Pierre HAZETTE : LA CULTURE DU SANG
Ce titre étrange est emprunté à un savant et romancier algérien contemporain, parfaitement bilingue français-arabe, féru d’histoire et de littérature d’avant et d’après le Prophète, professeur à l’Université d’Alger.
J’ai rencontré Amin Zaoui à la Bibliothèque Nationale d’Alger en 2006. Il en était le Directeur Général.
Je lui confiai que j’avais espéré qu’Abdelaziz Bouteflika, le Président de la République algérienne, s’exprime au nom des musulmans modérés et dise au monde que l’islam véhiculait un autre message que la violence sanglante de New York, Madrid et Londres.
-Je ne suis pas sûr, me dit-il, que le silence assourdissant de la communauté arabo-musulmane traduise autre chose que la peur. Ce mélange de silence et de peur est le terreau de la bestialité contemporaine.
Il entreprit alors de me citer les poètes de la période préislamique. Ils étaient, me dit-il, fous de la vie, de la liberté, de la joie. Et un jour, après l’appel du muezzin, la nuit tomba à midi. La narration et la poésie furent interdites. Le prophète cria : « Le vrai est venu et le faux est anéanti, car le faux n’est que néant. » On assassina donc les poètes. Les philosophes connurent le même sort.
-Savez-vous, ajouta-t-il que le Parlement égyptien vota, en 1978, la condamnation des « Mille et une nuits » ? Mais rassurez-vous : malgré notre inquisition aussi meurtrière que la vôtre le fut, l’intelligentsia arabe n’a pas cessé de combattre les tabous ni de tenter de libérer les imaginations.
Je vous parlerai de Taha Hussein. Il fut ministre de l’éducation nationale en Egypte et signa à ce titre le premier décret instaurant la scolarisation obligatoire et gratuite. Il militait pour une modernité arabe, ouverte sur le monde, dialoguant et échangeant avec l’Occident.
Ecrivain, il fut condamné et chassé de l’université du Caire. Il mourut en 1973. Certains de ses livres restent interdits dans le monde arabo-musulman. Il est emblématique de la liste infinie des victimes du totalitarisme qui sévit depuis le VIIème siècle.
Nous souffrons de l’ignorance dans laquelle l’Occident tient notre combat pour la liberté ; nous souffrons aussi d’être, parce qu’arabes et musulmans, assimilés aux tueurs sanguinaires.
Amin Zaoui me dédicaça alors un petit livre intitulé « La culture du sang »
-Vous y trouverez ce que je viens de vous dire et bien plus encore, ajouta-t-il.
Je m’étonnai : « pourquoi ce titre étrange ? »
-Une mère maghrébine qui gronde son enfant le menace par ces mots : « Si je t’attrape, je boirai ton sang. » Querelle de rue : le premier dit : « Je sirote ton sang chaud. » et le second répond : « Avance un pas de plus et tu verras qui va boire le sang chaud de l’autre ! »
La veille de la fête du mouton, les couteaux sont aiguisés, les stylets, préparés dans une atmosphère joyeuse à laquelle participent les enfants. Ceux-ci seront-là le lendemain à l’heure du sang, pour contempler l’abattage dont le père s’enorgueillit. A l’école, les rédactions décriront la joie du sang versé.
Observateur impitoyable de son peuple, Amin Zaoui écrit : « Egorger un renégat, un apostat, un athée, un démocrate, un laïc, un communiste, un libéral, une femme non voilée ou tout simplement quelqu’un de différent , est un acte d’immolation pour l’amour de Dieu et de son Prophète : une prière. » (P.77)
J’ai compris le sens du titre donné à son essai.
J’ai compris aussi que la culture du sang est liée à la société islamique intégriste qui confisque littéralement les droits de l’individu, la vision indépendante et personnaliste de la vie et du monde.
Voilà pourquoi des attentats horribles, sans pitié, ni considération à l’égard des victimes, font couler le sang à Paris, à San Bernardino, au Nigéria, au Mali, en Côte d’Ivoire, à Bruxelles, à Lahore.Mais pourquoi tant de haine à l’égard de l’Occident, des Juifs, des Chrétiens ?
Notre passé nous façonne bien plus que nous ne l’imaginons.
L’Iliade est déjà le récit d’un affrontement de l’Europe et de l’Asie. Les Perses ont tenté d’envahir la Grèce. Les Macédoniens ont entraîné les Grecs jusqu’aux frontières de l’Inde ; ils ont conquis l’Egypte. Les Romains ont marché sur leurs traces. Les Musulmans ont reconquis Constantinople. Bien avant, les Arabes avaient colonisé l’Afrique du Nord et l’Espagne et s’étendaient en Gaule. L’empire ottoman poussa jusqu’aux portes de Vienne. Le sang a coulé.
Puis le cours de l’histoire s’inversa : mon ami Karim Younès, homme politique et historien algérien, un homme ouvert à la discussion, illustre dans ses ouvrages la cruauté de la Reconquista espagnole qui au nom de Dieu perpétra des massacres, annonciateurs, dit-il, de la barbarie nazie.
Amin Maalouf raconte les croisades vues par un Libanais et explique que le mot croisé reste exécré.
La colonisation française en Algérie a laissé des traces de sang qui nourrissent un ressentiment profond. Les Palestiniens ont dû céder à Israël une terre qu’ils habitaient et disaient leur appartenir. Le privilège accordé par les Etats Unis à la dynastie wahhabite a permis l’expansion d’un islam salafiste, autant dire rétrograde et, à nos yeux, abject. C’est celui de l’Arabie saoudite.
Le sang coule encore. Voilà le combustible de la haine qui pousse au meurtre des jeunes hommes pour qui le passé est l’avenir.
En hommage à Amin Zaoui, je voudrais insister sur deux obligations : ne plus rien tolérer qui soit incompatible avec notre humanisme, mais chercher et aider ceux qui dans le monde arabo-musulman ou parmi nous ont le courage de dénoncer la culture du sang.
Pierre HAZETTE.
Sénateur honoraire,
Ancien ministre.
———————-
Réponse de Jamouli
Pour ce nouvel article de Mr. Pierre Hazette (LA CULTURE DU SANG), on retrouve une reconduction du même esprit réducteur de la complexité de l’âme orientale résumée à ceci : il y a quelque chose de sanguin, génétique, culturel qui fait que les arabo-musulmans sont ce qu’ils sont : des sanguinaires !!!
Il y a deux types d’analyses critiques à mon sens sur cette violence bestiale arabo-musulmane :
1- la critique authentique savante et sérieuse de tout une vie à la lueur de la chandelle qu’on peut trouver chez Mohammed Arkoun (Humanisme et Islam ) ou même Garoudy (L’Islam et l’intégrisme, testament) qui sépare l’esprit de la lettre dans le message coranique.
2- la critique intellectuelle laïque qui veut faire croire que la barbarie est dans la religion et plus précisément dans la religion musulmane (en extrapolant le religieux politique à la religion !) !
Non il faut séparer les religieux de leurs religions et les religions (ou croyances) de leur divinité ou raison, car ce raisonnement religieux sur l’Islam peut aussi être étendu aux autres religieux !
La réduction devant la complexité est connue ! … Je dirais que la barbarie sanguine n’est pas le monopole d’une ethnie, mais celle de TOUTE l’humanité ; elle est inscrite dans nos gênes à TOUS. Mr. Hazette. L’‘Histoire nous apprit qu’il n’y a pas de monopole de victimes ou de bourreaux sur le crime contre l’humanité. La victimisation du bourreau est connue : divinisation et diabolisation ! Rien ne sert a faire ici les énumération malsaines de barbaries des uns et des autres en ayant une double lecture et une double vertu. Parlons en alors des barbaries dues aux croisades, colonisations, du nazisme à Hiroshima qui n’est pas le fruit d’une barbarie « islamique », mais d’une civilisation au somme de son humanisme de Goethe a Vagner !
On nous demande même de nous excuser des barbaries dont on est les premières victimes par centaines de milliers à Bagdad ou Damas quand quelque dizaines de victimes à Paris ou Bruxelles. Notre sang est-il a ce point en promotion ! Et, on trouve des intellos qui versent dans cette auto-flagellation du complexe de Mohammed
Pour ces raisons, je classe Mr. Amin Zaoui dans la branche du discours discursif littéraire romantique et nullement de la rigueur scientifique anthropologique et Mr. Hazette dans celui du discours politique qui essaye de comprendre ce qu’il ne pourra jamais comprendre, mais uniquement intellectualiser par les apparences sociales comme je ne peux saisir la réalité de Poutine, car je n’ai pas l’âme russe de Gogol, de Sakharov ou de Dostoïevski qui ont vécu dans leur intellect, leurs âmes et leur chaire la tragédie existentielle russe !
Il a fallu à Claude Lévi-Strauss l’anthropologue toute une vie pour saisir enfin la « pensée sauvage » et passer de la linéarité de la civilisation à la mosaïque de la biodiversité qui refuse de réduire l’humain à un groupe, une clase, une religion, ou corporation maintenant ! Le destin de l’espèce humain est commun et on doit repenser la pensée pour ce nouveau millénaire et non pas la pensée du siècle passé qui a créé ce problème !
Jamouli
——————————
Réponse de Chaavane Ath Ahmedh
Je suis fort aise que certaines vérités historiques furent effleurées dans ce récit, seulement je relève avec amertume certains raccourcis. Oui!..
Des clichés d’épouvantes mal archivés, dans les caves d’Antiquaires et brocantier, seront régulièrement servis en rappels, tel un vaccin dont on voudrait voir le pouvoir éradicateur se décupler et être définitif, sans être époussetés, ni avoir pris le soin d’en restaurer l’éclat des couleurs ternies par les dépôts sédimentaires accumulés au fil des années qui s’égrènent depuis la première expo et leurs incessants va et viens entre les unes des manchettes et les ténèbres des entrepôts souterrains, dont le but est de perpétuer l’œuvre diffamatoire naguère en vogue chez les croisés.
Que n’a t on pas vu ou entendu de la part des pseudos défenseurs de la nature, des animaux et de la morale occidentale au sujet des pauvres moutons de l’Aid. Seulement qu’ils nous disent de quelle façon cette morale moderne s’accommode t elle des procédés d’abatage peu orthodoxes et peu regardants en usage dans les abattoirs en occident. On s’adjuge volontiers la fête du sacrifice à la gloire
D’Abraham et D’Isaac ( dite Sacrifice D’Isaac) et on dénie aux autres de célébrer le même rituel en l’honneur D’Ismaël, le deux poids deux mesures. N’est il pas plus juste que chacun célèbre ses croyances en toutes libertés et tous respects? Et puis, ce sacrifice par le sang qui agite tant de puritains de part le monde, est ce là la seule façon de répondre du sang innocent sur terre? Que nenni!…
Balancer des tonnes de bombes à fragmentations, à napalms et/ou nucléaires sur des villes et les communautés urbaines ennemies est à mon avis plus destructeur que les plus acérés des canifs et sabres ballants dans leurs étuis pour les besoins de la propagande ou de la parade.
La seule chose qui fasse unanimité entre vous et moi c’est le peu de jugeote et la couardise des uns incapables qu’ils sont de déjouer les pièges et les peaux de bananes et la finasserie ingénieuse chez les autres pour pouvoir en mettre à chaque nouvel assaut une couche et d’en persuader le monde tout autour de la justesse de la cause jusque chez les victimes elles mêmes.
Quand il ne sont pas tués sur place, on les pousse à l’exil. C’est que les terres fertiles et l’eau, surtout l’eau, va bientôt se faire rare dans ces contrées berceau de l’humanité. Entassés pêle-mêle, hommes, femmes et enfants dans des embarcations de fortunes, n’arrivent à bon port que les plus hardis, dits chanceux.
D’autres, les plus faibles, auront à affronter les hauts de vagues et leurs creux, d’écumes en écumes pour finir échoués livides, sur les beaux rivages, les objectifs et clichés photos d’un occident qui n’en demande pas plus pour sauver les apparences. C’est que l’opérette n’aurait jamais atteint son épilogue sans l’entrée en scène des pleureuses professionnelles pour mouiller de salive quelques mouchoirs- excusez ma hardiesse quelques papiers sopalin de bien moindre qualité qu’une étoffe de dernier choix- au nom de la sacrosainte solidarité humaine, dont ils ont le secret et les attributs quasi divins.
Pour ceux qui auront affronté les barbelés, les intempéries, la faim, la soif, les brimades, les bastonnades et les croches pieds des journalistes et cameraman ils seront entassés, étape après étape, de périples en périls, dans des abris à bétail pour le classique examen à la loupe de la dentition, du panicule adipeux et du muscle, pour en choisir les plus vigoureux aptes à affronter les basses besognes, qu’aucun autochtone même au bord de la famine, n’osera affronter.
Ainsi va la condition du vaincu « Si ce n’est pas toi c’est donc ton frère on me l’a dit il faut que je me venge » disait la fontaine dans le loup et l’agneau « La raison du plus fort », disait il, « c’est toujours la meilleur ». Croyez vous que nous ne soyons déjà ou guère à l’ère de l’Antéchrist (El Dedjal)? Je me le demande ? Pareilles sauvageries institutionnalisées et pareils pouvoirs et puissances de l’argent n’ont leurs équivalents que dans les récits que nous faisaient les différents testaments divins du règne de celui qui est peut être déjà parmi nous.
Chaavane Ath Ahmedh
————————————–
Dans le merdier où des êtres humains sont exterminés de multiples manières tous les jours. Où la guerre et la mort s’en donnent à cœur joie contre femmes et enfants de pays en ruine, il parait qu’il y a certaines règles à respecter.
J’ai compris qu’on peut tuer des innocents dans ces pays à longueur d’année sans avoir à s’inquiéter , pour peu qu’on les tue selon des règles préétablies par des organisations internationales, communément admises…
Oui, on peut tuer tous les jours et tous les enfants qu’on veut de n’importe quelle manière si on respecte les règles de la guerre…
Qu’est ce que c’est que cette connerie ?
A Alep en Syrie voisine, des connards ont utilisé des armes chimiques parai-t-il et tout le monde d’une seule voix condamne soudain…
Vous avez compris. Vous pouvez tuer qui vous voulez, quand vous voulez, où vous voulez ( sauf là où ce n’est pas permis) en utilisant toutes les armes que vous possédez. Mais n’utilisez pas les armes dites prohibées….
Les armes prohibées vous savez ce que c’est ?
Les armes dites prohibées sont celles que vous n’achetez pas chez vos fournisseurs habituels.
L’ONU veille au grain. Elle va sur les champs de bataille, retourne les corps d’enfants dans tous les sens, les piétine un peu pour s’assurer qu’ils ne bougent plus et qu’ils sont bien morts et les renifle pour s’assurer qu’ils ont bien été tués par des armes non prohibées….
Il y a de quoi leur dire un tas de mots prohibés.
Bon, on s’est habitué à tout ça, passons à moins triste.