Quelques questions à Siddiq, directeur de la branche panarabe du MDI

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R.G : C’est un plaisir de te rencontrer Siddiq, et merci de nous avoir accordé un peu de ton temps pour répondre à quelques unes de nos interrogations. Peu de nos lecteurs te connaissent vraiment. Tu as été beaucoup vu aux côtés de Kémi Séba. Mais que dirais tu de nous présenter ton parcours et tes origines, celui du MDI (Mouvement des Damnés de l’Impérialisme) et ce que le mouvement devient actuellement.

C’est un plaisir partagé et merci à toi. Je n’aime pas le mot « origine » car il est utilisé par des personnes qui ne se considèrent plus comme citoyens de leur pays d’origine. Je suis un Syrien vivant en France. Depuis très jeune j’avais comme projet de m’engager dans la lutte palestinienne, et c’est en m’apercevant que les judéo-sionistes servaient leur Etat colonial partout où ils sont installés que j’ai compris que le combat doit commencer là où je suis, la où le lobby sioniste est puissant. Et c’est dans ce contexte là que j’ai connu Kemi Seba : un amoureux de son peuple, de sa patrie, un combattant juste et dévoué. C’est le traitement judiciaire et médiatique injuste de cet homme qui m’a convaincu de la véracité de son engagement. Le nouveau mouvement (MDI), dont il avait pris la tête à sa création, repose sur des principes simples :

Nous revendiquons notre entière appartenance à notre terre d’origine et notre devoir est de la servir ; respecter la culture des autres peuples ; et s’unir face à un ennemi commun.

Le mandat du 1er président du MDI, en l’occurrence Kémi Séba, qui courrait de 2008 à 2010 avait pour ambition de démocratiser la lutte anti-impérialiste qui était soit confinée à des cercles microscopiques très restreints sans aucune incidence, sans aucune visibilité publiques ; ou alors confisquée par le paternalisme des mouvements gauchistes qui n’ont eu de cesse d’instrumentaliser, de duper, de manipuler les masses populaires issues de l’immigration. Le MDI a réussi à donner de la virilité, de la respectabilité, de la visibilité à cette lutte noble. Émancipées, ces masses populaires sont passées de l’âge mineur à l’âge adulte.

Un certain ménage a été fait aussi bien au sein des masses pro-palestiniennes que face à nos adversaires comme la LDJ (Ligue de Défense Juive) ou encore le Bétar, qui aujourd’hui ont totalement disparu de la scène publique. Alors que depuis des décennies ces organisations racistes avaient pignon sur rue, tabassaient impunément les manifestants pro-palestiniens au vu et au su de tous. Les organisations gauchistes comme la NPA (ex-LCR) ou encore les antifas qui avaient fait main basse sur la cause palestinienne, en France, avec leur habituel paternalisme ont totalement disparu du curseur de la cause anti-impérialiste. Nous avons mis au grand jour leur charlatanisme.

Dans le même temps nous avons réussi a créé des ponts entre des anti-impérialistes de tout horizon (monde arabe, panafricains, européens), ce qui hier n’était même pas envisageable.

Nous avons porté sur la place publique cette question anti-impérialiste, antisioniste. Au point même qu’on a vu se créer le parti antisioniste ou encore le nouveau parti anti-impérialiste (sic). Nous avons payé le prix fort pour avoir mené ce combat (diabolisation médiatique, incarcération, procès iniques, pression étatique, etc.).

Aujourd’hui nous sommes à une autre étape de notre combat, car nous avons créé des émules qui reproduisent à leurs échelles ce que nous avons déjà entamé. Nous nous restructurons pour que chaque branche prenne plus d’autonomie afin d’avoir une incidence plus importante, à une échelle plus grande. Nous nous préparons à dépasser le cadre franco-français. Et c’est le nouveau président Héry Djéhuty Séchat, avec mon propre apport, qui est chargé de cette lourde mutation.

D’ailleurs très prochainement vous verrez la nouvelle plateforme Internet du MDI. Et nous envoyons nos émissaires un peu partout pour porter notre parole toujours plus haut, toujours plus loin.

R.G. : Bon, tu as de la famille en Syrie. Peux-tu nous faire le point sur ce qui se passe là bas. Il y a des rumeurs qui parlent de massacres etc., un peu comme Kadhafi.

La situation est très claire. La Syrie est l’un des seuls pays arabes qui soutient la Résistance. Elle est donc la cible depuis des décennies de complots émanant de l’extérieur afin de la voir détruite. Les demandes du peuple sont légitimes mais elles n’ont jamais eu pour but de faire chuter le gouvernement. Des groupes armés et financés de l’extérieur ont voulu profiter de ces manifestations pacifiques pour semer le chaos. Oui il y a eu des accrochages entre ces groupes et les forces de l’ordre, entre ces groupes et la population qui a vite compris le complot qui se dessinait contre la Syrie. Et il très important de noter que les morts parmi les manifestants ont été élevés au rang de martyrs par le gouvernement. Il est clair qu’il n’est absolument pas dans l’intérêt du régime de voir le sang coulé parmi les Syriens. Énormément de témoignages diffusés à la télévision et même de proches ont fait état de groupe de jeunes armés venant des quartiers extérieurs de la ville même, provocants la population et la police. Le président Al Assad a répondu aux demandes du peuple qui aspire à plus de droits. Donc ceux qui veulent la chute de Bachar El Assad sont les ennemis de la Resistance donc du peuple syrien dont plusieurs millions se sont rassemblés pour exprimer leur soutient au président. Je suis pour des reformes qui amélioreront le pays mais absolument contre la chute du gouvernement qui entrainerait celle du pays et de la Resistance.

R.G. : Justement, tant que nous y sommes, parlons de Kadhafi et de ce qui se passe en Libye. Qu’en penses-tu? Y a t il eu ou non manipulation selon toi? Qu’est ce qui permettrait selon toi de dire ça?

L’avenir de la Libye appartient aux libyens. Les révolutionnaires ont malheureusement eu besoin d’aide que leurs frères arabes n’ont pas fourni, ceux qui ont permis aux Occidentaux de venir profiter de cette révolution pour s’accaparer du pétrole que le colonel Kadhafi a cessé de leur fournir. Je ne pense pas, que le peuple qui se révolte soit manipulé mais je crains qu’il vienne de se faire voler sa révolution par les colons du 21ieme siècle.

R.G. : Comment crois tu que la situation va évoluer dans les pays concernés par ces « révolutions »?

On parle de révolution quand elle est populaire et d’abord pacifique comme celle de la Tunisie, de l’Egypte, de la Libye, du Yémen, du Bahreïn ou encore de la Jordanie. La situation ne peut qu’évoluer dans le bon sens, le sens de la victoire de la justice car ces gouvernements sont les esclaves de l’impérialisme. Je crois toujours que la justice triomphe car ceux qui combattent pour elle, combattent avec l’aide de Dieu. La même conviction de voir bientôt l’Etat colon appelé Israël détruit.

R.G. : Est ce que tu penses que la situation évoluera un jour dans le bon sens dans l’Arabie occupée par les Séoud?

Je crois en la victoire de la justice et tôt ou tard, tous les corrompus, qu’ils soient juifs ou arabes, devront rendre des comptes aux opprimés, avant de rendre des comptes au Suprême. Donc oui cette situation évoluera.

De plus nous savons à quoi est arrimé le pouvoir des Séoud ; inféodé à ceux qui les ont placés à la tête de l’Arabie. Or les impérialistes anglo-américains, qui ont créé de toutes pièces le pouvoir des Séoud, sont à l’article de la mort. Les USA doivent rembourser une colossale dette de plus de 14 000 milliards de dollars, quasiment tous les pays européens doivent faire face à des dettes publiques de plus 2000 milliards de dollars chacun. Ils sont à deux doigts de la faillite, de la banqueroute. Quand ces pays impérialistes tomberont, je pronostiquerais une chute mécanique de toutes les têtes couronnées du Golfe, l’Arabie Saoudite y compris.

Merci beaucoup d’avoir répondu à ces quelques questions.

Rachid Guedjal

Algerienetwork