Silence, complicité et amnésie, c’est dans cette ambiance fétide que nous marquons imperceptiblement le triste et sinistre anniversaire de la loi dite de réconciliation nationale, une loi-programme qui criminalise toute recherche de vérité et toute aspiration à la justice.
Très inspirés, nous ambitionnons même d’exporter cette théorie nouvelle de la paix sur le dos des victimes et de l’évidence pour en faire un principe régional, voire international.
Nos chevaliers postiches du changement dit pacifique, dressés aux portes des garnisons, initiés dès leurs premiers balbutiements en « politique » à la culture de la carotte et de la gégène, de la vassalité systémique, de la feinte, de la tartuferie et du mensonge originel, ces « oppositionnistes » , s’avèrent, sur ce sujet précis, encore pires que leurs mentors des années 90, ils ne veulent rien voir, rien savoir, rien entendre ; farouches défenseurs du pardon par injonction et de la paix par ultimatum, c’est par la logique des photos souvenirs et des accolades à tout va qu’ils comptent rafistoler le pays, emmurer la vérité, vernir l’histoire et jouer jusqu’au bout ce rôle qui ne leur fait nullement honte, bien au contraire, et qui consiste tout simplement à être chambriers d’un pouvoir en quête, parait-il, d’une ou plusieurs mains (la concurrence est ouverte) pour l’accompagner et l’aider à prendre sa retraite.
Comme quoi, à force d’être amnésique on finit par altérer sérieusement son cerveau.
En attendant, nous n’avons pour rester en éveil et espérer nous en sortir que ces images, ces photos et ces appels à la conscience et à la vigilance.
Entre ces enseignantes (vacataires pour la plupart dans les établissements des cloaques du pays) massacrées sur la route ou devant leur élèves (voir photo), ces mères et ces enfants de disparus traumatisés et maltraités sous nos yeux et ces enfants nés dans les dits maquis, devenus adultes et dont nous n’avons en revanche aucune photo ni nouvelle, entre ces tombes d’X Algérien et ces charniers, entre ces estropiés, ces violés, ces torturés et ces vampires rentiers, nous n’avons pas d’autre choix que de rester vigilants et de ne jamais céder ni à la facilité ni à l’oubli et encore moins au confort des figurants accablés, et ce, surtout qu’une fois de plus nous assistons impuissants à un remak de l’histoire avec les mêmes outils, les mêmes « héros » et presque les mêmes costumes,
Z.A.