19 et une nuits : 2. Possession

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J’ai mal partout. Dans mon minable lit qui ressemble plus à un caveau, je regarde  la télé, n’importe quoi pour oublier ce temps qui coule dans mes veines et qui me détruit inlassablement et sans pitié. Je voudrais être sourd pour ne plus entendre la rue qui chiale son odeur. Je ne veux plus m’entendre. Je ne veux plus entendre le temps, je ne peux plus entendre l’existence.

Je suis dans un gouffre. Dehors, il y a un vent glaciale qui souffle dans ma tête. Je me réveille encore une fois. Je me réveil encore une autre fois de ce réveil. Je me réveille encore un million de fois de ce réveil. De réveil en réveil, j’ai perdu le réveil original. Je ne suis qu’une succession de réveil. Je suis un clone de milliers de réveils, de millions de clones, de millions d’exemplaires…  Je suis un million d’autres possibilités …

Un jour, ces millions d’exemplaires dans le temps ont tous décidé de se rejoindre dans un temps parallèle dans un seul réveil. Ils me ressemblent tous et pourtant chacun n’est qu’un rêve différent. Je marche dans une rue ou mes exemplaires ne me reconnaissent pas. Certains me jettent des regards indifférents et d’autres pleins de violences… Je suis un Rien et non pas un Néant.

Il est 3 heures du matin. Ma prostate me réveille. J’ai envie de pisser, je me lève difficilement, je vomis, je suis un fou- malade à la lisière de la mort. Je vois tout transparent. J’entends une horde de chiens qui aboient dans la nuit apparente. Je ferme les yeux et je les vois me poursuivre dans un jour sombre, brumeux, pluvieux et froid. Je cours comme un enragé malgré ma faiblesse. je cours jusqu’au pont suspendu de Cirta la millénaire et puis je me décide de me jeter, mourir encore une autre fois et aller loin dans un autre univers car mourir était juste dans le rêve. On se réveille toujours ailleurs loin des chacals pour fuir tout le temps tous les espaces et tous les temps de tous les chacals.

Dans mes rêves, je suis toujours seul. Je suis une ombre exclue des néons. Je marche avec douleur dans la rue parmi les existants. Personne ne semble me voir. Personne ne semble voir personne. Tout est exclu ; Les jeunes, les vieux, les femmes, les religions… Nous sommes tous des autres. La multitude me fatigue, m’étouffe, m’aveugle et me donne soif en même temps.

Je rentre dans un bar sans où personne ne me voie. Je ne vois personne malgré la bousculade, le bruit des musiques et des altercations. Les êtres se pénètrent sans ses caresser. Je m’ennui très vite. Je ressors dans la nuit froide, pluvieuse et brumeuse. Tient il y’a une exposition ouverte la nuit. Je rentre. Il n’y’ à personne. Les murs, le plancher et le plafond sont remplis de salissures de peintures, de rapiéçages géométriques, de variations obscènes et d’assemblages de déchets. Je ne comprends rien et je ressorts très vite dans ma nuit orageuse.

Je suis seul car j’ai décidé de ne pas appartenir à mes amis, à mes amours, à ma famille, à mon état, à mon dieu et ni à moi même. Je détestais appartenir à quelqu’un, quelque chose, quelque groupe, quelque que idée, quelque vérité ou quelque dieu. Je n’ai aucune raison, aucune passion et aucune haine pour me tenir debout. Je ne suis ni une pensée et ni une impensée. Je ne suis pas !

L’Etre ne me voit que lorsque j’achète quelque chose. Pour avoir le droit d’exister, le droit de regard, je dois payer mon loyer, mon électricité, ma nourriture, mon surendettement, …. Lassé des portes qui se ferment sur moi et sur mon avenir, je ne trouve aucune compassion compatissante. L’humanitaire m’humilie en perpétuant la monstrueuse misère de sa Cité qui vit de ma misère.

La violence n’est pas dans la rue, elle est dans la Cité et dans notre tête. Elle est silencieuse. Elle impose le silence, le dressage et l’apprivoisement de notre violence. Elle respire mon air, elle est dans les ondes de l’univers …dans ces exposions gigantesques de collision de galaxies aux confins de l’univers, elle est sur le soleil et nous envoie ses ondes …

Nous vibrons dans des symphonies de violences du quantique au cosmique où la mort arrache la vie le jour même de son apparition … tout se dégrade, rien ne doit durer, rien ne doit exister … seul l’instant nous est donnée … l’instant qui fuit toujours dans le gouffre du passé ; un trou noir gigantesque … un enfer ou tous les damnés avaient commis un seul crime ; celui de naitre du vide …

Je vois souvent dans mon rêve une femme qui me prend par sa bouche énorme et me dévore tout entier ; elle ne cessait de crier : je t’aime … je suis dans son corps, dans sa peaux et dans son souffle … je suis devenu femme monstre et je dois dévorer tout le temps pour me nourrir des âmes humaines. Mon pacte sacrée avec ma maitresse est scellé.  C’est ainsi que j’ai fait de ce monde un univers de bestialité …je n’avais pas de choix … je suis un monstre … car je ne suis pas un dieu …

Je refusait qu’un autre que moi soit un dieu et pire mon créateur ; C’était un blasphème et je me révoltais contre ces humains qui acceptaient de se soumettre à un dieu autre que mon satanisme … je devais les faire soumettre par leurs passions, les dévorer par leurs secrets que je connaissait trop bien ; leur désir d’être aussi des dieux. Ils sont prêt a vendre leur âme pour cela au diable qu’il diabolise ; et je suis celui qui achète les âmes des humains …

Je m’ennuie car je n’ai pas trouvé une seule âme humaine qui est refusé de se vendre. Ils se bousculent tous les matins à l’aube pour m’implorer de se vendre même pour rien … il m’implorent, me vénèrent … avec des mots mensongers …

A.B

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