J’abhorre, je hais le terme de « transgression » lorsqu’il s’agit de littérature. Selon moi, il accuse la liberté de clandestinité criminelle surprise en flagrant délit. Or, l’art est liberté, la littérature est jouissance et réjouissances des libertés des sens, des conceptions, des pensées, des idées et de l’imagination. Elle est conscience de l’être, conscience d’être, conscience de pouvoir mieux être et de vivre de tous les états de conscience loin de la culpabilité d’insolence et de l’idée de transgression.
Sabrina Challal l’avoue en d’autres termes à travers un art, un style qu’elle s’est choisi, qui la représente, la présente dois-je dire à travers sa philosophie mais encore plus, à travers sa conception de la vie. Les limites de son sanctuaire de vestale présidant aux cérémonies de l’amour, sont au-delà de tout espace descriptible.
L’Amour, le plaisir, les plaisirs, les plaisirs du désir et les désirs du plaisir, situent sa poésie en apparence instantanée, dans l’incommensurable sérénité du bien souverain. Les inévitables froissures n’altèrent en rien l’instant, n’y abandonnent aucune ride.
Par l’accompli ou l’inaccompli, dans le désiré ou le vécu, la poétesse se renouvelle, sphynx ignorant le feu et la cendre. La poétesse est ignifuge dans l’inextinguible incendie qu’elle alimente, dont elle se nourrit. Le brasier la contient, la retient or, ils font corps, une seule substance pétrit dans l’innocence des moments forts de sa vie.
Les ingédients de l’ivresse et de l’insomnie sont les encens parfumant le temple du plaisir de Sabrina Challal. L’authentique temple de la femme : son corps et ses désirs, ses désirs et ses plaisirs. Les poèmes de Sabrina Challal sont l’alcôve d’où se révèlent l’intimité et l’intime.
L’intimité élève l’intime vers une esthétique poétique voilant une véritable mystique de la sensualité pour lui donner l’apparence de la beauté quotidienne est sobre d’un corps avouant ses désirs, aspirant à les satisfaire sans souci de la pudeur tant les textes sont pudiques.
L’instant de Sabrina Challal, est un instant d’écriture, un instant de consignation d’une vérité éternelle vécue dans son éternité à chaque instant. Au-delà de la consignation scripturaire à travers les vers offert à lecture, la poétesse engrange dans son corps, sous d’autres alphabets, les écritures de l’amant.
L’écriture de la poétesse consiste en la transcription des lectures réelles ou fantasmiques de son corps offert à l’amour, pas aux hommes, offert à un amour, incarnant les hommes, offert à un homme incarnant l’amour.
Fateh Bourboune