Synopsis
Critique lors de la sortie en salle le 30/03/2016
Par Aurélien Ferenczi
Si Good luck Algeria n’avait été qu’un suspense sportif, ç’aurait été, pardonnez l’expression, une sorte de « Ramza Rockett » : l’histoire du premier concurrent algérien disputant une épreuve de ski de fond aux JO d’hiver. Soit la difficile transformation — entraînement, doutes et douleurs compris — d’un type presque ordinaire, né en France et ne parlant pas l’arabe paternel, en fier représentant d’une « petite nation », dans le domaine des sports de glisse en tout cas. Mais cette expérience qu’a réellement vécue son propre frère, Farid Bentoumi l’enrichit de plusieurs couches. Un fond de comédie sociale à la Ken Loach : c’est pour sauver leur petite usine de skis que Sam et son associé, ancien médaillé français, visent la caisse de résonance d’une compétition ultra-médiatisée. Et une réflexion plus intime : parti à la recherche de son identité algérienne, le personnage mesure ce qui le sépare de ceux qui sont restés au bled.
C’est presque un peu trop pour un seul film, a fortiori le premier de son auteur. Du coup, le scénario de Good luck Algeria tangue un peu, ellipses et coq-à-l’âne parfois trop voyants. Ces défauts sont compensés par l’énergie d’une mise en scène qui colle aux acteurs : Sami Bouajila a l’entêtement et l’idéalisme nécessaires à la folle entreprise dans laquelle son personnage se lance. A ses côtés, Franck Gastambide est un parfait comparse de « buddy movie ». Mais la découverte du film est un octogénaire flamboyant, Bouchakor Chakor Djaltia, qui joue le père du héros, toujours entre Europe et Afrique, ce qui lui donne forcément un coeur gros comme ça… Une fable pour dire avec simplicité que les binationaux sont aussi des héros ? La leçon de vie tombe à pic. — Aurélien Ferenczi