LETTRE A NADIA BIROUK, UNIVERSITAIRE ET POETESSE.

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Ma réponse à Nadia Birouk qui dit: »J’aime mourir et renaître dans les mots. »
Nadia, ce coup- ci j’ai réfléchi avant d’intervenir spontanément comme à mon habitude. Depuis hier, pas au commentaire mais est-ce que j’en écrirai un? Pourquoi? Derrière la poétesse ou devant, il y a la spécialiste.

Décision prise, j’y vais bon train avec entrain. Que la spécialiste passe d’un territoire à l’autre, de celui des morts, à celui de vivants! [Le subjonctif dans ce cas est modalisateur à plus d’un titre] cependant, dans le no man’s land qu’elle traversera pour changer de lieu, elle devra rédiger  » Le manifeste de la résurrection. » Tuer le mot pour y mourir est une « insurrection » compréhensible, y renaître est une généreuse mais vénéneuse absolution que l’on accorde au dictionnaire puisque on reconnait son insuffisance à se mettre au diapason de l’authenticité de l »humanité.

Je comprends qu’il est des mots que l’on se refuserait à prononcer, dont on s’interdirait l’usage si le pacte sémantique n’était pas, semble-t-il définitivement signé malgré le faisceau de sens qu’il déploie. Ce faisceau est un réseau dédaléen où tout se perd, s’égare volontairement. Il est là pour régaler les esprits las, campés dans les espaces de la convention et du commun. A chacun son étage et sa rage de dominer cette dernière.

Renaître dans le mot est une révolution difficile. Cette renaissance est la quintessence du paradis ou de l’enfer découvert dans cette mort et de sa durée. Le Dieu sémantique en a des frissons car la résurrection le met au ban, l’assied sur le banc des accusés trop peu rusés pour se défendre d’avoir menti. Galvaudés, évidés, vidés de leur substance réelle, magique ou tragique, certains mots épouvantails ont réuni un attirail, un arsenal pour parer à toutes situations des plus attendues et entendues, aux plus inattendues.

Cette renaissance n’engendre pas des fantômes, elle génère [ dans le sens de génération ] des humains nouveaux s’échappant du non-sens conventionnel et conventionné vers le sens d’un devenir à convenir sans le poids des conditionnements réduisant l’authentique rêve à une forme de trêve où la société et la société humaine seraient régies par un code commun. Du clonage hors d’âge de raison, une mise en prison définitive des libertés. [Le dernier point nécessite une étude particulière.]

Le destin des mots morts préside à la destinée des vivants. Sans dynamique du devenir, les mots morts tuent définitivement le vivant qui prisonnier de sa mort considérera son état comme un état de vie. Voilà pour le mort-vivant ou le vivant mort qui ne meurt ni ne renaît puisque piégé dans des limbes sans issues et sans secours. Trop long, Nadia, trop long mais je sais que tu as compris et que je suis clair dans mes énoncés. Meurs !

Nadia, c’est ton droit le plus absolu, ton devoir d’indignation, ta témérité de vivant. Renaît, c’est ton droit le plus absolu, a ta dignité retrouvée dans et à travers des mots libérés de leur gangue qu’un gang de malappris rarement surpris à défaut, agglutine autour de vérités premières et dernières sans le souci d’enclore l’existence dans les insuffisances qui l’étouffent pour nous tuer. Tu es aujourd’hui en devoir d’écrire un  » Manifeste de la résurrection » et moi en devoir de rédiger une autre réponse plus technique et plus exhaustive: plus grammaticale et sémantique. Au plaisir de lire de tels shrapnels dans l’univers de la paix des mots qui tuent la vie sans explosion.

Fateh Bourboune

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