samedi, mai 18, 2024

Commémoration du 27ème anniversaire de la mort de Mouloud Mammeri

La commémoration de la disparition de l’écrivain, poète et néanmoins anthropologue Mouloud Mammeri ne peut passer inaperçue dans son pays l’Algérie et dans sa région, la Kabylie.

Ainsi, la direction de la culture de Tizi-Ouzou a concocté un riche programme dans différentes infrastructures : la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, annexe de la Maison de la culture d’Azazga, la cinémathèque de Tizi-Ouzou et dans son village natal Taourirt Mimoune à Ath Yanni. Pour cette année, le thème retenu est «Mouloud Mammeri, l’explorateur de l’Ahellil du Gourara».

Pour les responsables de ce secteur, «l’objectif de cette manifestation est la mise en exergue de ce legs ancestral, classé patrimoine mondial par l’UNESCO, pour lequel Mouloud Mammeri avait un grand intérêt en raison de sa valeur patrimoniale et de son apport incontournable à la culture algérienne». Ces journées d’étude se tiendront du 26 au 28 février en cours. «Etant à la tête du Centre de Recherches Anthropologiques Préhistoriques et Ethnographiques (CRAPE) de 1969 à 1979, Mouloud Mammeri, anthropologue et spécialiste du domaine amazigh, a sillonné tous les recoins de l’Algérie profonde et de l’Afrique du Nord, afin de déterrer un patrimoine culturel enraciné et partagé par toute l’humanité.

En explorant la région du Gourara, située au nord du Touat dans le Sahara algérien, Mouloud Mammeri découvre la richesse culturelle inestimable de l’Ahellil, ce genre poétique et musical emblématique des Zénètes du Gourara. Ainsi, il constitua une équipe de recherche pluridisciplinaire afin de rassembler et recueillir la poésie et les chants polyphoniques traditionnels et transcrire les poèmes et les expressions populaires locales», racontent les organisateurs de cette initiative.

Acharné mais aussi emporté par cette richesse ancestrale, Mouloud Mammeri ne laisse pas s’envoler cette culture pour laquelle il a combattu toute sa vie. «Il était important pour Mouloud Mammeri d’œuvrer à sauver d’une déperdition certaine l’Ahellil du Gourara. Cet héritage ancestral amazigh a traduit, pendant des siècles, la joie, les aspirations et les désirs des hommes et des femmes de la région de Touat qui, de génération en génération, ont exprimé, sous une forme poétique très ramassée et souvent allégorique, l’essentiel de leurs méditations mystiques, de leur philosophie de la vie et de leur vision du monde. Sa valeur est en relation directe avec la volonté et la détermination des populations ksouriennes à perpétuer la vie dans un environnement difficile, le Sahara.

La valorisation et la préservation de l’Ahellil du Gourara, ce legs culturel immatériel authentique, partie intégrante de la fresque patrimoniale nationale, ne pouvait se faire qu’avec son classement», ajoutent-ils. En 2008, l’Ahellil du Gourara a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Ces journées auront pour but de rassembler chercheurs, archéologues, anthropologues, sociolinguistes et universitaires,… afin de débattre de cette richesse et diversité culturelles nationales érigées en patrimoine immatériel mondial par l’UNESCO.

En somme, des journées où les concernés auront beaucoup à apprendre de cette partie du Sud que l’anthropologue a sauvée de l’oubli en ne lui permettant pas de sombrer dans les méandres du vaste désert. Le programme débute ce vendredi 26 février, avec un recueillement sur la tombe du défunt dans son village natal Taourirt Mimoun à Ath Yanni, alors qu’à la Maison de la culture, qui porte son nom, les espaces seront occupés par des expositions de photos, de coupons de presse et de livres exposés avec le CNRPH, le HCA et l’ENAG, suivies de ventes-dédicaces.

La journée du samedi 27 février sera très riche et le petit théâtre sera sans doute ‘’envahi’’ par un public avide de savoir et de culture. La directrice de la Maison de la culture, Mlle Nabila Gouméziane, donnera le coup d’envoi de ces journées par une allocution d’ouverture. Puis, le public sera invité à assister à pas moins d’une dizaine de conférences-débats (5 dans la matinée et 5 autres l’après-midi), traitant de différents thèmes.

La conférence intitulée «Témoignages sur Mouloud Mammeri et ses travaux de recherches autour de l’Ahellil du Gourara» sera animée par Mouley Sedik Slimane, guide de Mouloud Mammeri ; «L’Ahellil du Gourara» par Rachid Bellil sociologue, chercheur et écrivain ; «Mouloud Mammeri et la valorisation d’actifs spécifiques dans les territoires algériens: l’Ahellil du Gourara» sera présentée par Mme Malika-Ath Zaid Chertouk, Professeur des universités, directrice du laboratoire REDYL ; «L’Ahellil du Gourara, présentation de quelques aspects socio-anthropologiques» est l’intitulé d’une conférence animée par Khirani Noureddine, chercheur au CRASC d’Oran ; «Mouloud Mammeri et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel amazigh» par Hamid Bilek, archéologue et ancien cadre au Haut Commissariat à l’Amazighité.

Cette première partie des conférences sera suivie de débats. Dans l’après-midi, le même nombre de conférences est prévu, sauf défection de dernière minute. Les travaux reprendront vers 14h avec «Ba Salem, chantre de l’Ahellil du Gourara, dans ‘’La Traversée’’ de Mouloud Mammeri», une conférence qui sera animée par une habituée de tels événements, Mme Boukhelou Fatima, chef du département de Français à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

Ensuite, s’ensuivra la communication ayant pour intitulé «Mouloud Mammeri ou la littérature contre l’oubli» qui sera présentée par Sebkhi Nadia, écrivaine et directrice de la revue l’ivrEscQ, «Mouloud Mammeri ou le verbe en action» qui sera animée par Sarah Slimani, enseignante de langue française à l’université M’hamed Bouguerra de Boumerdès, «Le désert comme espace de redécouvertes» par Belkhis Boualem, enseignant au département de langue française à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. M. Naamane Aziz, enseignant au département de langue française de l’université de Tizi-Ouzou, interviendra dans la dernière conférence intitulée «Cultures acquises / cultures transmises».

La deuxième étape sera accompagnée de débats fructueux et de remise de diplômes aux conférenciers. La salle de spectacles de la Maison de la culture Mouloud Mammeri abritera la cérémonie de remise de prix aux lauréats de la dictée en tamazight «Prix Mouloud Mammeri» dans sa 10ème édition, organisée en collaboration avec la direction de l’éducation de la wilaya de Tizi-Ouzou et l’association des enseignants de tamazight. À la bibliothèque de la Maison de la culture, les étudiants de l’école régionale des beaux arts d’Azazga réaliseront une fresque autour de l’Ahellil du Gourara.

Deux autres infrastructures sont également sollicitées pour renfermer cette commémoration. Il s’agit de l’annexe de la Maison de la culture d’Azazga qui abritera des expositions sur la vie et l’œuvre de Mouloud Mammeri, une exposition de livres, des conférences et une projection d’un film documentaire sur le défunt, encore vivant dans les cœurs et l’esprit. Dimanche 28 février, est prévue la projection du film documentaire intitulé «Dda L’Mouloud», suivie d’un débat en présence du réalisateur Ali Mouzaoui. Il est à rappeler que Mouloud Mammeri est né le 28 décembre 1917 à Taourirt Mimoune (Ath Yanni), et décédé suite à un accident (version officielle) le 26 février 1989 à … Aïn Defla, où un arbre attendait son passage pour s’abattre sur le toit de sa voiture, en plein nuit.

Arous Touil

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