Né en 1929 à Timengache, près de Guenzet, dans le fier pays des Ith Yala, Tahar a fait la médersa de Constantine et d’Alger.Il a été parmi les fondateurs de l’UGTA,connu les affres de l’emprisonnement dans les camps, a contribué à l’indépendance, à la reconstruction du pays, en occupant de hautes fonctions dans l’administration. Il a représenté le pays à l’étranger en qualité d’ambassadeur, écrit plusieurs ouvrages sur l’Islam et reste toujours à l’écoute des pulsations de la société.
Ecrivain, traducteur, militant de la cause nationale, professeur, syndicaliste médersien, autant de casquettes dans un seul homme dont l’humilité est sans doute l’une de ses qualités les plus saillantes.
Il est le frère du regretté Mouloud militant du mouvement National, Moudjahid, Ambassadeur, homme de culture et écrivain. Une série de sept livres a couronné son inlassable travail de recherche dont l’ouvrage phare demeure » Les Berbères dans l’Histoire » ou encore « L’histoire de Bejaia et sa région ». La passion de Mouloud, frère aîné de Tahar, demeure la réhabilitation de la dimension amazighe. Il est décédé dans la nuit du 5 au 6 décembre 2000.
Malika Gaid, l’héroïne Malika, mort au maquis en 1956 les armes à la main était la sœur des frères Tahar et Mouloud Gaid. Elle était la seule femme à avoir assisté au congrès de la Soummam sur décision du chef de la zone 3 (future w3) / Elle devait organiser les services de santé à l’occasion du congrès de la Soummam courant du mois d’aout 1956.
Malika est tombée moins d’une année après les armes à la main après une résistance de près de deux heures aux paras de Bigeard près du hameau de Iwaqouren ( ou se trouvait une infirmerie de l’ALN ) sur le versant sud du Djurdjura le 27 juin 57 abattue à bout portant par un harki qu’elle avait giflé une fois à court de munitions. Elle avait 24 ans.
Tahar relate le comportement de sa sœur bien avant le 1er-Novembre 1954 :
«En 1953, nous habitions Bordj Bou-Arréridj. Comme nous étions des militants du PPA, nos responsables nous avaient chargés de coller des affiches exigeant la libération de Messali Hadj. Au centre-ville, il y avait tant de policiers que nous n’avions pas osé faire notre travail.
C’est elle qui est sortie, toute seule, à une heure du matin pour coller les affichettes.» Elle n’avait que 20 ans. Rien ne semble tempérer l’ambition de la jeune fille d’apporter sa contribution au combat libérateur de son peuple. «En octobre 1955, elle fait, toute seule, le voyage de Guenzet vers Alger. Comme je travaillais avec Abane Ramdane, elle m’a demandé de solliciter pour elle l’autorisation de monter au maquis. Seulement, Abane était réticent parce que selon lui, la société algérienne n’était pas encore prête à voir une femme au maquis».
Tahar Gaid ajoute :
Mais le destin de l’héroïne prendra un tournant décisif lors de sa rencontre avec celui qui deviendra la hantise de l’armée française, Amirouche en l’occurrence.
A Guenzet où elle était infirmière, Malika était dans son élément. Et pour cause, en 1956, les combattants de ce qui deviendra après le congrès de la Soummam, l’Armée de libération nationale (ALN), étaient en nombre dans cette région montagneuse. Ils avaient pour mission principale, d’éradiquer le maquis de Bellounis, installé au mont de Tilla.
Une fois les forces de Bellounis chassées, Guenzet est devenue un territoire libéré. Ce que l’armée française ne pouvait concéder d’autant plus que la région était une place stratégique et une terre d’où sont sorties des figures de proue de la guerre de Libération.
L’armée française y déploya une force colossale pour marquer sa présence. Amirouche qui était le responsable de la région conseilla donc à Malika de rejoindre le maquis. Elle n’attendait que cela. Elle a toutefois émis une condition, «ne pas se limiter au seul rôle de simple infirmière : avoir sa tenue militaire et son arme de guerre», confiera Tahar.
Lorsqu’on évoque les noms d’Abane Ramdane et d’Amara Rachid, Tahar retient difficilement les larmes. Le premier, parce qu’il a été son assistant, et le deuxième parce que c’était son ami. C’est lui qui a mis les deux hommes en contact, et une grande confiance s’était installée entre eux.
Et même si Tahar Gaïd était en prison, lors de la grève des 8 jours, initiée sur ordre du FLN, il se rappelle que les préparatifs de ce mouvement de protestation étaient programmés bien avant.
Abane Ramdane, rappelle Tahar Gaid, avait dès 1955 pensé à créer des organisations des travailleurs et des commerçants, dont la mission était de préparer le peuple à répondre aux appels du FLN. Et c’est pour cette raison que les historiens s’accordent à dire que la grève des 8 jours a été un révélateur sans pareil pour éclairer à leur juste mesure, les enjeux et les finalités stratégiques de la colonisation.
En effet, la grève a montré la représentativité du FLN, le triomphe de l’idée d’indépendance. Sur le plan diplomatique, c’est un grand succès. Car, après discussion, l’ONU décide, le 15 février 1957, d’une résolution de compromis votée à l’unanimité (sauf la France) : pour une solution pacifique, démocratique et juste conformément à la charte de l’ONU. C’est que la grève des 8 jours avait atteint pleinement ses objectifs.
Merci Chère aîné Tahar Gaid de me compter parmi tes invités à l’hommage qui te sera rendu ce samedi à Guenzet. Mes remerciements vont également à l’Association des Ith Yala, qui a émis le grand souhait de ma présence lors de cette cérémonie, aux côtés de géants de notre histoire nationale.
Karim Younès