« Journal d’un vieux dégueulasse » de Bukowski

Must Read

« L’individu parfaitement équilibré n’a pas toute sa raison. »
Journal d’un vieux dégueulasse

J’ai aimé car je me suis retrouvé dans ce vieux dégueulasse loin de cette image vertueuse que l’on se donne tous ; bon mari, bon père de famille, bon citoyen, bon croyant, bon travailleur … bon … J’ai la fucking bullshit de nausée de tout ce qui est bon … et surtout ce qui parait bon et le pire de tous est celui qui veut paraitre sage, raisonnable et savant en citant Socrate ou Rumi …

Pour revenir a ce livre, c’est un recueil de chroniques. Son titre original, « Notes of a dirty old man,’ a été traduit de l’anglais par Gérard Guégan, et déjà je vois une erreur dans le titre ; « naughty’ n’est absolument pas « dégueulasse » mais « pervers » quand on parle d’un vieux pervers … cette traduction présage celle d’un académique qui n’a pas visité l’Amérique … il écrit en effet ; « Quand, à l’été 1976, j’en bavais pour traduire Mémoires d’un vieux dégueulasse et demandais de l’aide.. » Il faut traduire Bukowski dans l »esprit du langage parlé car Bukowski écrit comme il parle …

on y lit des scènes détaillées de sexe et de beuveries. ca a le gout de la perversion des extrêmes, du génie, du blasphème et de l’enfer… expression de révolte contre la société américaine, le pouvoir, l’argent, la famille, la morale. La violence, l’alcool et le sexe, comme seul refuge ..pour ne pas se suicider de cette aliénation collective … ou pire aller acheter une arme de guerre et la décharger dans un lieu publique sur des passants. C’est cela l’Amérique !

un ouvrage que j’aurais tellement aimé l’écrire, ca me fait honte d’écrire après lui… mais quand j’ai découvert la vision de l’écriture chez Bukowski dans ce livre, j’en restais bouche bée. On partageait la même vision sur Céline dont j’ai déjà parlé de son livre « voyage au bout de la nuit’ … le seul que j’aurais gardé dans ma librairie francophone.
voici ce que disait Bukowski :

 » Bref, il m’a donné un exemplaire du livre de Céline — Comment ça s’appelle ? – Voyage au bout de la nuit. maintenant écoutez, la plupart des écrivains me rendent malade. Leurs mots ne touchent même pas le papier. Mais Céline, il m’a donné honte du pauvre écrivain que je suis, j’ai eu envie de tout jeter par la fenêtre. Un foutu maître chuchotant dans ma tête. dieu, l’impression d’être redevenu un petit garçon. Tout ouïe. Entre Céline et Dostoïevski il n’y a rien, si ce n’est Henry Miller. Enfin, passé le vertige qui m’a saisi en découvrant combien j’étais insignifiant, j’ai repris la lecture, et je me suis laissé mener par la main, volontiers. Céline était un philosophe qui savait que la philosophie était vaine ; un queutard qui savait que la baise était du vent ; Céline était un ange, il a craché dans les yeux des anges et puis il est descendu dans la rue. Céline savait tout ; je veux dire il en savait autant qu’il y a à savoir quand on a deux bras, deux pieds, une bite, quelques années à vivre ou moins que ça, mais avant toute chose. bien sûr, il avait une bite. vous saviez ça, il n’écrivait pas comme [Jean] Genet, qui écrit très très bien, qui écrit trop bien, qui écrit si bien qu’il vous fait piquer du nez.  »

je reprend ces deux lives cultes pour moi de Newton en hommage a Galilée et de Hawkins en hommage a Newton ; on the shoulder of giants ; sur les épaules des géants ..
oui c’est en lisant ces géants qu’on peut alors voir au delà de l’horizon fermée de cette ferme a cochons qu’est devenu la société contemporaine. On se forge alors un horizon plus lointain … C’est ainsi que l’art avance …pour ne pas mourir lui aussi … On écrit pour l’éternité, les dieux et les diables et non pas pour l’évènement, les néons et les paraitre et comble de la laideur maintenant ces maudits milliers de Likes qui jaillissent comme du sperme qu’on reçoit sur sa figure … ou plutôt sur son masque fondu dans l’acier impénétrable …

C’est tout cela cette révolte de l’écriture qu’exprime si bien Bukowski…. J’espère vous avoir fait aimé ce petit adorable cœur tourmenté qui se cache derrière ce vieux pervers de Bukowski…This fucking old dirty man !

Jamouli Ouzidane

 

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