La majorité des mémoires soumis à la commission parlementaire chargée d’analyser la politique 2012-2015 sur les seuils d’immigration portent un regard critique sur cette approche.
«C’est perçu négativement, comme peut-être discriminatoire» envers les Maghrébins, a convenu la ministre Weil, en point de presse.
«Je ne suis pas à l’aise avec le fait que les gens ne sont pas à l’aise avec cette orientation-là», a-t-elle ajouté.
L’idée même de revoir l’équilibre entre les régions du monde n’était donc «pas le bon message à envoyer», selon la ministre, qui s’est dite soucieuse d’obtenir l’adhésion de la population.
En avril, pour justifier son approche, Mme Weil avait dit souhaiter favoriser une plus grande «diversité» quant aux lieux de provenance des immigrants.
En matinée, d’entrée de jeu, le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) avait émis des réserves sur la volonté gouvernementale de limiter à 30 % la proportion d’immigrants en provenance de chacun des bassins géographiques de la planète.
Selon son président, Conrad Ouellon, cette disposition pouvait effectivement paraître discriminatoire. Et il y avait lieu de se questionner sur les motifs gouvernementaux à la source de ce choix.
Pour une plus grande francisation
De façon plus générale, il s’était présenté à la commission parlementaire pour estimer que le Québec ne prenait pas tous les moyens requis pour intégrer ses immigrants.
L’organisme-conseil demande donc au gouvernement de faire plus et mieux pour franciser les immigrants et faciliter leur accès au marché du travail, la clé pour assurer leur intégration.
«Je ne pense pas qu’on a utilisé tous les moyens qu’il faut pour parvenir à une meilleure intégration», a commenté en point de presse, hier, le président de l’organisme, Conrad Ouellon, premier intervenant à témoigner devant la commission parlementaire chargée d’évaluer les seuils d’immigration planifiés pour la période 2012-2015.
Selon lui, compte tenu de l’importance de l’enjeu, toute la société devrait participer à l’intégration des immigrants.
Une quarantaine d’autres intervenants vont suivre d’ici la fin des travaux, le 7 septembre.
En avril, Québec avait annoncé son intention de fixer à 50 000 le nombre d’immigrants à accueillir annuellement, en moyenne, au cours des trois prochaines années, en légère baisse par rapport aux dernières années.
M. Ouellon dit aussi qu’il faut augmenter l’offre de cours de français en milieu de travail, particulièrement dans les petites et moyennes entreprises (PME), vers lesquelles convergent une portion importante d’immigrants souvent moins qualifiés et avec une faible connaissance du français.
Comprendre la société québécoise
En sus des compétences linguistiques à acquérir, il estime que le gouvernement devrait porter une attention particulière au besoin des immigrants de mieux comprendre le fonctionnement de la société québécoise.
«Ce n’est pas que du français. C’est aussi une connaissance sociale et une capacité d’intégration», a-t-il fait valoir. À ses yeux, francisation et intégration sont donc «indissociables». «Tu ne te francises pas si tu ne réussis pas à t’intégrer, et inversement», selon lui.
Dans un souci de cohérence, il est revenu à la charge pour réclamer un guichet unique de services aux immigrants, alors qu’actuellement, la responsabilité est partagée principalement entre le ministère de l’Immigration et celui de l’Éducation, et les nouveaux arrivants peuvent facilement se perdre dans les dédales administratifs.
La capacité du Québec d’intégrer ses immigrants en français reste à démontrer. En mai dernier, le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait semoncé le ministère de l’Immigration, parce qu’il n’avait mis au point aucun indicateur attestant la capacité réelle du Québec d’accueillir et d’intégrer au travail les immigrants.