Quelque 30.000 citoyens et résidents algériens ont demandé à la France leur «carte du combattant» qui ouvre droit à la «retraite du combattant», rapporte Jean-Dominique Merchet, journaliste à l’hebdomadaire français Marianne, dans son blog Secret Défense.
Ces hommes ont servi dans l’armée française et pris part à des opérations de guerre en Algérie. Leur requête apparaît donc légitime. Et le temps presse.
«Les milliers d’Algériens qui demandent aujourd’hui leur retraite ont été du côté français, c’est-à-dire contre le FLN… Les plus jeunes ont 68 ans», note Marianne.
Et d’ajouter :
«Pendant longtemps, cette question était taboue en Algérie. Il y avait d’un côté les Moudjahidines, couverts d’honneurs et d’avantages sociaux, et de l’autre les harkis, c’est-à-dire les traîtres aux yeux du pouvoir algérien. Et l’on découvre (…) que le réalité était beaucoup plus compliquée que cela, que des milliers d’anciens soldats de l’armée française qui ont combattu le FLN en Algérie y vivaient toujours… Ils réclament aujourd’hui leur droit à la France, dont l’administration est un peu dépassée par l’ampleur de l’affaire.»
Entre 2007 et 2010, 16.564 cartes d’ancien combattant ont été attribuées par la France à des Algériens, puis 6.821 en 2011 et sans doute autant cette année. Soit environ 30.000. Le vétéran peut demander à toucher sa retraite d’ancien combattant que lorsqu’il a en sa possession ce document, ajoute la même source.
En outre les conditions d’attributions de la carte se sont assouplies ces dernières années, si l’on s’en réfère au site officiel de l’administration française. En 2004, les anciens appelés ayant effectué un séjour d’au moins quatre mois en Afrique du Nord ont eu droit à la carte d’ancien combattant.
En 2010, l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, avait annoncé l’alignement des pensions de tous les anciens combattants résidant à l’étranger, quelle que soit leur nationalité.
«Il est des dettes qui ne s’éteignent jamais, jamais. C’est le cas de celle que la France a contractée envers vos pays, où commença à briller voici soixante-dix ans la flamme de la France libre et dont les fils ont versé leur sang pour libérer la France. Il était temps de reconnaître avec toute la solennité qui convient», avait -il indiqué, rapporte l’hebdomadaire français Le Point.
La pension a d’ailleurs augmenté:
«Elle est aujourd’hui de 665 euros par an, soit 68.000 dinars algériens. C’est-à dire l’équivalent de trois mois et demi de salaire minimum local! En France, cela correspondrait à plus de 5.000 euros», indique Marianne.
Il y a environ 10.000 dossiers traités ou en cours de traitement. Tous les titulaires de cette carte pourront bénéficier, de manière rétroactive depuis la date de délivrance de la carte.
«Au final, combien de personnes seront-elles concernées? Difficile de le savoir, mais certains avancent des chiffres supérieurs à 100.000. En tout cas, plusieurs dizaines de milliers. A Alger, les bureaux de l’ONAC français (Office national des anciens combattants) sont débordés et Bercy sort sa calculette… 30.000 retraites du combattants, c’est 20 millions d’euros par an », s’interroge Marianne.
Un thème qui sera peut-être évoqué lors de la visite de François Hollande en Algérie, les 19 et 20 décembre, c’est un dossier bien embarrasant que les autorités algériennes éviteront d’aborder avec les Français.