Hier j’ai fait un mauvais rêve. Je regardais effaré devant mes yeux un jeune couple de pygmées métis enlacé qu’on brûlait vivant dans une cage de fer. Le mâle entourait tendrement de ses bras sa femme pour la protéger des flammes qui commençaient à les brûler dans leurs pieds et dans leurs jambes.
Il n’y’ avait aucun signe de douleur dans leurs visages qui restaient impassibles. Aucun cris, aucune plainte et aucune voie ne sortaient de leurs corps. Aucune larme aussi n’est versée. Il n’appelaient personne au secours. Il n’attendaient rien de personne. Il ne suppliait aucun destin, aucune sauveur, aucune humanité et aucun Dieu.
A mesure que les flammes montaient de plus en plus dans leurs corps, on sentait la géhenne les abîmer mais ils restaient toujours placides. La femme ne pouvant plus supporter la douleur, se mis dans la position assise pour que les flammes l’absorbent plus rapidement et que le supplice finissent enfin…
L’homme resta debout et entoura toujours de ses membres sa femme… mais toujours aucun cris de douleur ou d’appel au secoure ne sortaient de leur bouche et toujours aucun sauveur n’est venu pour … et ma tête était le seul témoin de ce délire … le faible et L’amour qu’on brûlait devant l’absence des humains et le silence des dieux …
Je suis alors levé de ma nuit pour m’enfoncer dans des océans de folies. Au milieu d’un déluge de vagues, de givres, et de gelée, je traînais les pieds en sang. J’étais ce vagabond des cargos de misères, qui convoitait des vaisseaux de mirage qui puissent résister aux tornades.
Pressé par le temps, j’incendiais ma durée au milieu de cette nature intraitable. Libre, et dépourvue de sentiments, je m’enfonçais dans la sauvagerie. Embarqué pour ces îles de corail, je m’enlisais à la dérive au bord de l’exécration.
En radeaux sur ces fleuves enragés, je partais à la recherche d’un fœtus perdu. Je me suis jeté comme un forcené dans ces montagnes de sables au milieu de furieux cyclones. Je vivais le combat de la rage contre l’apathie. Je ressentais l’invisible venin sous ma chaire. Le précipice se creusait chaque nuit d’avantage.
Dans cette bourrasque, tout a été balayé. Dans le royaume de la démence, les cieux sont des bourbiers sanguinaires pour les âmes calcinées. L’être est le seul animal qui construit toujours ses hallucinations dans sa tête avant de les réaliser dans sa mutilation.
A.B