(Cantillana 520/1110 – Tlemcen 561/1198).
Par Mohamed Senni.
Dans un article signé Riadh Houari, paru sur Ouest. Info, un quotidien local de Sidi-Bel-Abbès des 21/22 août courant (2015), en page 17, l’auteur commence par écrire : « Sidi Boumediène figure parmi ceux qui furent à l’origine du fondement (sic) du soufisme en Andalousie et au Maghreb ».
Comment aurait-il pu dispenser son enseignement en Andalousie alors qu’il n’était même pas sur la « Voie » ? Je donne les précisions ci-après tirées d’une longue réponse que j’ai adressée à Monsieur Mustapha Chérif, ancien Ministre, Ambassadeur, qui a osé faire un comparatif entre cinq mystiques pour y glisser Sidi Ahmed Ben Youssef parce que le Ministre est originaire de la même ville que lui. Mais restons avec Sidi Boumediène.
Né en 520 / 1126 à Cantillana (à 35 km de Séville) et non à Séville comme rapporté dans l’article de Si Houari, il débuta sa vie comme berger ne connaissant ni la prière ni le Coran. Sans faire nulle spéculation, un enfant berger pouvait au maximum être âgé de 10/12 ans alors que les Maîtres reconnus de la mystique n’entrèrent dans la «Voie» qu’à l’âge de 40 ans ce qui n’est pas sans relation avec notre Prophète (ç) Qui ne reçut le message qu’à 40 ans. Sidi Abou Médiène, ayant eu l’occasion de voir des ascètes en pleine dévotion, sentit en lui une force qui le poussait à changer de chemin.
Il abandonne son activité et prend la direction du Sud de l’Andalousie. Arrivé près de la mer, il rencontra un vieillard habitant une tente auquel il se confia. Le vieil homme lui conseilla d’aller à Fès et, arrivé là, il fréquenta assidûment son école sous la direction de grands maîtres. L’un d’eux, Abou Ya’za le mit sur la voie et, après quelques années, il partit pour la Mecque où il rencontra Sidi Abdelkader El Jilani (471 / 1078 -561 / 1165) avec lequel il eut de sérieux entretiens.
Après ce voyage en Orient, il retourna au Maghreb et décida de s’installer définitivement à Bejaïa où il passa pratiquement tout le restant de sa vie. Sa dévotion lui valut une célébrité foudroyante et fit affluer vers lui des gens venus des contrées les plus lointaines.
On estime qu’il a formé un très grand nombre d’élèves dont plus de 1000 accédèrent à la célébrité. La qualité de son enseignement, la manière dont il le dispensait et le nombre impressionnant de ses adeptes déplurent aux Fouqaha. Ils en référèrent au Sultan Yacoub El-Mansour (qui régna de 1184 à 1199). Le Sultan le convoqua à Marrakech où il décida de s’y rendre, nullement inquiet du sort qu’il savait l’attendre. Arrivé près d’El Eubbad, dans les environs immédiats de Tlemcen il s’arrêta et demanda quel était le nom du lieu. On lui répondit : « El-Eubbad ». il dit alors : « ستكون فيها راحة للعباد» Et là il rendit l’âme en l’an 561 / 1198 et devint le Saint Patron de la ville sans y avoir jamais habité.
Il ne fut pas qualifié de « Cheïkh Ec-Chouyoukh » (Le Maître des maîtres) « selon des spécialistes » mais par le grand mystique Ibn Arabi lui-même qui lui rendit visite à Bejaïa en 1194 alors que le grand mystique andalou partait définitivement pour l’Orient-sans jamais enseigner à Bejaïa comme le stipulent certains auteurs – Sidi Boumediène fut la source initiatique de Chadhili ; de même qu’il fut l’inspiration de la Khawatiriyya et ainsi sa spiritualité allait s’ancrer à travers l’Egypte et la Syrie de manière très profonde.
Remarque : les chercheurs espagnols, étudiant tous les textes descriptifs des grands noms de l’Islam, ont pu reconstituer le buste d’Ibn Rochd, cette photo de Sidi Boumédiène ainsi que d’autres.