Jamouli Ouzidane
Le mouvement Baraket est né précoce en entrainant avec lui une euphorie médiatique d’espoir révolutionnaire chez surtout les jeunes des réseaux sociaux désabusés de rien et de tout. Il a été idéalisé et même divinisé par des supporters avec toutes ces vidéos révolutionnaires et ces Photoshop.
Après cette vague ou Tsunami qui monte, on assiste maintenant à un essoufflement et à une autre vague qui descend aussi rapidement ; il est maintenant maudit ; il serait devenu pour certains les agents de manipulation de masse. On assiste alors à une chute aussi rapide que sa montée.
Comment un feuilleton télévisuel, il faut beaucoup de génie pour garder un intérêt soutenu de la population devant d’autres événements nationaux florissants. Divertir semble être le scénario fait pour nous tous par un système dont on a méprisé les capacités de l’art de la guerre.
Et si ce mouvement était justement là uniquement pour nous divertir des vrais enjeux et des vrais résistants et qu’il faut passer tout le temps à autre chose pour divertir encore et toujours cette masse appelée le peuple des vrais enjeux de pouvoir ? Pour neutraliser ses adversaires, le pouvoir avait déjà utilisé le RCD contre le FFS, le HAMAS contre le FILS, le RND contre le FLN. Maintenant à l’ère du chaos, il faut juste des mouvements à profusion pour noyer tout dans tout !
Le problème n’est pas de naitre des réseaux sociaux, mais de demeurer pour survivre et assurer la pérennité surtout après les élections quand le leitmotiv Baraket anti-Boutef ne sera plus de jour ! Quand le système va de toute façon se renouveler avec un autre visage !
Il est temps de la sérénité pour ce mouvement et de revenir à des questionnements légitimes des citoyens algériens pour plus de transparence et ensuite affirmer ou infirmer sa crédibilité en tant que mouvement non seulement ancré dans la société et les événements médiatiques du Web2 mais surtout porteur de projet d’avenir. Sans projet, rien n’a de sens !
1- Comment expliquer cette euphorie ? Est-ce juste un opportunisme qui vient uniquement du mécontentement et de la frustration populaire devant un état de frustration ; un pouvoir fermé, une vie difficile, une corruption maline, une opposition inexistante et un vide politique autour ?
2- On pense à Baraket comme un mouvement instantané ? Comment alors, ont-ils put avoir toute l’audience médiatique nationale et internationale plutôt sympathique surtout en France . Comment est réellement né ce mouvement ?
3- On pense à ce mouvement autoproclamé comme une secte fermée à des amis et difficile d’intégration. Est-il devenu une sorte de caste ou une tribu de révolutionnaires légitime d’une autre révolution de 2014 comme celle de 1954 un peu comme ces nouveaux joueurs du mondial de football qui veulent égaliser les Beloumi- Madjer de 1982 ? L’Algérie profonde dans sa vaste diversité inimaginable, ses cultures, ses wilayas, ses professions, ses compétences, … est inexistante dans ce mouvement !
4- Des médias leur reproche d’être infiltrés par une faune sous-marine ; des gens du MAK, de la mouvance islamique et autres mouvements utilisés des printemps arabes. Ou est la part de vérité …
5- On assiste à beaucoup de dissidences ou de la dissension. Des gens divers qui parlent au nom de Baraket, des sites web qui se font et que l’ont dit non officiellement ; un vrai éclatement de présentation qui affecte la cohésion et surtout la crédibilité de ce mouvement avec une cellule de communication inefficiente (des porte-parole qui se multiplient)!
6- On se demande déjà pourquoi ces jeunes n’ont pas intégré les autres mouvances comme celle de Jil Al Jadid qui est dans la pensée juvénile de réforme pacifique et la supporter. Pourquoi se perdre toujours dans un autre mouvement, une autre élite, une autre expérience ? Est-ce pour faire un chaos de représentations avec des centaines de mouvements d’indignation qui naissent un peu partout en Algérie ?
4- On reproche à cette organisation d’être trop jeune et inexpérimentée pour mener à bien une révolte ou une révolution sans penseurs, sans armées et sans armes pour mener à bien la renaissance, les lumières et la modernité à ce pays au-delà de la malédiction du diable du pourvoir, du système et du diable ou diabolisé en personne ; Bouteflika . Une sublimation psychopathique !
8- Un seul et unique cheval de bataille ; la lutte contre le 4e mandat ! Seulement, tous les avertis stratèges savent trop bien que c’est une déviation du vrai problème ; celui de la représentativité présidentielle ! Ils ne disent pas s’ils vont accepter M. Ali Benflis à qui semble bien profiter ce remue-ménage. On dirait qu’ils font la campagne pour lui, sans intentions, en attaquant son premier rival. Ils ne disent pas leurs intentions futures ; vont-ils continuer leurs manifestations après les résultats présidentiels ?
9- Ils sont juste dans la diabolisation d’un système pervers ; ce que tout le monde peut faire, mais par réaction uniquement à l’injustice. Ceci ne suffit plus si on n’a pas soi-même aucune solution et pire si on est pas aussi et surtout responsable soi-même depuis ces 50 ans de ne pas avoir fait notre devoir citoyen chacun dans sa localité ! Le vrai problème est le vide de la société civile ; il n’y a aucun projet de société valide : Aucun Churchill, aucun Marx, aucun Saladin et encore moins aucun Bill Gates dans notre société pour conquérir l’univers !
11- Le mouvement souffre d’un manque flagrant d’une pensée intellectuelle qui donne sens à ce pays ; son passé, son présent et son futur. On a vu dans la Révolution française avec les encyclopédistes, la révolution russe avec les marxistes… Il ne suffit pas de DÉSIRER la liberté, la justice, et la prospérité à l’image d’un Occident triomphant, c’est tout un cahier de charge à réflexion, organisation, structuration… La révolution n’est pas une révolte ! C’est une complexité sidérale ! La révolte de l’indignation devient vite une indignation sans pensée révolutionnaire !
12- Finalement, leurs contradicteurs leur reprochent surtout de jeter les citoyens dans la rue avec tous ces dangers de glissement vers le CHAOS ; un dérapage qu’ils n’ont ensuite aucun moyen de contrôler, car ils n’ont absolument aucune ressource humaine et financière pour le contrôle des masses en mouvements browniens.
Les Algériens ont déjà goutté à l’horreur de la rue ; 200.000 morts. On ne peut être amnésique. On ne peut aussi être aveugle. On a devant nos yeux des printemps arabes, que l’ont sait maintenant manipulés, déviés et finalement échoués dans le tragique comme en Libye et Syrie notamment. Nous ne voulons pas revoir cela.
Ce mouvement ne réalise pas sa responsabilité sur les dangers de dérapage de la rue. La sagesse voudrait qu’après cette euphorie, une réflexion saine, sage et profonde devrait maintenant être entamée chez ses membres pour revoir avec lucidité, sérénité, et courage les états, les diagnostics, la stratégie et la méthode de poursuivre un combat, mais avec tout l’art de la guerre pacifique ?
Baraket utiliserait donc juste le malheur des gens pour les faire sortir dans la rue sans apporter de solutions ; C’est l’image qu’ont ses contradicteurs de lui à tort ou à raison !
On doit être critique et alerte sans être dans le délire du complot. Les citoyens ont le droit de questionner tout mouvement de rues sur son origine, sa composition, son financement. Il doit être transparent s’il veut la démocratie dont le fondement premier est la transparence et la communication pour éviter toute confusion et suspicion de récupération et arrêter de dire aux gens qu’ils sont des traîtres quand ils posent des questions. Ils se discréditent ainsi !
Ces questions restent ouvertes à Baraket qui peut utiliser ces questionnements qui d’ailleurs lui ont été transmis. À lui d’assumer son défaut de communication devant ses contradicteurs ! C’est dans un professionnalisme de la communication que ce mouvement doit démontrer ses compétences et son professionnalisme car tout se joue maintenant dans les médias avant tout.
Notre rôle est juste de poser des questionnements et reste aux acteurs politique d’y répondre aux citoyens qu’ils disent représenter. Ce sera ensuite aux citoyens de décider ce qu’ils veulent.
Jamouli Ouzidane