SYNOPSIS

A Alger en 1993, alors que débute la guerre civile, les locataires de Mme Osmane doivent subir ses accès d’humeur. Son mari l’a abandonnée et la peur de perdre sa respectabilité la hante. L’ancienne maquisarde de la guerre d’indépendance s’acharne à contrôler les faits et gestes de sa maisonnée plutôt que de lutter contre ses propres frustrations. Apprenant que sa fille est tombée amoureuse, la perspective de se retrouver seule va pousser cette femme encore très désirable au paroxysme: le «harem» symbolique de Mme Osmane est sur le point de s’écrouler.

LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE

Ça s’appelle une bonne surprise : un premier film tourné à Alger par un jeune réalisateur, comme le symbole d’un renouveau qu’on voudrait croire durable… Le Harem de Mme Osmane, en tout cas, a le coeur au changement et à la comédie. Nadir Moknèche nous entraîne dans une villa d’Alger, très respectable contrairement à ce que le titre pourrait laisser entendre, où règne une ambiance ultra-féminine.

Tailleurs chics, maquillage, soins de beauté : c’est l’art de vivre de Mme Osmane, un personnage qui semble sortir de Femmes au bord de la crise de nerfs, d’Almodóvar. Pas seulement parce que Carmen Maura l’interprète (et royalement), mais parce que Mme Osmane, vraiment, « a les nerfs ».

Il y a un gouffre, en effet, entre l’idéal de sophistication de cette femme et la réalité qui l’entoure. Son mari est remarié en France, sa fille n’obéit plus, sa pension de famille n’est jamais assez en ordre : en confrontant son héroïne à tout ce qui peut provoquer sa crispation hystérique, Nadir Moknèche fait entrer dans son film un peu de la société algérienne, mais reste dans un monde où les hommes sont réduits à de vagues seconds rôles.

Un monde où les femmes se chamaillent, s’entraident, défient les « barbus » islamistes et la peur des égorgeurs en criant joyeusement « Vive les femmes d’Alger ! ». C’est pourtant la gravité de cet arrière-plan qui l’emporte peu à peu. Dans ce registre réaliste et sombre, la mise en scène de Nadir Moknèche est plus hésitante.

La dernière scène du Harem de Mme Osmane trouve cependant la note juste : celle de la folie, qui aura traversé toute cette histoire ­ heureuses folies de femmes, puis folie meurtrière et enfin folie tout court. Une belle résonance – Frédéric Strauss

Frédéric Strauss