Edwy Plenel et la question juive

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Aziz Cheboub

« Il n’y a point de secrets que le temps ne révèle » Racine, Britannicus.

Marqué par une enfance martiniquaise et une jeunesse algérienne, Edwy Plenel, est un journaliste politique français, a enlacé le trotskisme dans les rangs de la Ligue communiste révolutionnaire sans jamais s’en désolidariser. Jouant sur les amitiés et les réseaux issus de la IVe Internationale, mais proche aussi de François Hollande et même de Dominique de Villepin, il conçoit la presse comme une arme politique de destruction massive au profit d’intérêts pas toujours clairement compréhensibles. Lui-même déclare : « L’antisémitisme, c’était le point central de la Ligue […] Les préoccupations de la Ligue font émerger des goys yiddischisés. »
Il est notamment l’auteur de Pour les musulmans, où se profile en réalité en arrière-fond, bien plus que la question de l’Islam, le grand retour des années trente et les « heures les plus sombres de notre histoire ».
« Il faudra tout de même qu’on sache qui est vraiment ce monsieur Plenel. […] Il parlera moins haut quand on saura qu’il travaille pour une puissance étrangère. »
François Mitterrand, cité par Pierre Péan et Philippe Cohen, La Face cachée du Monde, Mille et Une Nuits, 2003.

Ses liens avec Alger le feront précipitamment rejoindre le secteur « international » de la Ligue, en particulier pour le secteur « arabe » et ses premiers articles portent d’ailleurs sur la question coloniale, qu’il s’agisse de l’Algérie ou des Antilles. Il part d’ailleurs à l’été 1974 en Martinique collaborer techniquement au Groupe Révolution socialiste. Un amour qui dure toujours : Edwy Plenel participait encore à une conférence de ce parti indépendantiste martiniquais trotskiste (membre de la IVe Internationale) en octobre 2012.

Dans la communauté juive, l’épouse d’Edwy Plenel est reconnue comme spécialiste du changement de nom. À ce titre elle donnait une conférence sur le sujet en février 2008 pour Akadem, le média du Fond social juif unifié.

Nicolas Domenach, qui passa les vacances de l’été 1980 avec les Plenel, a raconté l’influence de Nicole Lapierre sur son compagnon :
« On avait un fonctionnement en miroir. Moi j’étais avec Michèle Fitoussi, lui avec Nicole Lapierre, deux goys avec des femmes juives d’expérience. On portait la Shoah sur notre dos. Il disait qu’il était juif par sa femme. Il était fasciné par ses récits sur sa famille juive polonaise. Et elle le maternait tout en lui permettant […] de mûrir enfin. » (La Face cachée du Monde)

Passages (juillet 1988) cite d’ailleurs ce mot incroyable de Plenel quant à son imprégnation du judaïsme :
« L’antisémitisme, c’était le point central de la Ligue […] Les préoccupations de la Ligue font émerger des goys yiddischisés. »

Comme Manuel Valls, Edwy Plenel se sent « juif par sa femme ». À l’instar du Premier ministre, il participe régulièrement à des événements qui mêlent institution communautaire, responsables politiques et journalistes.

Tout porte à croire que François Mitterrand visait Plenel et ses « scoops » lorsqu’il déclarait dans Mitterrand, portrait total (Carrère, 1986) :
« Il ne faut pas croire qu’il y avait […] des fins limiers […] Non, ils attendaient à leur bureau où on venait leur apporter des informations. »
Le Monde (25 décembre 1986) démentira vivement cette version. François Mitterrand expliquera plus tard :
« Plenel ? Il ne m’a pas lâché pendant dix ans et j’ai fini par penser qu’il travaillait lui aussi pour les Américains. » (cité par Pierre Favier, La décennie Mitterrand, Le Seuil, tome IV, 1999).

Ce qui a fait du président de la République un adversaire politique, Edwy Plenel l’a détaillé dans Rouge (26 novembre 1992) :
« Mitterrand a tout fait pour s’opposer au procès de Bousquet, qu’il connaît depuis 1942. Il maintient son attitude sur Pétain, une attitude, je le pense maintenant profondément, qui marque un choix politique conscient. Comme la réhabilitation des généraux de l’OAS, c’est une attitude de jeu très assumé avec l’extrême droite. Mitterrand éprouve une sorte de compassion pour cette famille politique-là et son échec […] Il a cette compassion parce que c’est son histoire, pas au sens où ce serait un homme d’extrême droite masqué, mais culturellement, intimement. »

Plenel annonce donc le 29 novembre 2004 sa démission de la direction de la rédaction du Monde… sans pour autant le quitter car, en janvier 2005, le groupe doit être réorganisé avec une holding dirigeant trois pôles (Le Monde, Le Midi libre et les magazines).

En cette fin d’année 2004, Plenel exige de Colombani, futur PDG de la holding, qu’il le nomme directeur de la publication du Monde pour éviter une élection incertaine par la société des rédacteurs. Colombani semble accepter avant de finalement refuser. Alors « judicieusement répartis dans la salle, selon les bonnes vieilles méthodes trotskistes » (Libération, 30 novembre 2004) quatre « bébés Plenel » (Marianne du 4 décembre 2004), Franck Nouchi, Hervé Gattegno, François Bonnet et Laurent Mauduit, lancent le procès de la gestion Colombani devant la société des rédacteurs, qui les accueillent froidement.

Plenel est alors mis sur la touche par son ancien allié Jean-Marie Colombani, avec le titre ronflant de directeur des relations éditoriales extérieures (c’est-à-dire la rédaction d’éditoriaux dans Le Monde 2) avant d’être finalement définitivement licencié le 31 octobre 2005 par « son ami » Alain Minc, qui s’inquiétait de l’érosion continuelle des ventes et des pertes financières importantes qui en découlaient.

Toutesfois, Edwy Plenel conserve néanmoins son émission hebdomadaire qu’il a animée (1995-2007) sur la chaîne de Bouygue LCI, une chronique hebdomadaire de service public sur France Culture (depuis janvier 2005), des chroniques sur France Ô (accointances martiniquaises obligent) et des chroniques au quotidien belge Le Soir (depuis novembre 2005).

En octobre 2006, par décret du président de la République, ce non-diplômé a été nommé professeur associé à l’université de Montpellier. La nomination s’est faite par l’entremise de Dominique de Villepin (cf. Le Point, 19 octobre 2006), auquel Plenel s’est lié au moins depuis 2001. Cette université de Montpellier où son ami Paul Alliès, celui qui l’a marié, enseigne le droit et a justement créé un master 2 professionnel « métier du journalisme ».

En 2002, Stéphane Alliès, le fils de Paul, avait effectué son stage à la rédaction du Monde. Depuis août 2008, Edwy Plenel est aussi professeur associé à l’Académie du journalisme et des médias (créée par le sociologue Vincent Kaufmann) de l’université de Neuchâtel (Suisse). Par ailleurs, un an après sa démission du Monde, Edwy Plenel tente de rebondir à la direction de Libération car le départ de Serge July est entériné.

Le projet de reprise de Plenel est appuyé en interne par la Société civile des personnels de Libération (SCPL) et à l’extérieur, par Dominique de Villepin, qui garanti l’appui de « financiers amis » (La Lettre de l’Expansion, 4 décembre 2006), Matignon voulant faire du quotidien une machine de guerre anti-sarkozyste. Finalement, Édouard de Rothschild met son veto et c’est Laurent Joffrin qui emporte la mise.

Au printemps 2007, après la tentative d’OPA sur Libération, Jean-François Kahn propose à Plenel d’intégrer Marianne. Malgré le soutien de Joseph Macé-Scaron et François Bonnet, directeurs adjoints de la rédaction, une levée de bouclier entraîne rapidement l’abandon du projet (d’autant que Philippe Cohen en est salarié).

La révolution Médiapart
« Le journal sans papier ni frontière. »
Slogan de Mediapart

Le 16 mars 2008, Edwy Plenel lance Mediapart avec trois anciens militants d’extrême gauche du Monde : Laurent Mauduit, François Bonnet et Gérard Desportes (parti en 2010).
Le fondateur de Mediapart sait se montrer intraitable avec les journalistes qui sortent de vrais scandales politico-financiers.

Ce n’est qu’en juin 2010, que le site va véritablement décoller en publiant les conversations de la plus grosse fortune de France, Liliane Bettencourt, enregistrée à son insu par son majordome. Fort des « affaires » qui ont entraîné la chute de Jérôme Cahuzac ou d’Aquilino Morelle, soit les rares personnalités de l’entourage de François Hollande qui n’étaient pas issues du sérail, le site atteint aujourd’hui les 100 000 abonnés payants, l’unique succès de la presse payante en ligne. Il faut dire que les scoops se succèdent pratiquement chaque semaine.

Invité de la Rédaction de la Chaîne III de la Radio algérienne, le mardi 1 Novembre 2016, où il a présenté quelques-uns de ses ouvrages, le président et cofondateur de Mediapart, a exhorté les autorités françaises à reconnaître leurs crimes afin de « ne pas répéter les drames » et à restituer les archives aux Algériens.

L’auteur de Dire Nous a par la suite appelé à cesser « toute concurrence de victimes », cette « guerre des mémoires » et cette « hiérarchie des crimes » pour pouvoir les « reconnaître et inventer un chemin nouveau ».
« Ce n’est pas juger ou faire de la morale mais inventer une nouvelle histoire, qui ne répète pas les crimes, ces tragédies et ne répète pas les drames« .

Aziz Cheboub

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