LA FIN DE LA GUERRE ALGÉRIE : LES VELLÉITÉS DU DERNIER QUART D’HEURE

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LA FIN DE LA GUERRE ALGÉRIE : LES VELLÉITÉS DU DERNIER QUART D’HEURE

Le combat par les armes, puis par la diplomatie ont imposé l’inscription de la « question algérienne» à l’ordre du jour dans les instances de l’Organisation des Nations Unis.

En 1960, l’ONU proclame le droit à l’autodétermination du peuple algérien.

Une grande victoire pour le peuple algérien qui voit à travers cette déclaration la fin d’un calvaire qui a duré 130 ans. L’organisation FLN/ALN bénéficiant de la pression internationale, maintient la pression intérieure où les combats continuent, aussi bien sur le territoire algérien qu’en « métropole » même, et où le peuple maintenant bat le pavé des grands boulevards.

La France contrainte ouvre des négociations officielles avec le GPRA. C’est le début de la fin. Mais à quel prix ? L’Algérie a perdu 1 million et demi de ses enfants. Elle compte des milliers de veuves et d’orphelins. Ses villages ont été dévastés par l’horreur, ses terres calcinées par le napalm.

Rejetant la politique d’intégration, le président Charles de Gaulle propose donc une politique d’autodétermination qui se traduit par un référendum tenu en « métropole » et en Algérie. A ses interlocuteurs qui le poussaient en désespoir de cause à accepter l’intégration des Algériens, de Gaulle, conscient que la loi du nombre serait à terme, en faveur des Algériens musulmans, opposa :

«Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. Qu’on ne se raconte pas d’histoire, les musulmans, vous êtes allés les voir ? Vous les avez regardés avec leurs turbans et leurs djellabas ?

Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français. Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français.

Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme des Français, les empêcheriez-vous de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ?

Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-deux-églises, mais Colombey-les-deux-Mosquées » .

Le 8 janvier 1961 les électeurs français et algériens sont convoqués pour répondre à une question simple mais combien cruciale « Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant l’autodétermination des populations algériennes et l’organisation des pouvoirs publics en Algérie avant l’autodétermination ? ». 75% des votants (‘indigènes’ et pieds noirs en Algérie, français de métropole) sur les 54% d’inscrits ont voté « oui » et 30 % votent « non ».

Les adeptes de l’Algérie française n’en démordent pas. Ils n’envisagent pas de se séparer d’un territoire dans lequel ils sont entrés par effraction. Une Algérie indépendante ? Impossible.

Michel Debré, Premier ministre, évoque la partition de l’Algérie, comme dernier recours. Il le fait dans une déclaration à l’Assemblée nationale du 28 juin 1961.

Sans tarder, le FLN farouchement opposé à la division du pays, organise une manifestation monstre le 5 juillet 1961.

Alain Peyrefitte, député gaulliste propose en août 1961, un projet de partition en s’appuyant sur l’exemple d’autres partitions réussies de par le monde. L’exemple d’Israêl est suggéré sans le citer comme un modèle réussi.

De Gaulle ne se résout à accorder qu’une écoute formelle à la proposition de dernier quart d’heure. Le 19 novembre 1961, il convoque à l’Elysée l’auteur du projet de partition Alain Peyrefitte qui lui fit le rapport suivant :

« 1. On regroupe entre Alger et Oran tous les Français de souche, avec tous les musulmans qui se sont engagés à nos côtés et veulent rester avec nous.
2. On transfère dans le reste de l’Algérie tous les musulmans qui préfèrent vivre dans une Algérie dirigée par le FLN.
3. On garde un libre accès au Sahara, qui doit devenir un territoire autonome par rapport aux deux premiers.
4. Tout le reste est négociable. On pourra partager Alger, comme Berlin ou Jerusalem : la Casbah d’un côté, Bab El-Oued de l’autre, une ligne de démarcation au milieu.»

De Gaulle réagit en rejetant ce projet rédigé par un intellectuel politique qui a eu du mal à comprendre la résonance du combat du peuple algérien dans les maquis, dans les villes et villages, dans les capitales du monde entier, dans les couloirs des institutions internationales au sein même de l’Organisation des Nations-Unis, l’ONU.

Karim Younes

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