Auteur : Hacène Tebbal.
Titre : Les oiseaux au long bec.
Genre : Roman. Editions Dar Hamdane. 155 p.
Les oiseaux au long bec sont toujours longs sur pattes, des échassiers. Leurs échasses leur permettent de se saisir de haut de l’objet de leur convoitise, autrement dit de leur nourriture.
« Les oiseaux au long bec » du titre n’apparaissent qu’à la fin de la narration, au XVème et dernier chapitre typographié en italique où se mêlent le journal intime de Sadeq Izem créateur de Sadeq biologic, jeune entreprise ambitieuse et le dénouement hâté du récit.
A Ouled-Sebbar, « Les oiseaux au long bec » se présentent pour le banquet. Du haut de leurs échasses ou du haut de leur position sociale, ils se servent insouciants et avides. Nécrophages, les morts et drames qu’ils causent et provoquent ne les gênent pas.
Ouled-Sebbar est un village meurtri par la misère et la précarité qui n’empêchent en rien la quête du savoir. De santé précaire, Houria, réussit à décrocher son diplôme de médecin gynécologue. Fille d’une famille nombreuse et seule célibataire d’entre ses sœurs, malgré son amour pour Sadeq Izem, elle finit par épouser le pire de tous : Le maire nommé Mire Soltane.
Complots, diffamations, menaces, tous les coups sont permis pour certains afin de s’approprier le village et le labeur d’autrui. La complicité du journaliste Rafik Lahmar facilite les activités du maire qui en fait son arme puissante.
Mire Soltane, destitué pour la durée d’un mandat, revient plus fort et mieux protégé afin de confisquer tous les avoirs et tous les pouvoirs. Nanti d’une sorte d’immunité, il va au-delà de ses prérogatives jusqu’à commanditer un suicide par journaliste interposé, en d’autres termes, un meurtre avec préméditation.
Sadeq Izem, n’ayant pas supporté les propos mensongers tenus par Rafik Lahmar dans son journal, se donne la mort.
Hacène Tebbal joue énormément sur l’onomastique pour donner de la substance à ses personnages.
Sadeq Izem : le patronyme représente le courage et la force du lion tandis que le prénom, révèle l’honnêteté.
Mire Soltane : le maire Prince, sans conscience, confisque tous les pouvoirs et abuse de son autorité.
Houria, la liberté voit sa liberté ravie par la pire des cabales que l’on puisse imaginer.
A Ouled-Sebbar, aucun espoir n’est permis. Ni celui de la réussite professionnelle, ni de la réussite sociale ou familiale.
Sebbar, qui loin de vouloir dire patience, suggère l’idée du nopal, la figue de barbarie et le « qui y touche s’y pique » vécu par les sebbariens.
Roman de la jalousie, de l’envie et du complot, roman de l’amour, de l’espoir et de la légitime ambition, « Les oiseaux au long bec » est une tranche de vie extrapolable à la ville et au pays.
Fateh Bourboune.