giap de l’Emir), fidèle d’entre les fidèles, à la bravoure légendaire, et au dévouement sans limite à la cause pour laquelle il se battait et qui n’avait d’égal que le Khalifa Ben Allal de Koléa qui périt héroïquement en novembre 1843 à 15 kilomètres à vol d’oiseau de Tessalah en allant vers El-Malah. (Voir notre article).

Au signal de l’Emir, ses cavaliers rouges, avec des compagnons marocains, chargèrent et taillèrent en pièces leurs ennemis. Ne réchappent que 80 carabiniers laissés en réserve par Montagnac lui même blessé à mort. Ils coururent se réfugier dans l’enceinte du Marabout de Sidi Brahim. Le siège durera trois jours et trois nuits.

Une héroïque résistance s’en suivit. Pour l’unique fois de sa vie, l’Emir fut blessé à l’oreille droite. Il descendit de cheval et fit une prière. Avec l’essentiel de ses hommes, il rejoignit sa Deïra au Maroc. A Sidi Brahim les assiégés tentent, le 25 septembre 1845 une sortie désespérée : sur les 80, seuls 15 furent faits prisonniers.

La nouvelle provoqua un cataclysme tant à Alger qu’à Paris. Parmi les prisonniers figuraient  le commandant Courby de Cognord, Saint Alphonse, Chargère et le trompette Escoffier, qui au péril de sa vie, donna sa monture à son capitaine qui avait, suite à une ancienne blessure, des difficultés à marcher. Cet acte de bravoure lui valut le respect de l’Emir qui le témoignait d’ailleurs à tous les bons soldats.

Le Roi des Français, louis Philippe,  lui décerna la Croix de la Légion d’Honneur alors qu’il était en détention chez les Algériens. L’Emir lui organisa une réception où il accrocha lui-même cette Croix à son titulaire. Lorsqu’il fut détenu à Amboise, Escoffier demanda son affectation pour être mis à son service. Le plus éloquent commentaire qu’on peut en faire consiste justement à ne pas en faire : dans quelle langue décèlerons-nous les mots justes pour exprimer cette subjugation d’Escoffier pour l’Emir ?

Et si cette difficulté est surmontée, subsistera le problème de la disponibilité de la plume qui restituerait fidèlement ce chapitre qui fait partie d’un long chapelet, existant en une infinité d’exemplaires comme seul l’Emir pouvait en concevoir. Un de ses plus irréductibles ennemis, Pélissier avait, à juste titre écrit : « Il est impossible d’approcher cet homme sans l’aimer ». Combien d’hommes, à travers l’Histoire, sont parvenus à devenir l’Exemple de leurs ennemis au point de s’en faire aimer ?

3.Quelques questionnements. 

Après le massacre des prisonniers français, détenus dans la Deïra, ordonné le 24 avril 1846 par Mustapha Ben Touhami, beau-frère et cousin de l’Emir, seuls onze officiers en réchappèrent. La plupart faisaient partie de ceux qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte du Marabout Sidi Brahim.

Il est établi qu’à leur retour en France, ils furent disséminés loin les uns des autres. Le trompette Escoffier a écrit un livre sur sa présence en Algérie. Il ne pouvait le terminer, s’il s’agit d’un récit chronologique, que par la bataille de Sidi Brahim et sa détention dans la Deïra. Qu’a-t-il raconté sur la bataille ? N’essayez pas de chercher son livre parce que, bien que connu, il n’est disponible nulle part. De très fortes présomptions laissent supposer qu’il a dit des vérités dérangeantes…et cela ne peut que concerner la bataille dans laquelle il s’est bravement distingué. Signalons qu’il décéda à Pau  le 3 mars 1883 soit un peu moins de trois mois avant l’Emir.

Son livre connut curieusement la même censure que celle qui a touché un tome (sur les huit) de « l’histoire des Turcs » d’Alphonse de Lamartine où il écrit une sublime page sur le Prophète.

De plus le nom de l’officier supérieur Montagnac n’existe ni dans le dictionnaire encyclopédique Larousse (12 volumes) ni dans l’encyclopédie du même éditeur composée en 22 volumes. Pourquoi cette occultation ? Ne serait-ce pas parce qu’il a déshonoré cette armée française très belliqueuse, qui a gagné quelques batailles dans l’Histoire mais perdu toutes ses guerres ?

L’onde de choc, provoquée par la bataille, fut considérée, comme nous l’avons écrit ci-dessus, comme un cataclysme tant à Paris qu’à Alger. Des  journaux parisiens qui avaient osé en parler furent censurés. Il n’y a qu’une explication : Montagnac ne disposait pas seulement de 400 hommes mais de beaucoup plus et seuls 15 furent pris vivants ! La France avait été touchée là où elle ne s’attendait pas. Déjà qu’elle n’avait jamais digéré la débâcle de Berthezène, en juin 1831, dans les gorges de la Chiffa.

Pendant des décennies elle obligea ceux qui écrivaient – y compris la presse – à obtenir le sceau de la censure. Beaucoup plus près de nous, lorsque Charles André Julien commença à écrire son « Histoire de l’Algérie Contemporaine », il a été dit qu’il allait y citer des faits abominables. Malgré les fortes pressions qu’il devait subir et des allusions à peine déguisées pour l’en dissuader, il alla jusqu’au bout de son travail.

On peut citer d’autres exemples : l’énigmatique Léon Roches qui accomplit pour la France un travail plus colossal que celui accompli par tous ses soldats a une seule rue au monde qui porte son nom : elle se trouve en…Tunisie. Sa propre ville natale célèbre régulièrement le souvenir de quatre autres Dauphinois que Léon Roches a connus personnellement et dont deux ont été ministres de Mèhémet Ali. Pourquoi pas lui ?

Il serait fastidieux de citer les contradictions qui apparaissent dans ses correspondances qui vont, sur certains faits, à contresens du contenu de son livre. Tout ceci pour dire que l’Histoire gagnerait à être écrite. Alors qu’avons-nous dit réellement sur la bataille de Sidi Brahim si ce n’est que cette conclusion nous montre que le plus important  à connaître est à venir ?

 Sources :

1/ Le Mémorial du Maroc. (9 volumes). Tome 4 : 1666-1906 : De la grandeur aux intrigues. Edition Nord Organisation. 1982.

2/.Dix ans à travers l’Islam. 1834-1844. Léon Roches. Librairie Académique Didier. Paris.    1884.                            .

3/ Autobiographie de l’Emir. Éditée en fac-similé. Introduction du professeur Abdelmadjid Meziane.

4/ Kitab El Istiqça. Chroniques marocaines. Ahmed En-Naciri. Version arabe. 9 volumes. Edition de Dar el Kitab.1954. Casablanca.

5/ Le Maroc à travers l’Histoire. (3 volumes) Ibrahim Harkat. Edition Dar Er Rachad Al Haditha. 2002. Casablanca.

 

 

 

 

 

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