Aicha Lemsine : La chrysalide, approche grammatico-sémantique

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Auteure : Aicha Lemsine.
Titre : La chrysalide. 229p
Editions : Femmes du MLF.

Analyse de l’extrait cité en quatrième de couverture : « Lorsque le destin s’acharnait sur leur sort, elles étaient désemparées, se débattaient contre les murs obscurs des lois…
Faïza pensait à la prise de conscience des femmes. Elles parlaient entre elles de certaines injustices. Avant, il y avait l’occupant. Et elles se taisaient, vouées entièrement à la famille. Maintenant elles aspiraient à autre chose. »

L’extrait du roman présenté en quatrième de couverture est plus qu’un choix judicieux, il présente les deux époques du roman par le recours aux marqueurs de l’antériorité AVANT et de l’actuel MAINTENANT, un actuel en marche quittant la fiction du récit vers l’actuel quotidien concrètement vécu.

« Lorsque le destin s’acharnait sur leur sort » l’auteure entame la proposition indépendante juxtaposée par un pronom de conjugaison en P6, astucieusement anaphorique de l’antécédent dysphorique, puisqu’il met en exergue les femmes sans les avoir préalablement désignées, et investit la première proposition de la féminité allusivement signifiée.

« Lorsque le destin s’acharnait sur leur sort. »

Le destin s’acharne sur « le sort des femmes » et non directement sur les femmes, une volonté autre intervient n’étant point celle du destin pour le récupérer et le détourner, le dévoyer et en faire un instrument d’abusive autorité.

« …elles étaient désemparées, » parce qu’elles ne savaient plus à qui se vouer ne sachant si le Maître du destin présidait aussi injustement à leur destinée ou parce que leur sort était confié aux mains de ceux qui ignoraient leur réel destin.

« Les murs obscurs des lois » l’oxymore est un impitoyable réquisitoire ; les lois n’ont-elles pas la vertu de la clarté, de la justesse et de la justice?

Je reprends les marqueurs de temps :

« Avant, il y avait l’occupant » « Avant » avant l’indépendance le colon soumettait par la coercition et la violence la société dans son ensemble.

« Elles se taisaient » afin de ne point accroître le drame quotidien. « Vouées » le participe passé est employé sans auxiliaire mais nous savons que le participe passé employé avec l’auxiliaire être se comporte comme un adjectif attribut par sa soumission orthographique à la sévérité de la règle et par la consubstantialité de la qualité à la substance.

« Maintenant, elles aspiraient à autre chose. » D’être au singulier et par conséquent non précédé de déterminant « autre chose » dépasse toute matérialité pour s’élever au niveau du concept.

« Autre chose » annonce une autre décolonisation par laquelle le destin serait un choix et non un sort conçu dans d’obscures lois par les maîtres humains du destin.

Mon approche grammatico-sémantique sera suivie par la présentation exhaustive du livre.

Ps/ Je rappelle que j’ai déjà publié deux articles à propos du roman de Aicha Lemsine. Je présenterai sa biographie avec l’analyse complète du livre.

F.Boureboune.

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